Le Soupir de L'histoire
Ce projet explore la plantation sucrière du Guyana où mon grand-père a travaillé pendant 15 ans, à travers le regard de ses employés les plus sous-estimés : les coupeurs de canne. L’industrie sucrière du Guyana a eu un impact considérable sur l’histoire du pays et, par extension, sur celle de la Grande-Bretagne, principal bénéficiaire de cette industrie pendant près de deux siècles.
L’industrie sucrière a été nationalisée en 1976, mais les conditions de travail des coupeurs de canne n’ont guère changé depuis l’époque coloniale. Le sucre est toujours récolté à la main : les heures sont longues, le travail dangereux et les salaires maigres. Malgré cela, les coupeurs de canne continuent de travailler dans les champs de ces plantations, qui ont été récoltées par des générations de travailleurs guyanais, de serviteurs sous contrat et d’esclaves avant eux.
Dans certains cas, comme au domaine de Rose Hall, où ce projet a été tourné, la plantation sucrière représente la principale source d’emploi pour les habitants des villages environnants. L'histoire de ces villages est indissociable de celle du domaine – l'un d'eux s'appelle d'ailleurs le village de Cane Field – et, d'une certaine manière, leurs habitants sont prisonniers d'un cycle historique d'exploitation systématique qui remonte à des siècles.
Depuis 2015, année de la découverte d'un gisement pétrolier offshore révolutionnaire en Guyane, la production sucrière a chuté de plus de 70 %. De nombreuses plantations sucrières ont été fermées depuis, et l'avenir de l'industrie est incertain. Sur les plantations qui survivront à la prochaine décennie, les cueilleuses mécanisées pourraient bientôt remplacer les coupeurs de canne à sucre – l'avenir d'une occupation séculaire reste incertain.
Ce projet est avant tout une question de travail. Il s'agit d'une tentative de documenter une forme de travail qui a profondément influencé l'histoire de deux pays, ainsi qu'une ode aux personnes qui se sont livrées à ce travail, à leur dignité face à une exploitation continue et à la vie des communautés dans lesquelles elles vivent.
The Sigh of History
This project is an exploration of the sugar estate in Guyana where my grandfather worked for 15 years, through the eyes of its most undervalued employees: the cane cutters. The sugar industry in Guyana has had an immense impact on the country’s history, and, by extension, on the history of Britain, the main beneficiary of the industry for nearly two centuries.
The sugar industry was nationalised in 1976, but the conditions for cane cutters have not changed much since colonial times. Sugar is still harvested by hand—the hours are long, the work dangerous, the pay meagre. Despite this, the cane cutters continue to work the fields of these estates, which have been harvested by generations of Guyanese workers, indentured servants, and slaves before them.
In some cases, such as at the Rose Hall Estate where this project was shot, the sugar estate represents the primary source of employment for the inhabitants of the surrounding villages. The history of these villages is inseparable from that of the estate—one is actually called the village of Cane Field—and, in a sense, its inhabitants are captive to an historical cycle of systematic exploitation that dates back centuries.
Since 2015, when a transformational offshore oil discovery was made in Guyana, sugar production has declined by over 70%. Many sugar estates have been shut down since then, and the future of the industry hangs in the balance. On estates that do survive the next decade, mechanised harvesters may soon replace cane cutters—the future of a centuries-old occupation remains uncertain.
At its core, this project is about labour. It is an attempt to document a form of labour that has greatly influenced the history of two countries, as well as an ode to the people behind this labour, their dignity in the face of continued exploitation, and the life of the communities in which they live.