Carnets de voyage : Des Tibétains sans Tibet
Un territoire est avant tout défini par son peuple . C?est lui qui lui donne son identité, et même son âme. Le Tibet fait partie des terres mythiques pour la beauté de ses paysages, la singularité culturelle de ses habitants et la convergence de visées géopolitiques. Mais que savons-nous vraiment du Tibet ?
Considérations sur le Tibet
Le Tibet administratif ?
Tout d?abord, il faut se défaire d?une idée fausse qui consiste à penser que le Tibet correspond seulement à la région administrative désignée sous le nom de « Région Autonome du Tibet » (RAT). Ce Tibet là existe bel et bien et comprend une partie de la chaîne de l?Himalaya qu?il se partage avec l?Inde et le Népal, dont l?emblématique Mont Everest. Indissociable dans nos esprits de Lhassa, sa capitale, et du Dalaï Lama, son chef politique et spirituel, le Tibet nourrit les revendications d?indépendance et de respect des droits de l?homme partout dans le monde.
Mais il y a bien d?autres Tibets administratifs et côté Chine, il existe aussi 11 préfectures autonomes tibétaines dans d?autres provinces. Or, cette division en région et préfectures autonomes, elles-mêmes à l?intérieur de plusieurs provinces est si compliquée que les observateurs étrangers ont tendance à considérer que seule la RAT réfère au « Tibet » à proprement parler, tandis que le reste correspondrait à la Chine ethnique. Ce qui, sur le terrain, est proprement une erreur.
En effet, quiconque se retrouve dans ces préfectures autonomes tibétaines, principalement du Sichuan et du Qinghai, sait qu?il n?est plus sur le territoire traditionnel de la Chine ethnique, ou Han, mais bien sur celui du Tibet. Sans quitter la Chine ni mettre les pieds dans la Région Autonome du Tibet, voyager dans ces contrées, c?est faire une plongée au coeur de la culture Tibétaine. Outre l?altitude et le paysage des hauts plateaux, l?architecture, les traits physiques de la population, la langue parlée, leurs vêtements, leur nourriture, la présence massive de moines et de monastères nous rappellent que ces terres sont bien tibétaines et non Hans (ethnie chinoise).
? le Tibet culturel (le Grand Tibet)
Mais là aussi, culturellement, comment s?attendre à ce que sur un territoire grand comme 4 fois la France l?ethnie tibétaine soit unifiée ? Dans les faits, elle se divise en 3 principaux groupes : les U-Tsang, les Kham et les Amdo. Les U-Tsang, qui constituent moins de la moitié des Tibétains, sont dans la Région Autonome du Tibet (RAT). On trouve les Kham à cheval sur la RAT, le Sichuan et le Yunnan tandis que les Amdo sont majoritairement répartis dans le Qinghai et le Gansu. Pour compliquer le tout, à l?intérieur même de ces 3 groupes, il y a un nombre incalculable de sous-groupes qui se différencient par leurs us et coutumes, ceux des vallées et des hauts plateaux, les sédentaires, les nomades, les semi-nomades. Entre eux, ils ne se comprennent pas toujours car ils utilisent des dialectes différents et même parfois des écritures différentes ! Cependant, ils ont tous en commun de pratiquer le bouddhisme Tibétain, l?une des trois grandes branches de cette religion.
? Et le Tibet touristique
La confusion et l?approximation, alimentée et entretenue par les médias, y compris en Chine, font de la Région Autonome du Tibet une destination fortement touristique. On peut même y parler de tourisme de masse. C?est évidemment un apport financier de première importance pour les tibétains qui sont parmi les plus pauvres de Chine, mais le pendant est la perte de l?identité Tibétaine U-Tsang. « L?encadrement » policier et autoritaire du gouvernement central n?est pas le seul responsable et les millions de touristes qui viennent chaque année arpenter les rues de Lhassa et visiter les lieux religieux emblématiques Tibétains participent largement à la détérioration de l?authenticité culturelle.
Mais quittez la Région Autonome Tibétaine, parcourez le Sichuan et le Qinghai et vous découvrirez une culture tibétaine absolument intacte car ici le tourisme est rare, et seuls les audacieux à la recherche d?authenticité s?y aventurent. Alors que dans la RAT les étrangers doivent impérativement obtenir un permis spécial accompagné d?une réservation d?itinéraire pré-établi avec une agence de tourisme agréée (laquelle vous emmènera à coup sûr dans ces lieux où tous les touristes vont par milliers), voyager dans les autres provinces se fait en toute liberté et en toute autonomie.
Là, vous partez à la rencontre d?un autre Tibet, peu médiatisé, avec un tourisme quasi inexistant et donc, authentique.
À l?assaut du plateau du Tibet
Partir dans ce grand Tibet doit bien se préparer. Même si un des charmes du voyage est de laisser la place aux imprévus, il faut quand même tenir compte de l?immensité du territoire, qu?il est très peu peuplé (seulement 2,5 habitants au km2, pour comparaison 106 en France) et par conséquent il y a peu de routes et de structures d?accueil. C?est une région très sauvage aux conditions extrêmes liées à la très haute altitude. L?adaptation à cette dernière n?est pas à prendre à la légère non plus. Avec une moyenne de 4200 mètres au dessus du niveau de la mer, soit 40% de moins d?oxygène, on n?arrive pas sur le plateau du Tibet comme sur une plage Thaïlandaise. Arriver directement en avion peut se révéler problématique et demander plusieurs jours d?adaptation avec un apport en oxygène pour compenser le mal d?altitude.
Quant à nous, nous avons choisi la solution de la voiture de manière à nous acclimater à l?altitude plus en douceur et par pallier. C?est donc par l?Est, à partir de Chengdu, la capitale du Sichuan, que nous nous sommes lancés à l?assaut du plateau du Tibet. Durée du trajet pour arriver jusqu?à Yushu, capitale de la Préfecture Autonome Tibétaine dans le Qinghai : 3 jours.
Paysages alpins
Très vite après Chengdu nous nous retrouvons sur les contreforts de l?Himalaya et ce sont des paysages Alpins qui nous attendent. Profondes vallées et hauts sommets enneigés, rivières vives, lacs, conifères, marmottes, vaches, ? S?il n?y avait pas eu l?architecture des maisons, les drapeaux de prière tibétains dispersés en maints endroits et des monastères bouddhistes en très grand nombre, nous aurions pu nous croire dans les Alpes ! À une différence près cependant ? L?altitude, toujours elle. Au coeur du parc naturel Siguniang que nous avons traversé se trouve une chaine de montagnes du même nom et qui signifie « les 4 soeurs ». La plus haute d?entre elles, appelée « la plus jeune soeur » culmine à 6240 mètres d?altitude ! Classée au patrimoine mondial de l?Unesco car la région abrite également la réserve naturelle du panda géant, cette montagne n?a que très rarement été gravie du fait de sa difficulté.
Des cols, encore des cols et tout à coup ?
? Le plateau du Tibet ! Non, ce n?est pas comme ça que ça s'est passé et il est vraiment difficile de savoir quand nous l'avons vraiment atteint. Il est vrai que les vallées se sont élargies, les arbres se sont faits rares jusqu?à disparaître complètement, les yacks ont remplacé les vaches et les tentes des nomades se sont faites de plus en plus nombreuses. En fait il n?y a pas eu de « tout à coup » parce quand on pense qu?on est arrivé en haut il y a encore plus haut juste derrière. Mais à un moment, l'altimètre n?est plus descendu en dessous de 4000 mètres. Et c?est là que nous nous sommes dits que nous devions être sur le plateau.
Espaces infinis et sauvages où la seule trace de civilisation humaine est la route qui trace ses courbes, avec les troupeaux de yacks qui forment des points noirs au loin, je ne me lasse pas de contempler ce ciel qui a pris ici un bleu spécial, si profond, si pur.
Le parc des 3 Rivières
La Chine compte un nombre de parcs naturels incalculable mais il y en a un particulièrement remarquable dans cette zone : le Sanjiangyuan, ou le "Parc des 3 rivières". C?est ici en effet que prennent source le Fleuve Jaune, le Yantze et le Mékong. Le projet de parc naturel a débuté en 2004 et il couvre actuellement approximativement la surface de l?Angleterre ! En 2030, une fois sa mise en place achevée, il devrait représenter l?équivalent d?environ le tiers de la France et sera relié au Parc de Kekexili ou Hoh Xil (Inscrit au Patrimoine de l?Unesco, Hoh Xil est plus grand que l?État du Massachusetts. Totalement inhabité, il fait partie des espaces les moins étudiés et par conséquent les moins connus de la Terre).
La mise en place de ce Parc des 3 rivières n?est pas une mince affaire tant la superficie est grande. Mais nous sommes dans une zone également appelée le « 3ème pôle » et son importance pour la survie de milliards d?êtres humains est cruciale à cause de l'eau, sans parler bien évidemment de la biodiversité unique ici. Les prairies et les zones humides hébergent des espèces animales et végétales endémiques comme l?antilope et l?âne sauvage du Tibet, les ours, des léopards des neiges, des loups, ?
Mais il y a également toute la problématique des populations qui vivent dans cette zone.
Certes, elle est très peu peuplée. Vraiment très peu peuplée ? Il n?y a pas une seule ville, juste 3 ou 4 villages et ce sont surtout les nomades qui vivent ici l?été pour le pâturage des animaux.
Or, qui dit mise en place d?un parc naturel, dit réduction drastique, voire interruption totale des activités humaines. Toutes les usines, toutes les activités minières et d?extraction ont d?ores et déjà été supprimées, sauf certaines stratégiques semblerait-il car bien évidemment cet endroit dispose de ressources naturelles rares. Le tourisme également est banni, et sauf autorisation très spéciale, il est tout simplement impossible d?entrer dans le parc. Seuls les nomades ont le droit d?y circuler avec leurs troupeaux.
Les rencontres
Un voyage n?est pas vraiment un voyage s?il n?y a pas de rencontres ! Et celui-ci fût d?une richesse incroyable !
Traditionnellement, la grande majorité des Tibétains est nomade ou semi-nomade. L?été ils partent sillonner les grandes prairies pour faire brouter leurs troupeaux de yacks tandis que l?hiver, alors que les températures sont trop rudes, nombre d?entre eux vivent dans leurs maisons en dur dans les vallées plus hospitalières. L?été est aussi l?occasion pour les Tibétains de se retrouver lors d?immenses rassemblements claniques autour de camps formés de tentes traditionnelles où ils resteront pendant plusieurs jours ou semaines.
Ainsi, tout le long de la route nous pouvions voir ces campements et est arrivé le moment où la curiosité a été plus forte que la timidité et nous sommes allés à la rencontre d?une famille. Il faut reconnaître à la Chine le développement incroyable de ses infrastructures et notamment les antennes télécoms. Ainsi, y compris ici dans un des endroits les plus reculés et les moins peuplés de la planète, nous pouvions nous connecter à internet pour utiliser notre traducteur automatique ! Et même si c?est loin d?être parfait, il nous a été d?une aide précieuse car quasiment personne ici ne parle anglais et bien souvent, surtout chez les anciens, à peine le chinois.
Quel accueil ! Il n?y a pas besoin de se parler longuement pour comprendre la gentillesse de ces gens, leur générosité lorsqu?ils nous ont offert de partager leur repas, leur joie pour l?intérêt que nous leur portions, leur fierté de nous faire découvrir leurs fêtes, leurs coutumes, leurs danses. Et nous, quel honneur d?être acceptés ainsi ! Et il en a été de même pour tout le reste de notre périple, car enhardis par ce premier contact exceptionnel nous n?avons plus hésité à nous rapprocher de ces gens. Et c?est ainsi que nous nous sommes liés d?amitié avec plusieurs familles.
La grande majorité de ceux que nous avons rencontrés sont des pasteurs et ils vivent essentiellement de l?élevage de Yack et de chevaux. La viande du yack, la plupart du temps séchée, est très appréciée dans toute la Chine, mais le yogourt, le beurre et la crème le sont tout autant. Ils constituent d?ailleurs le repas de base qui comporte peu de légumes.
Les Tibétains sont profondément attachés à leurs chevaux qui sont également leur fierté et ils les bichonnent à longueur de temps. En fait, il s?agit plutôt de poneys car leur taille est modeste. Très endurants, forts et sobres, les Tibétains effectuent avec eux de multiples tâches, mais il en est une dont la réputation de leur propriétaire dépend : les courses. Ainsi, ces grands rassemblements estivaux sont aussi l?occasion pour les familles de confronter leurs plus belles montures, de montrer l?habileté de leurs cavaliers à travers des courses, des jeux équestres, de la voltige.
La religion
Ici, il est impossible d?échapper à la religion. Partout, sur le moindre monticule, sur chaque tente, chaque maison il y a des drapeaux de prière. Autant il y a peu d?habitations et de villages, autant on croise un nombre impressionnant de monastères, tous plus gigantesques les uns que les autres avec leurs pagodes et leurs dortoirs pour les innombrables moines qui y séjournent et les pèlerins qui sillonnent la contrée.
Ce qui surprend le plus, c?est la richesse de ce clergé comparé à la pauvreté de la population. Tout au long de notre trajet, nous n?avons pas vu un seul temple ou un seul monastère peu ou mal entretenu. Bien au contraire ! C?est comme si toute la richesse s?accumulait ici avec des constructions gigantesques, des façades immaculées, des toits dorés resplendissants, des statues. Certes, à titre individuel les moines sont pauvres et doivent même être en partie autonomes financièrement en louant leurs services de prières ou en étant tisseurs ou même commerçants. Mais la contribution des tibétains, que ce soit en dons physiques ou en argent contribue largement à l'opulence de ce clergé.
Chaque famille que nous avons rencontrée compte au moins un membre dans la vie monacale. Jusqu?à récemment, il est vrai que, en plus de l?aura que procure le fait d?avoir un moine dans la famille, cela lui permettait également de se soulager sur les bouches à nourrir et à éduquer. Comme toutes les populations pauvres, les tibétains comptent en effet un très grand nombre d?enfants - la politique de l?enfant unique ne s?est jamais appliquée aux minorités - et une famille avec 6 enfants est une norme. Et il était donc très fréquent que les familles « offrent » au moins un de leurs enfants, aux alentours de 6 ans, à la vie monacale. Aujourd?hui, la loi interdit cette pratique et un jeune doit attendre sa majorité pour entrer dans les ordres.
Le changement climatique
Nous aurions aimé conclure ce voyage sur une note optimiste, mais les 2 600 km de traversée de cette contrée ont révélé des fragilités inquiétantes, la plus grande d?entre elle étant l?impact du réchauffement climatique qui est en train de bouleverser cette terre et ces populations.
Normalement, à l?altitude où nous étions, tous les plus hauts sommets auraient dû être couverts de neiges éternelles. Mais combien en avons-nous vu réellement ? Tout au plus une dizaine. Tous les autres étaient gris de leurs pierres et nombre de glaciers ont d?ores et déjà disparu ou presque.
Le plus emblématique d?entre eux est le glacier Dagu dans le Sichuan. Très connu en Chine grâce au téléphérique le plus haut du monde qui permet d?atteindre en quelques minutes sa base à 4860 mètres, ce glacier n?est plus que l?ombre de lui-même. Alors qu'en 1971, lorsqu?il a été exploré pour la première fois, le système comptait 17 glaciers, aujourd?hui ils ne sont plus que 3, agonisants. Lorsque nous l?avons découvert en juillet, nous étions en t-shirt et il n?y avait pas un centimètre carré de neige.
Mais ce ne sont pas seulement les glaciers qui sont concernés. Le pergélisol se réchauffe dramatiquement vite ce qui entraîne une modification de l?hydrologie régionale, mais aussi sur le continent asiatique tout entier ! Selon les scientifiques, l?impact du réchauffement climatique est plus sévère sur le plateau du Tibet que partout ailleurs sur la planète et ils prédisent que la température pourrait y augmenter de 4 degrés au cours du 21ème siècle.
Qu?adviendra-t-il alors de cette terre, de sa faune, de sa flore ? Les Tibétains survivront-ils à une pareille catastrophe ?
Travel diaries : Tibetans without Tibet
A territory is above all defined by its people. It is the people who give it its identity, and even its soul. Tibet is part of the mythical lands for the beauty of its landscapes, the cultural singularity of its inhabitants and the convergence of geopolitical aims. But what do we really know about Tibet?
Considerations on Tibet
The administrative Tibet ...
First of all, it is necessary to get rid of a false idea which consists in thinking that Tibet corresponds only to the administrative region designated under the name of "Autonomous Region of Tibet" (TAR). This Tibet does exist and includes a part of the Himalayan chain that is shared with India and Nepal, including the emblematic Mount Everest. Indissociable in our minds from Lhasa, its capital, and the Dalai Lama, its political and spiritual leader, Tibet feeds the claims of independence and respect of human rights all over the world.
But there are many other administrative Tibets and on the Chinese side, there are also 11 Tibetan autonomous prefectures in other provinces. But this division into autonomous regions and prefectures, themselves within several provinces, is so complicated that foreign observers tend to consider that only the TAR refers to "Tibet" properly speaking, while the rest would correspond to ethnic China. This is a mistake on the real world.
Indeed, anyone who finds himself in these Tibetan autonomous prefectures, mainly in Sichuan and Qinghai, knows that he is no longer in the traditional territory of ethnic China, or Han, but in that of Tibet. Without leaving China or setting foot in the Tibetan Autonomous Region, traveling in these regions is to dive into the heart of Tibetan culture. In addition to the altitude and the landscape of the high plateaus, the architecture, the physical features of the population, the language spoken, their clothing, their food, the massive presence of monks and monasteries remind us that these lands are indeed Tibetan and not Hans (Chinese ethnicity).
... Cultural Tibet (Great Tibet)
But there also, culturally, how to expect that on a territory big as 4 times France the Tibetan ethnic group is unified? In fact, it is divided into 3 main groups: the U-Tsang, the Kham and the Amdo. The U-Tsang, who constitute less than half of the Tibetans, are in the Autonomous Region of Tibet (TAR). The Kham can be found straddling the TAR, Sichuan and Yunnan, while the Amdo are mainly spread out in Qinghai and Gansu. To complicate matters, within these three groups, there are countless sub-groups which differ in their habits and customs, those of the valleys and the high plateaus, the sedentary, the nomads, the semi-nomads. Among themselves, they do not always understand each other because they use different dialects and sometimes even different scripts! However, they all have in common to practice Tibetan Buddhism, one of the three great branches of this religion.
... And the touristic Tibet
The confusion and the approximation, fed and maintained by the media, including in China, make of the Autonomous Region of Tibet a strongly tourist destination. One can even speak of mass tourism. It is obviously a financial contribution of primary importance for the Tibetans who are among the poorest in China, but the counterpart is the loss of the Tibetan U-Tsang identity. The « authoritarian" supervision of the central government is not the only one responsible, and the millions of tourists who come each year to walk the streets of Lhasa and visit the emblematic Tibetan religious sites contribute largely to the deterioration of cultural authenticity.
But leave the Tibetan Autonomous Region, travel through Sichuan and Qinghai and you will discover an absolutely untouched Tibetan culture because here tourism is rare, and only the daring in search of authenticity venture there. While in the TAR, foreigners must obtain a special permit with a pre-arranged itinerary with an authorized tourist agency (which will surely take you to those places where all tourists go by the thousands), travel in the other provinces is done in complete freedom and autonomy.
There, you go to meet another Tibet, little mediatized, with an almost inexistent tourism and thus, authentic.
Climbing the Tibetan plateau
To travel in this great Tibet must be well prepared. Even if one of the charms of the journey is to leave the place to the unforeseen, it is still necessary to take into account the immensity of the territory, that it is very little populated (only 2,5 inhabitants per km2, for comparison 106 in France) and consequently there are few roads and structures of accommodation. It is a very wild region with extreme conditions due to the very high altitude. The adaptation to this last is not to be taken lightly either. With an average of 4200 meters above sea level, that is to say 40% less oxygen, one does not arrive on the Tibetan plateau like on a Thai beach. Arriving directly by plane can be problematic and require several days of adaptation with an oxygen intake to compensate for the altitude sickness.
As for us, we chose the solution of the car in order to acclimatize ourselves to the altitude more gently and by increments. So it is by the East, from Chengdu, the capital of Sichuan, that we launched ourselves to the assault of the Tibetan plateau. Duration of the journey to reach Yushu, capital of the Tibetan Autonomous Prefecture in Qinghai: 3 days.
Alpine landscapes
Very soon after Chengdu we find ourselves on the foothills of the Himalayas and the Alpine landscapes await us. Deep valleys and high snow-covered peaks, fast flowing rivers, lakes, conifers, marmots, cows, ... If it were not for the architecture of the houses, the Tibetan prayer flags scattered in many places and the Buddhist monasteries in great number, we could have thought we were in the Alps! With a difference however... The altitude, always it. In the heart of the Siguniang natural park that we crossed is a mountain range of the same name and which means "the 4 sisters". The highest of them, called "the youngest sister" culminates at 6240 meters of altitude! Classified as a Unesco World Heritage Site because the region is also home to the Giant Panda Nature Reserve, this mountain has rarely been climbed because of its difficulty.
Passes, more passes and suddenly ...
... The Tibet plateau! No, this is not how it happened and it is really difficult to know when we really reached it. It is true that the valleys have widened, the trees have become rare until they disappear completely, the yaks have replaced the cows and the tents of the nomads have become more and more numerous. In fact, there was no "sudden" because when you think you have reached the top, there is even more height just behind. But at one point, the altimeter did not go below 4000 meters. And that's when we said to ourselves that we had to be on the plateau.
Infinite and wild spaces where the only trace of human civilization is the road which traces its curves, with the herds of yaks which form black points in the distance, I do not tire of contemplating this sky which took here a special blue, so deep, so pure.
The 3 Rivers Park
China has an incalculable number of natural parks but there is one particularly remarkable in this area: the Sanjiangyuan, or the "Three Rivers Park". It is here that the Yellow River, the Yantze and the Mekong rivers originate. The nature conservation project started in 2004 and it currently covers an area approximately the size of England! In 2030, once its implementation is completed, it should represent the equivalent of about one third of France and will be linked to the Kekexili or Hoh Xil Park (listed as a UNESCO World Heritage Site, Hoh Xil is larger than the state of Massachusetts. Totally uninhabited, it is one of the least studied and therefore least known areas on Earth).
The setting up of this Park of the 3 rivers is not an easy task so much the surface is big. But we are in an area also called the "3rd pole" and its importance for the survival of billions of human beings is crucial because of the water, not to mention of course the unique biodiversity here. The grasslands and wetlands are home to endemic animal and plant species such as the Tibetan antelope and wild ass, bears, snow leopards, wolves, ...
But there is also the whole problem of the populations living in this area.
Certainly, it is very little populated. There is not a single town, just 3 or 4 villages and it is mostly nomads who live here in summer for the grazing of animals.
However, setting up a natural park means drastically reducing or even completely stopping human activities. All the factories, all the mining and extraction activities have already been suppressed, except for some strategic ones, it seems, because obviously this place has rare natural resources. Tourism is also banned, and except for very special authorization, it is simply impossible to enter the reserve. Only nomads have the right to move around with their herds.
The encounters
A trip is not really a trip if there are no encounters! And this one was incredibly rich!
Traditionally, the great majority of Tibetans are nomads or semi-nomads. In the summer, they leave to roam the great prairies to graze their herds of yaks while in the winter, when the temperatures are too harsh, many of them live in their hard houses in the more hospitable valleys. Summer is also the occasion for the Tibetans to meet during huge clan gatherings around camps formed by traditional tents where they will stay for several days or weeks.
Thus, all along the road we could see these camps and the moment arrived when our curiosity was stronger than our shyness and we went to meet a family. We have to acknowledge the incredible development of China's infrastructure, especially the telecom antennas. Thus, even here in one of the most remote and least populated places of the planet, we could connect to the internet to use our automatic translator! And even if it is far from being perfect, it was of a precious help for us because almost nobody here speaks English and very often, especially for the old people, hardly Chinese.
What a welcome! There is no need to speak at length to understand the kindness of these people, their generosity when they offered to share their meal, their joy for the interest we showed them, their pride in making us discover their festivals, their customs, their dances. And what an honor it was for us to be accepted in this way! And it was the same for all the rest of our journey, because emboldened by this first exceptional contact we did not hesitate to get closer to these people. And that's how we became friends with several families.
The great majority of those we met are pastoralists and they live essentially from the breeding of yak and horses. The meat of the yak, most of the time dried, is very appreciated in all China, but the yogurt, the butter and the cream are also appreciated. They constitute the basic meal which includes few vegetables.
Tibetans are deeply attached to their horses, which are also their pride, and they pamper them all the time. In fact, they are rather ponies because their size is modest. Very enduring, strong and sober, the Tibetans carry out multiple tasks with them, but there is one on which the reputation of their owner depends: the races. Thus, these great summer gatherings are also the occasion for the families to confront their most beautiful mounts, to show the skill of their riders through races, equestrian games, vaulting.
The religion
Here, it is impossible to escape religion. Everywhere, on the slightest mound, on each tent, each house there are prayer flags. As much there are few houses and villages, as much there is an impressive number of monasteries, all more gigantic the ones than the others with their pagodas and their dormitories for the innumerable monks who stay there and the pilgrims who criss-cross the region.
What surprises most is the wealth of this clergy compared to the poverty of the population. Throughout our journey, we did not see a single temple or a single monastery little or badly maintained. On the contrary! It is as if all the wealth accumulated here with gigantic constructions, immaculate frontages, resplendent gilded roofs, statues. Of course, the individual monks are poor and even have to be partly financially independent by renting out their prayer services or by being weavers or even traders. But the contribution of the Tibetans, whether in physical gifts or in money, largely contributes to the opulence of this clergy.
Every family we met has at least one member in monastic life. Until recently, it is true that, in addition to the aura of having a monk in the family, it also allowed the family to relieve itself of the burden of feeding and educating their children. Like all poor populations, Tibetans have a very large number of children - the one-child policy never applied to minorities - and a family with 6 children is a norm. And so it was very common for families to "offer" at least one of their children, around the age of 6, to the monastic life. Today, the law forbids this practice and a young person must wait until he or she reaches the age of majority to enter the orders.
Climate change
We would have liked to conclude this trip on an optimistic note, but the 2,600 km of crossing this land revealed some worrying fragilities, the greatest of which is the impact of global warming which is in the process of disrupting this land and these populations.
Normally, at the altitude where we were, all the highest peaks should have been covered with eternal snow. But how many did we actually see? At the most, about ten. All the others were grey with their stones and many glaciers have already disappeared or almost.
The most emblematic of them is the Dagu glacier in Sichuan. Very famous in China thanks to the highest cable car in the world which allows to reach in a few minutes its base at 4860 meters, this glacier is now only a shadow of itself. While in 1971, when it was first explored, the system had 17 glaciers, today there are only 3, dying. When we discovered it in July, we were in t-shirts and there was not a square inch of snow.
But it is not only the glaciers that are concerned. The permafrost is warming up dramatically fast, which leads to a change in the regional hydrology, but also on the whole Asian continent! According to scientists, the impact of global warming is more severe on the Tibetan plateau than anywhere else on the planet and they predict that the temperature could rise by 4 degrees during the 21st century.
What will happen to this land, its fauna and flora? Will the Tibetans survive such a catastrophe?