EPIES PAR LE LOUP SUR LE PLATEAU DE MILLEVACHES
Septembre 2025....Je dois me rendre sur le plateau de Millevaches pour un reportage sur les attaques de loups qui ne cessent de se produire sur les troupeaux de brebis et même sur de jeunes bovins.
En cette matinée où il ne cesse de pleuvoir, je quitte le Cantal et me dirige vers la Haute Corrèze. Les grosses averses ont cédé la place à une bruine fine et pénétrante. Le plateau de Millevaches est dans la brume. Temps idéal pour aller à la rencontre du loup.
Des loups, devrais-je dire. Car depuis le mois d'août, la présence de 7 individus a été confirmée : 3 adultes et 4 petits.
Les attaques ont lieu régulièrement, parfois en plein jour et dans le village. Les carcasses de brebis se comptent par dizaines. Et de jeunes veaux ont même été tués.
La présence de ces loups divise et déchire la population. Il y a bien sûr ceux qui sont favorables à sa présence et ceux qui doivent faire avec tous les jours : essentiellement des éleveurs.
Villageois, naturalistes, éleveurs, chasseurs, promeneurs.... tout le monde est concerné.
La tension est vive parmi la population.
Les éleveurs sont démunis. Les loups sont malins, opportunistes, observateurs et s'adaptent aux moyens de protection mis en oeuvre.
Nous nous sommes rendus sur un parcours situé dans la Réserve Naturelle de Haute Vézère. Le Parc Naturel autorise certains éleveurs à faire pacager leurs brebis dans ces zones de bosquets, tourbières ou landes afin d'en favoriser l'entretien et d'éviter l'embroussaillement.
L'endroit est magnifique : fougère partiellement dorée par l'automne, callune encore en fleur, hautes herbes sèches, genêts bien verts, bouleaux parsemés de ci de là, à l'écorce blanche et au feuillage léger, quelques bosquets de résineux, plus austères. L'ensemble, baigné d'une légère brume, constitue un cadre propice à la rencontre avec le loup.
Cette végétation est son premier atout : il peut s'y dissimuler aisément. Il lui suffit de se coucher pour disparaître totalement à la vue du berger et des chiens. En outre, les brebis sont à peine visibles dans ces hautes herbes. Il est sans doute facile, bien involontairement, d'en laisser quelques unes à la traîne qui peuvent constituer des proies faciles.
Nous laissons le troupeau et suivons notre berger, qui en est le propriétaire, pour faire le tour du secteur où pacagent ses brebis. Nous circulons entre les tourbières, contournant les bosquets, faisant halte auprès d'un étang, enjambant les callunes, marchant en équilibre sur les touffes d'herbe ou de jonc afin de ne pas nous enfoncez dans les zones sagneuses.
Nous déambulons ainsi pendant plus d'une heure. Nous n'avons pas vu de loup !
Mais le loup ou peut-être plusieurs d'entre eux, nous ont suivi et observé durant toute notre promenade. J'en suis intimement convaincue. Compte tenu des circonstances dans lesquelles les attaques se sont déroulées au fil des mois et qui nous ont été racontées par les éleveurs que nous avons rencontrés dans l'après-midi, il ne peut pas en être autrement. Parfois, dès qu'un berger a le dos tourné, le loup attaque.
Il est donc là, dans les environs, en permanence.
Et aujourd'hui nous n'avons pas échappé à sa surveillance. Il nous a suivi, c'est certain !
SPIED BY THE WOLF ON THE MILLEVACHES PLATEAU
September 2025... I have to go to the Millevaches plateau for a report on the wolf attacks that keep occurring on flocks of sheep and even on young cattle.
On this morning, with the rain pouring down, I leave the Cantal region and head towards the Haute-Corrèze. The heavy downpours have given way to a fine, penetrating drizzle. The Millevaches plateau is shrouded in mist. Ideal weather for encountering the wolf. Or rather, the wolves. Because since August, the presence of seven individuals has been confirmed: three adults and four pups.
The attacks happen regularly, sometimes in broad daylight and in the village. Dozens of sheep carcasses are found. And young calves have even been killed.
The presence of these wolves is dividing and tearing the population apart. There are, of course, those who welcome its presence and those who have to deal with it every day: primarily livestock farmers.
Villagers, naturalists, farmers, hunters, hikers... everyone is affected.
Tensions are running high among the population.
The farmers are helpless. Wolves are clever, opportunistic, observant, and adapt to the protection measures implemented.
We visited a trail located in the Haute Vézère Nature Reserve. The Regional Natural Park authorizes some farmers to graze their sheep in these areas of groves, peat bogs, or heathland in order to maintain them and prevent overgrowth.
The place is magnificent: ferns partially gilded by autumn, heather still in bloom, tall dry grasses, bright green broom, birches scattered here and there with white bark and delicate foliage, and a few more austere groves of conifers. The whole scene, bathed in a light mist, provides a perfect setting for an encounter with a wolf.
This vegetation is its first advantage: it can easily conceal itself. It simply lies down to disappear completely from the sight of the shepherd and the dogs. Furthermore, the sheep are barely visible in these tall grasses. It is undoubtedly easy, quite unintentionally, to leave a few behind, making them easy prey.
We leave the flock and follow our shepherd, who owns it, to walk around the area where his sheep graze. We wandered between the peat bogs, skirting the thickets, stopping by a pond, stepping over heather, balancing on clumps of grass or rushes to avoid sinking into the boggy areas.
We strolled like this for over an hour. We didn't see a single wolf!
But the wolf, or perhaps several of them, followed and watched us throughout our walk. I'm absolutely convinced of it. Given the circumstances of the attacks over the past few months, as recounted to us by the farmers we met that afternoon, it couldn't be otherwise. Sometimes, as soon as a shepherd turns his back, the wolf attacks.
So it's there, in the area, all the time.
And today we didn't escape its watchful eye. It followed us, that's for sure !