Ray Bassil : une médaille olympique pour le Liban en ligne de mire
L'athlète libanaise Ray Bassil portera son fusil aux Jeux olympiques de Paris
La seule athlète libanaise qualifiée pour les Jeux olympiques de Paris est une femme armée. Nous l'avons rencontrée chez elle alors qu'elle se prépare pour les jeux de tir sportif qui auront lieu en juillet - en France.
Dans un pays où les balles perdues font souvent des victimes, les siennes sont certainement les plus précises. Sur les hauteurs de la montagne libanaise, fusil à l'épaule, Ray Bassil vise des cibles d'argile lancées par une machine. Leo, son golden retriever, assiste également aux séances d'entraînement.
Cette femme de 35 ans est désormais championne d'Asie, après avoir remporté une médaille d'or en novembre dernier et une autre médaille d'or cette année en mai lors des championnats du monde de tir à la carabine dans la catégorie trap à Bakou, en Azerbaïdjan. . C'est maintenant la dernière ligne droite avant les Jeux Olympiques de Paris qui auront lieu fin juillet.
Sur sa cheville droite, un tatouage immortalise ses quatre qualifications pour les Jeux : 2012, 2016, 2022 et 2024. À Tokyo en 2022, elle a décroché la 21e place. « Depuis, j'ai surtout changé ma préparation mentale. J'apprécie chaque seconde de mon entraînement, j'apprécie le processus. Je ne pense pas au résultat, j'ai juste besoin de m'entraîner de la bonne manière ». Ray Bassil explique qu'elle était auparavant « sous tension », concentrée sur l'obtention d'une médaille. « Dieu décidera », espère l'athlète chrétienne.
Ray Bassil poursuit cette carrière avant tout parce qu'elle aime son sport, mais aussi parce qu'elle entend « briser les stéréotypes » et mettre fin à la « mentalité machiste » qui règne au Liban.
« La seule façon de faire taire les gens au Liban, surtout les hommes, c'est avec mes résultats », dit-elle en affichant fièrement ses huit récompenses internationales dans son appartement.
« J'ai attendu que Ray ait 15 ans et qu'elle soit suffisamment forte pour pouvoir manipuler un fusil. La première fois, elle est revenue avec une joue et une épaule enflées, mais deux jours plus tard, elle était de retour. Je n'ai fait qu'encourager sa passion", se souvient son père Jacques Bassil, ancien champion de tir.
Selon lui, le ball-trap a un avantage : il est bien adapté au Liban, un petit pays instable. « Le tir est un sport individuel : il suffit d'une machine pour s'entraîner. On ne dépend pas d'une équipe ni d'installations sportives » qui sont limitées au Liban.
Ces dernières années, le Liban a traversé une crise « susceptible de se classer parmi les dix, voire les trois, plus graves au monde depuis 1850 » selon la Banque mondiale. En cinq ans, 82 % de la population est tombée sous le seuil de pauvreté.
Ray Bassil a dû rebondir. Autrefois employée dans le restaurant familial, elle travaille aujourd'hui pour une société financière du Golfe, un métier bien plus lucratif, et mène des projets avec la fédération de tir sportif d'Arabie saoudite. « Ce n'était pas ma carrière, mais je n'ai pas le choix, au Liban on ne reçoit pas d'indemnités si on perd son emploi ».
Texte: ©Laure Delacloche
Ray Bassil: Lebanon's sights set on an Olympic medal
Lebanese athlete Ray Bassil will carry her rifle to the Paris Olympic Games
The only Lebanese athlete qualified for the Paris Olympics is an armed woman. We met her in Lebanon as she prepares for the sport shooting games that will take place in July -in France.
In a country where stray bullets frequently claim lives, hers are certainly the most accurate. High up in the Lebanese mountains, her rifle on her shoulder, Ray Bassil aims at clay targets thrown by a machine. Leo, her golden retriever, also attends the training sessions.
The 35-year-old is now champion of Asia, having won a gold medal last November and an other gold medal this year in may at the world rifle shooting championships in the trap category in Baku, Azerbaijan. It is now the last stretch before the Paris Olympic Games that will take place late July.
On her right ankle, a tattoo immortalizes her four qualifications for the Games: 2012, 2016, 2022, and 2024. In Tokyo in 2022, she won 21st place. "Since then, I've mainly changed my mental preparation. I enjoy every second of my training, I enjoy the process. I don't think about the result, I just need to train the right way." Ray Bassil explains that she used to be "under tension", focused on winning a medal. "God will decide," hopes the Christian athlete.
Ray Bassil primarily pursues this carrier because she loves her sport, but also because she intends to "break stereotypes" and put an end to the "macho mentality" that reigns in Lebanon.
"The only way to shut people up in Lebanon, especially the men, is with my results," she says, proudly displaying her eight international awards in her flat.
"I waited until Ray was 15 years old and until she was strong enough to allow her to handle a rifle. The first time, she came back with a swollen cheek and shoulder, but two days later she was back at it. All I did was encourage her passion?, her father Jacques Bassil, a former shooting champion, recalls.
According to him, trap shooting has an advantage: it is well adapted to Lebanon, a small, unstable country. ?Shooting is an individual sport: you only need a machine to train. You are not dependent on a team nor on sports facilities? that are limited in Lebanon.
In recent years, Lebanon has gone through a crisis "likely to rank among the ten, or even three, most serious worldwide since 1850" according to the World Bank. In 5 years, 82% of the population has fallen below the poverty line.
Ray Bassil had to bounce back. Formerly employed in the family restaurant, she now works for a finance company in the Gulf, a far more lucrative profession, and leads projects with Saudi Arabia?s sport shooting federation. "It wasn't my career, but I have no choice, in Lebanon we don't receive benefits if we lose our job."
Written by ©Laure Delacloche