Bangladesh, une terre en sursis
L'essentiel du Bangladesh repose sur un lit de sédiments apportés par les grands fleuves dévalant de l'Himalaya. L'équilibre fragile de cette terre naturellement gagnée sur la mer est aujourd'hui fortement menacé du fait du changement climatique.
Tout au sud, la région des Sundarbans, « la belle forêt » en Bengali, subit de plein fouet ces modifications. Un cyclone s'y produisait tous les 20 ans en moyenne il y a encore 50 ou 60 ans. Aujourd'hui le rythme est d'un tous les deux ans. Leur puissance croît d'année en année et des experts estiment que le pays aura perdu 20 % de son territoire d'ici 2050.
Paradoxalement, les périodes entre les moussons sont de plus en plus sèches, abaissant le niveau d'eau de milliers de canaux et rivières dans lesquels s'engouffre l'eau de mer sur des dizaines de kilomètres. Par capillarité, ce sel stérilise des surfaces considérables.
Devant tant de catastrophes la population n'a d'autre choix que de venir s'entasser dans une capitale qui concentre l'essentiel de l'activité économique du pays. Hors période cataclysmique, cette région a pourtant un air de paradis.
Personne n'habite véritablement dans « la belle forêt » laissée aux tigres, serpents et autres animaux, les humains n'y faisant que quelques incursions pour la chasse, la pêche ou la récolte de miel. Les photographies présentées ici ont été faites dans la zone habitée qui la borde.
L'association Gonoshasthaya Kendra, « le centre de santé du peuple » ou plus simplement GK, oeuvre sans relâche dans cette région comme dans le reste du pays. Il est difficile de citer tous ses domaines d'interventions tant ils sont nombreux. Elle y a installé des dizaines d'infirmières, de médecins qu'elle a formés et y a établi des centres de santé. Ses ingénieurs travaillent sur l'hydraulique des canaux d'irrigation, sur de nouvelles variétés de plantes résistantes au sel. GK promeut aussi une agriculture respectueuse de l'environnement. Elle a construit des écoles, des abris anti cycloniques et apporte son aide après chaque catastrophe. En résumé, elle met tout en oeuvre pour que la vie puisse se maintenir dans la région, limitant ainsi le flot des réfugiés.
Bangladesh, a land on borrowed time
Most of Bangladesh lies on a bed of sediments brought by the great rivers flowing down from the Himalayas. The fragile balance of this land naturally reclaimed from the sea is now under severe threat from climate change.
In the south, the Sundarbans region, "the beautiful forest" in Bengali, is experiencing these changes head-on. As recently as 50 or 60 years ago, a cyclone occurred there every 20 years on average. Today, the rhythm is one every two years. Their power is increasing every year and experts estimate that the country will have lost 20% of its territory by 2050.
Paradoxically, the periods between monsoons are increasingly dry, lowering the water level of thousands of canals and rivers into which sea water rushes for dozens of kilometres. By capillary action, this salt sterilises considerable areas.
Faced with so many disasters, the population has no choice but to crowd into a capital that concentrates most of the country's economic activity. Outside of cataclysmic periods, this region looks like a paradise...
No one really lives in the "beautiful forest" left to the tigers, snakes and other animals, with humans only making a few incursions for hunting, fishing or honey gathering. The photographs presented here were taken in the inhabited area that borders it.
The Gonoshasthaya Kendra Association, "the people's health centre" or simply GK, works tirelessly in this region as in the rest of the country. It is difficult to list all of its areas of intervention as they are so numerous. It has installed dozens of nurses and doctors whom it has trained and established health centres. Its engineers are working on the hydraulics of irrigation canals and on new varieties of salt-resistant plants. GK also promotes environmentally friendly agriculture. It has built schools, cyclone shelters and provides assistance after each disaster... In short, it does everything possible to maintain life in the region, thus limiting the flow of refugees.