Echouage
Publication sur six pages dans le numéro dédié aux dauphins de la Revue Salamandre en août 2023.
Les échouages de mammifères marins recensés sur les côtes françaises, principalement sur la façade Atlantique, ont été multipliés par trois depuis 2015, passant de 500 à plus de 1500 échouages en 2021. En 2020, ce nombre a connu un pic avec près de 2000 cétacés échoués. Pour le dauphin commun, les captures accidentelles en chalut et en filet (bycatch) sont considérées comme la principale cause de cette mortalité. Ces captures ont principalement lieu en hiver, lorsque les interactions sont maximales entre les dauphins, qui chassent les mêmes proies que certains poissons comme les bars ou les merlus, et les pêcheurs, qui pêchent ces poissons.
Les correspondants du Réseau National des Echouages, coordonné par l'observatoire et institut de recherche du CNRS Pelagis, se rendent tout au long de l'année auprès des animaux signalés par des promeneurs. Ils identifient l'espèce, documentent d'éventuelles traces de capture (hématomes, perforations, amputations...) et prélèvent parfois des organes, dont l'analyse permet de suivre l'état de santé des populations. Pour Pelagis, le taux de mortalité actuel des dauphins communs du golfe de Gascogne met en péril la population à l'échelle de quelques décennies. "Les dauphins viennent dans le golfe et ils y meurent", assure Hélène Peltier, chercheuse.
Parallèlement, chaque nuit d'hiver depuis 7 ans, des activistes de l'association Sea Shepherd France sortent en mer pour observer la remontée des filets et des chaluts de marins pêcheurs, pour vérifier la présence de répulsifs acoustiques comme les pingers (obligatoires sur les chaluts) et alerter sur l'éventuelle présence de dauphins asphyxiés dans ces engins de pêche. Pelagis estime à plusieurs milliers le nombre de dauphins communs morts pendant cet hiver 2023 sur la côte Atlantique française (les échouages ne représentant qu'une portion des morts). Le 20 mars 2023, face à ces chiffres et aux projections de Pelagis, le Conseil d'Etat a ordonné la fermeture spatiotemporelle de zones de pêche réclamée depuis des années par Sea Shepherd France et la LPO pour sauvegarder les dauphins du golfe de Gascogne.
La fermeture a été actée pour la première fois du 22 janvier au 20 février 2024 pour 450 chalutiers pélagiques et fileyeurs de plus de 8 mètres dans le golfe de Gascogne. Nonna Bernard, patron pêcheur depuis 1997 sur l'Albi, un chalutier pélagique amarré dans le port de pêche de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, en Vendée, est concerné. Il assure n'avoir jamais capturé de dauphin et exprime sa frustration face aux équipements obligatoires qu'il a dû acheter (pingers, VMS) et qui n'ont pas empêché l'interdiction, disproportionnée selon lui. Les premières observations de Pelagis pendant cette période indiquent moins d'échouages ou de carcasses de dauphins à la dérive, et surtout moins de traces de captures sur les animaux échoués. Le 22 octobre 2024, le ministre de la Mer et de la Pêche a annoncé une diminution de 76% de la mortalité par captures pendant cette fermeture.
Les liens individuels de chaque série détaillée, avec plus d'images, sont disponibles ci-dessous.
Stranding
Six-page publication in the dolphin issue of Revue Salamandre in August 2023.
Marine mammal strandings recorded on French coasts, mainly on the Atlantic seaboard, have tripled since 2015, rising from 500 to over 1,500 strandings in 2021. In 2020, this number peaked at nearly 2,000 stranded cetaceans. For the common dolphin, accidental trawl and net catches (bycatch) are considered the main cause of this mortality. These catches mainly occur in winter, when interactions are at their highest between dolphins, which hunt the same prey as certain fish such as sea bass or hake, and fishermen, who catch these fish.
Correspondents from the Réseau National des Echouages, coordinated by the CNRS Pelagis observatory and research institute, visit animals reported by walkers throughout the year. They identify the species, document any traces of capture (haematomas, perforations, amputations, etc.) and sometimes remove organs, which are analyzed to monitor the health of populations. For Pelagis, the current mortality rate of common dolphins in the Bay of Biscay puts the population at risk within a few decades. "Dolphins come to the Bay and they die there," assures researcher Hélène Peltier.
At the same time, every winter night for the past 7 years, activists from Sea Shepherd France have been going out to sea to observe the upwelling of fishing nets and trawls, to check for the presence of acoustic repellents such as pingers (mandatory on trawls) and to warn of the possible presence of asphyxiated dolphins in these fishing gears. Pelagis estimates that several thousand common dolphins died during the winter of 2023 on the French Atlantic coast (strandings only accounting for a fraction of the deaths). On March 20, 2023, in light of these figures and Pelagis' projections, the French Conseil d'Etat ordered the spatiotemporal closure of fishing zones, which Sea Shepherd France and the LPO had been calling for for years to protect dolphins in the Bay of Biscay.
450 pelagic trawlers and gillnetters over 8 meters long are prohibited from fishing in the Bay of Biscay for the first time from January 22 to February 20, 2024. Nonna Bernard, a fisherman since 1997 on the Albi, a pelagic trawler moored in the fishing port of Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Vendée, is affected. He asserts that he has never caught a dolphin, and expresses his frustration at the compulsory equipment he had to buy (pingers, VMS), which has not prevented the ban, disproportionate in his view. Initial observations by Pelagis during this period indicate fewer strandings or carcasses of drifting dolphins, and above all fewer traces of capture on stranded animals. On 22 October 2024, the French Minister for the Sea and Fisheries announced a 76% reduction in dolphin mortality due to bycatch during this closure.
Individual links to each detailed series, with more images, are available below.