LES EMERAUDES DE COLOMBIE
La Colombie produit chaque année plus de la moitié des émeraudes vendues dans le monde, ces pierres précieuses sont considérées comme étant les plus plus pures, les plus colorées, les plus belles de la planète. Elles sont donc ainsi les plus recherchées par les joailliers.
Les peuples précolombiens exploitaient déjà des mines, à ciel ouvert. Peu après leur arrivée sur le continent, les conquistadors ont mis la main sur cette richesse et exporté de grandes quantités de pierres précieuses vers le vieux monde.
L’argent que représente le commerce de ces émeraudes a souvent attiré les gangs du banditisme et de la drogue, malheureusement nombreux et puissants dans le pays. Les tensions ont connu un paroxysme dans les années 1980 1990, elles auraient fait plus de 3500 morts dans le département de Boyaca. En 2024 encore, plusieurs personnes ont été assassinées à Bogota pour le contrôle de ces précieuses émeraudes.
Aujourd’hui l’État tente de contrôler le marché, les plus importantes mines, les plus productives, comme celle de Muzo sont exploitées par des groupes internationaux. Il existe cependant des dizaines de mines plus modestes plus difficiles à contrôler, utilisant des méthodes artisanales nécessitant un travail manuel pénible et dangereux comme ici à Coscuez, près de la petite ville montagnarde d’Otanche, où la quasi totalité des familles vit de l’extraction ou du commerce des émeraudes.
Beaucoup de guaqueros, les « chercheurs de trésor », travaillent de façon informelle, sans salaire, échappant ainsi aux radars de l’État. On les trouve dans les mines clandestines, fouillant les sables des rivières ou les graviers rejetés par l’extraction, tels des forçats.
Tous espèrent tomber sur un filon, sur une grosse pierre, s’enrichir rapidement. Cet espoir est très souvent déçu. A proximité des mines, ceux qui vivent le mieux des émeraudes sont les commerçant qui vendent de la bière et de l’alimentation aux guaqueros, et bien sûr les acheteurs venus de Bogota.
Par superstition, les femmes ont longtemps été interdites dans les mines, accusées de faire fuir les émeraudes. Elles sont aujourd’hui nombreuses à y travailler durement aux côtés des hommes.
Dans les exploitations artisanales, le travail se fait à la pioche, à la pelle, à la barre à mine, parfois avec des explosifs et des marteaux piqueurs. Hommes et femmes creusent, s’enfoncent dans les montagnes, extraient et charrient des tonnes de schistes noirs à la recherche des veines de calcite plus claires où se logent les pierres précieuses.
Dans cette zone tropicale, à 200 kilomètres au nord de Bogota, il fait chaud et humide. La température dans les mines dépasse 35 degrés et le taux d’humidité atteint généralement 90 %. Les mineurs terminent leur travail épuisés, déshydratés et noirs de poussière ; poussière qui pénètre aussi largement leurs poumons.
EMERALDS FROM COLOMBIA
Colombia produces more than half the emeralds sold in the world every year. These precious stones are considered to be the purest, most colourful and most beautiful on the planet. They are therefore the most sought-after by jewellers.
Pre-Columbian peoples were already exploiting open-cast mines. Shortly after their arrival on the continent, the conquistadors got their hands on this wealth and exported large quantities of precious stones to the Old World.
The money to be made from the emerald trade has often attracted the country's unfortunately numerous and powerful banditry and drug gangs. Tensions came to a head in the 1980s and 1990s, with more than 3,500 people reportedly killed in the department of Boyaca. As recently as 2024, several people were murdered in Bogotá over control of these precious emeralds.
Today, the state is trying to control the market, and the largest and most productive mines, such as Muzo, are operated by international groups. However, there are dozens of smaller mines that are more difficult to control, using traditional methods that require arduous and dangerous manual labour, as here in Coscuez, near the small mountain town of Otanche, where almost all the families make a living from extracting or trading in emeralds.
Many guaqueros, the ‘treasure seekers’, work informally, without pay, thus escaping the radar of the State. They can be found in clandestine mines, digging like convicts in river sands or in gravel left over from mining operations.
They all hope to stumble across a vein, a big stone, and get rich quick. This hope is very often dashed. Near the mines, those who make the most money from the emeralds are the traders who sell beer and food to the guaqueros, and of course the buyers from Bogotá.
For a long time, women were banned from the mines out of superstition, as they were accused of scaring the emeralds away. Today, many of them work hard alongside the men.
In small-scale operations, work is carried out with pickaxes, shovels and crowbars, sometimes using explosives and jackhammers. Men and women dig deep into the mountains, extracting and hauling away tonnes of black shale in search of the lighter veins of calcite that house the precious stones.
In this tropical zone, 200 kilometres north of Bogotá, it's hot and humid. The temperature in the mines is over 35 degrees and the humidity level is generally 90%. The miners finish their work exhausted, dehydrated and black with dust, which also penetrates deep into their lungs.