BIEN LOIN DU PARADIS, AGBOGBLOSHIE
Au coeur d' Accra, capitale du Ghana il est un quartier qui ne ressemble à aucun autre, celui d'Old Fadama, surtout connu sous le nom d'Agbogbloshie. Certains ghanéens vont jusqu'à le qualifier de Sodome et Gomorrhe africain.
Des dizaines de milliers de personnes vivent là, dans ce qui ressemble plus à un bidonville qu'à un quartier urbain. Pour la plupart ils sont venus du nord du pays, fuyant d'abord les conflits interethniques des années 1980, puis la pauvreté. Agbogbloshie abrite aussi des migrants venus des pays francophones limitrophes.
Une grande partie de l'espace est occupé par une immense déchetterie à ciel ouvert, on y trouve bien sûr des déchets ménagers mais aussi toute sorte de biens de consommation que des travailleurs s'acharnent à désassembler pour en extraire ce qui peut être recyclé, appareils électroniques, électriques, véhicules, etc.
Il y a aussi des vêtements d'occasion inutilisables, venus des pays industrialisés par conteneurs entiers qui se retrouvent mêlés aux ordures. L'ensemble forme parfois de véritables collines d'immondices où vaches et humains cherchent leur subsistance.
Partout des hommes, jeunes pour la plupart, s'évertuent à trier, démanteler ces déchets, pour vendre ce qui peut être recyclé. Certains récupèrent les bouteilles en plastiques, les canettes de boissons, d'autres désassemblent des véhicules à coup de marteaux et burins. D'autres encore brulent des déchets électriques et électroniques en attisant le feu avec des plastiques issus d'ordinateurs, de téléviseurs, de voitures... La zone est constamment noyée sous les fumées toxiques et beaucoup de personnes ont de graves problèmes de santé.
Ces travailleurs invisibles, oubliés, vivent dans des conditions sanitaires et de confort difficilement imaginables, leurs cabanes de planches, de bâches et de tôles disparaissent parfois dans les incendies.
Les femmes, essaient de survivre dans des activités de commerce informels, deviennent porteuses ou finissent par se prostituer. "Ici c'est l'Afrique, nous n'avons pas d'autre choix".
L'endroit a en fait été gagné peu à peu sur une lagune par l'entassement de déchets pendant plus de 40 ans. La pollution des sols, de l'eau et de l'air est extrême, des scientifique estiment qu'il s'agit de l'endroit le plus pollué au monde.
FAR FROM PARADISE, AGBOGBLOSHIE
In the heart of Accra, the capital of Ghana, there is a district that is unlike any other, that of Old Fadama, especially known under the name of Agbogbloshie. Some Ghanaians go so far as to call it the African Sodom and Gomorrah.
Tens of thousands of people live there, in what looks more like a slum than an urban neighborhood. Most of them have come from the north of the country, first fleeing the inter-ethnic conflicts of the 1980s, then poverty. Agbogbloshie is also home to migrants from neighboring French-speaking countries.
A large part of the space is occupied by a huge open-air waste dump, where one can find household waste of course, but also all sorts of consumer goods that workers are working hard to disassemble in order to extract what can be recycled, electronic and electrical appliances, vehicles, etc.
There are also unusable second-hand clothes coming from industrialized countries in whole containers that end up mixed with the garbage. The whole thing sometimes forms real hills of rubbish where cows and humans seek their sustenance.
Everywhere men, mostly young, are busy sorting and dismantling this waste, to sell what can be recycled. Some collect plastic bottles, drink cans, others disassemble vehicles with hammers and chisels. Others still burn electrical and electronic waste by fanning the fire with plastics from computers, televisions, cars... The area is constantly drowned under toxic fumes and many people have serious health concerns.
These invisible, forgotten workers live in sanitary and comfort conditions that are difficult to imagine, their huts made of boards, tarpaulins and metal sheets sometimes disappear in the fires.
The women, trying to survive in informal trade activities, become porters or end up prostituting themselves. "Here is Africa, we have no other choice".
The place has in fact been reclaimed little by little on a lagoon by the piling up of waste for more than 40 years. The pollution of the soil, water and air is extreme, scientists estimate that it is the most polluted place in the world.