NOWE JEST STARE (23.04.2020)
Mes chers enfants,
Saviez-vous que les adultes ont souvent la mauvaise manie de vous raconter des jolies fables pour rendre la réalité plus agréable ?
Aujourd'hui, la Pologne, où nous vivons, connait des heures sombres. Mais ne soyez pas inquiets et écoutez plutôt cette histoire d'amour.
J'ai croisé le regard de votre maman à Paris. Nous sommes tombés amoureux. Nous ne savions pas à l'époque ce qui nous attendez.
Nous regardions souvent l'horizon sans savoir où nous mènerait notre histoire, où nous allions vivre.
Nous passions de longues heures à parler de la culture polonaise. Ses souvenirs d'enfance, sous le bloc communiste, furent ma première rencontre avec ce pays, notamment lorsqu'elle me parlait de ces longues files d'attente avec votre grand père pour essayer d'acheter de quoi se nourrir sans savoir s'ils y arriveraient.
Mais, la réalité nous a vite rattrapé. Malheureusement, il était tant pour elle de rentrer à Varsovie pour continuer ses études. Nous avons beaucoup douté de notre avenir. Que devais-je faire ? La suivre ?
Nous avons alors vécu loin l'un de l'autre. J?avais peut-être trop peur de l'inconnu. Chaque jour, l'attente de son appel était interminable.
Pendant plusieurs années, je faisais de longs voyages en bus, chaque mois, entre la France et la Pologne. Les adieux et la joie des retrouvailles animaient ces longues pérégrinations.
Nous nous arrêtions souvent. A chaque pause, sur le chemin qui me menait à elle, des scènes silencieuses semblaient vouloir me parler.
Nous vivions quelques jours par mois à Nowolipie, dans un petit appartement, comme des enfants de la Bohême, avec peu d'argent et un avenir incertain, mais nous possédions un trésor inestimable : L'amour qui nous reliait.
Je vivais la plupart du temps loin d'elle. Tout me semblait si obscur. Il était temps pour moi d'ouvrir les yeux et de savoir affronter la vie.
Alors nous nous nous sommes mariés dans l'espoir de bâtir de nouvelles fondations et peut être un jour fonder une famille, comme pour nous prouver, que ce qui nous liait était indestructible.
Il fallait que j'ai le courage de changer de vie et de graver enfin cette union dans les étoiles. Aussi, j?ai décidé de vivre dans ce pays.
Quand j'ai commencé à l'explorer, les grands centres commerciaux étaient devenus les nouveaux temples de cette jeune démocratie, surtout depuis que l'Europe l'avait accueillie au sein de sa famille, comme celle de votre maman l?avait fait avec moi.
Mais très vite je me rendais compte que ce nouvel El Dorado n'était pas destiné à tout le monde. Certains semblaient être oublié, comme mis à la porte.
Qu'allait devenir ceux qui ne suivaient pas ce chemin ? Allaient-ils un jour crier cette colère enfouie ?
Cette réalité, a malheureusement réveillé de vieux sentiments cachés au plus profond de l'histoire de cette patrie d'adoption.
Pourtant, j'essayai sans cesse de trouver des réponses auprès des habitants. Ils accueillaient mes interrogations à bras ouvert et avec bienveillance, comme ce peuple a toujours su le faire.
Mais derrière moi, une ombre noire semblait planer constamment et m'épier. Elle semblait rendre aveugle ceux qui voulaient voir la lumière.
Dans ce climat si froid et cette blancheur apparente, de vieux démons se dressaient, un terrible passé tel un cauchemar en pleine nuit. Ils me réveillaient en sursaut.
Lorsque j'ouvrais les yeux, c'est le regard apaisant et bienveillant de votre maman qui calmait ces angoisses.
J'étais souvent visité par des souvenirs douloureux, ma santé fragile et un sentiment parfois d'abandon, un peu à l'image de certains quartiers de Pologne. Ma vie semblait être en plein chantier.
Loin du tumulte des grandes villes nous aimions à chercher la quiétude et la sérénité, pour réfléchir à quel chemin prendre.
Et puis c'est arrivé. Vous êtes entrés dans nos vies à toute vitesse, effaçant ce temps à toute allure, balayant nos multiples remises en question.
Aujourd'hui, je vous vois grandir si vite. Les interrogations sont réapparues, de nouvelles responsabilités envers vous. Quel avenir allons-nous vous laisser vous qui êtes encore si fragiles ?
Les fantômes, qui flotte dans le passé des polonais, me donne l'impression qu'ils veulent pénétrer dans nos vies, tel des feu-follets qui viennent sans cesse hanter nos nuits.
Et c'est arrivé. Les spectres sont réapparus. Ils tentent de nous souffler des messages emplis de haine et venir nous cracher en plein visage de fausses vérités.
Alors que la Vie veut prendre le dessus, certains tentent d'en prendre le contrôle au nom d'un Dieu qui ne semble, ces dernières années, ne s'occuper que de la Mort.
Le pays fait maintenant partie des taches indélébiles dans le monde de la démocratie. Pour ne pas poser vos pas n'importe où, votre maman et moi avons décidé de ne pas nous laisser faire et de lutter contre l'ignorance et la bêtise que d'autres veulent nous imposer.
Mais je vous en prie ! N'ayez pas peur les enfants ! Il faut encore croire en votre pays, car toute une population lutte. De nouvelles générations qui veulent nous envoyer plein d'espoir dans ce ciel si troublé.
Vous avez toujours le choix de l'insouciance. Ne pas réagir et regarder ce nouveau paysage se construire devant vous.
« Nowe jest Stare ». Tout ce qui nous arrive sont d'anciennes histoires. Des histoires de grandes personnes. Vous devez simplement choisir d'ouvrir cette porte que nous vous offrons, de vouloir passer de l'autre côté du mur, que certains essayent de bâtir devant vous.
Si vous n'arrivez toujours pas à trouver ce courage, pensez à notre histoire, car l'Amour est une puissante magie et un lien indestructible.
Gardez toujours espoir. La vie est belle.
Je vous aime
Papa
NOWE JEST STARE (23.04.2020)
Saviez-vous les enfants que les adultes ont souvent la mauvaise manie de vous raconter des jolies fables pour rendre la réalité plus agréable ?
Aujourd?hui, la Pologne, où nous vivons, connait des heures sombres. Mais ne soyez pas inquiets et écoutez plutôt cette histoire d?amour.
J?ai croisé le regard de votre maman à Paris. Nous sommes tombés amoureux. Nous ne savions pas à l?époque ce qui nous attendez. Nous regardions souvent l?horizon sans savoir où nous mènerait notre histoire, où nous allions vivre.
Nous passions de longues heures à parler de la culture polonaise. Ses souvenirs d?enfance, sous le bloc communiste, furent ma première rencontre avec ce pays, notamment lorsqu?elle me parlait de ces longues files d?attente avec votre grand père pour essayer d?acheter de quoi se nourrir sans savoir s?ils y arriveraient. 571
Mais, la réalité nous a vite rattrapé. Malheureusement, il était tant pour elle de rentrer à Varsovie pour continuer ses études. Nous avons beaucoup douté de notre avenir. Que devais-je faire ? La suivre ?
Nous avons alors vécu loin l?un de l?autre. J?avais peut-être trop peur de l?inconnu. Chaque jour, l?attente de son appel était interminable. 560
Pendant plusieurs années, je faisais de longs voyages en bus, chaque mois, entre la France et la Pologne. Les adieux et la joie des retrouvailles animaient ces longues pérégrinations. 022
Nous nous arrêtions souvent. A chaque pause, sur le chemin qui me menait à elle, des scènes silencieuses semblaient vouloir me parler. 021
Nous vivions quelques jours par mois à Nowolipie, dans un petit appartement, comme des enfants de la Bohême, avec peu d?argent et un avenir incertain, mais nous possédions un trésor inestimable : L?amour qui nous reliait. 565
Je vivais la plupart du temps loin d?elle. Tout me semblait si obscur. Il était temps pour moi d?ouvrir les yeux et de savoir affronter la vie. 534
Alors nous nous nous sommes mariés dans l?espoir de bâtir de nouvelles fondations et peut être un jour fonder une famille, comme pour nous prouver, que ce qui nous liait était indestructible. 622
Il fallait que j?ai le courage de changer de vie et de graver enfin cette union dans les étoiles. Aussi, j?ai décidé de vivre dans ce pays. 557
Quand j?ai commencé à l?explorer, les grands centres commerciaux étaient devenus les nouveaux temples de cette jeune démocratie, surtout depuis que l?Europe l?avait accueilli au sein de sa famille, comme celle de votre maman l?avait fait avec moi. 024
Mais très vite je me rendais compte que ce nouvel El Dorado n?était pas destiné à tout le monde. Certains semblaient être oublié, comme mis à la porte. 538
Qu?allait devenir ceux qui ne suivaient pas ce chemin ? Allaient-ils un jour crier cette colère enfouie ? 652
Cette réalité, a malheureusement réveillé de vieux sentiments cachés au plus profond de l?histoire de cette patrie d?adoption. 569
Pourtant, j?essayai sans cesse de trouver des réponses auprès des habitants. Ils accueillaient mes interrogations à bras ouvert et avec bienveillance, comme ce peuple a toujours su le faire. 536
Mais derrière moi, une ombre noire semblait planer constamment et m?épier. Elle semblait rendre aveugle ceux qui voulaient voir la lumière. 651
Dans ce climat si froid et cette blancheur apparente, de vieux démons se dressaient, un terrible passé tel un cauchemar en pleine nuit. Ils me réveillaient en sursaut. 537
Lorsque j?ouvrais les yeux, c?est le regard apaisant et bienveillant de votre maman qui calmait ces angoisses. 649
J?étais souvent visité par des souvenirs douloureux, ma santé fragile et un sentiment parfois d?abandon, un peu à l?image de certains quartiers de Pologne. Ma vie semblait être en plein chantier. 558
Loin du tumulte des grandes villes nous aimions à chercher la quiétude et la sérénité, pour réfléchir à quel chemin prendre. 574
Et puis c?est arrivé. Vous êtes entrés dans nos vies à toute vitesse, effaçant ce temps à toute allure, balayant nos multiples remises en question. 612
Aujourd?hui, je vous vois grandir si vite. Les interrogations sont réapparues, de nouvelles responsabilités envers vous. Quel avenir allons-nous vous laisser vous qui êtes encore si fragiles ? 542
Les fantômes, qui flotte dans le passé des polonais, me donne l?impression qu?ils veulent pénétrer dans nos vies, tel des feu-follets qui viennent sans cesse hanter nos nuits. 549
Et c?est arrivé. Les spectres sont réapparus. Ils tentent de nous souffler des messages emplis de haine et venir nous cracher en plein visage de fausses vérités. 628
Alors que la Vie veut prendre le dessus, certains tentent d?en prendre le contrôle au nom d?un Dieu qui ne semble, ces dernières années, ne s?occuper que de la Mort. 548
Le pays fait maintenant partie des taches indélébiles dans le monde de la démocratie. Pour ne pas poser vos pas n?importe où, votre maman et moi avons décidé de ne pas nous laisser faire et de lutter contre l?ignorance et la bêtise que d?autres veulent nous imposer. 575
Mais je vous en prie ! N?ayez pas peur les enfants ! Il faut encore croire en votre pays, car toute une population lutte. De nouvelles générations qui veulent nous envoyer plein d?espoir dans ce ciel si troublé. 541
Vous avez toujours le choix de l?insouciance. Ne pas réagir et regarder ce nouveau paysage se construire devant vous.
« Nowe jest Stare ». Tout ce qui nous arrive sont d?anciennes histoires. Des histoires de grandes personnes. Vous devez simplement choisir d?ouvrir cette porte que nous vous offrons, de vouloir passer de l?autre côté du mur, que certains essayent de bâtir devant vous. 589
Si vous n?arrivez toujours pas à trouver ce courage, pensez à notre histoire, car l?Amour est une puissante magie et un lien indestructible. 561
Gardez toujours espoir. La vie est belle.
Je vous aime
Papa