Irak - L'armée dans l'ombre
Le 3 décembre 1997 était signée à Ottawa la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel. Prohibant l'acquisition, la production, le stockage et l'utilisation des mines, le Traité d'Ottawa reste considéré comme l'une des plus importantes avancées internationales en matière de désarmement. « C'est une convention de désarmement quelque peu originale car elle a beaucoup touché l'opinion publique. » nous rappelle Yves Marek, Ambassadeur de France et Secrétaire Général de la Commission Nationale pour l'Élimination des Mines Antipersonnel. « Tout le monde était sensible aux cas des enfants qui sautaient sur des mines et, plus globalement, au fait que ça touchait les populations civiles. Il y a donc eu une grande mobilisation des ONG et il s'agit vraiment d'une convention qui est née de la société civile. » À l'occasion du vingt-cinquième anniversaire du Traité, nous avons souhaité nous pencher de nouveau sur la problématique des mines sur la planète. Pour cela, nous nous sommes rendus en Irak, l'un des pays les plus contaminés au monde suite à presque quarante ans de conflits et surtout par l'occupation récente du pays par le groupe État islamique.
Cinq ans après le départ de Daech, l'Irak reste très militarisé, comme si une attaque pouvait encore survenir à tout moment. Chaque trajet à travers le pays est ponctué de checkpoints et, en ville, un soldat armé fait le guet à chaque croisement. Dans ce pays en reconstruction, la vie reprend son cours. À Mossoul, les enfants sont dans les rues, les hommes partagent le thé et les magasins sont ouverts. Dans la vieille ville encore détruite, certains bâtiments en ruine portent l'inscription « EV » suivi d'un chiffre, d'autres sont cernés de petits drapeaux rouges et blancs. Cela signifie que l'on y suspecte encore la présence de restes explosifs de guerre. Il ne s'agit pas là de mines antipersonnel conventionnelles mais de munitions non explosées et principalement des mines artisanales qui ont été utilisées en masse par l'État islamique. Dans un esprit de revanche suite à leur défaite, Daech est parti en laissant une grande pollution aux engins explosifs improvisés allant jusqu'à piéger des peluches ou des portes de réfrigérateurs.
Iraq - The army in the shadows
Five years after the departure of Daech, Iraq remains highly militarised, as if an attack could still occur at any moment. Every journey through the country is punctuated by checkpoints, and in the city an armed soldier stands guard at every intersection. In this country under reconstruction, life has resumed. In Mosul, children are in the streets, men are sharing tea and shops are open. In the old city, which is still in ruins, some of the buildings bear the inscription "EV" followed by a number, others are surrounded by small red and white flags, as are the banks of the Tigris. This means that explosive remnants of war are still suspected. These are not conventional anti-personnel mines, but mainly homemade mines that were used en masse by the Islamic State. In the spirit of revenge for their defeat, Daech left behind a large amount of IED pollution, even booby-trapping stuffed animals and refrigerator doors.