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ELEVAGE INTENSIF : LE MODELE ESPAGNOL
Au volant de ma voiture, je traverse l'Espagne du Pays Basque à la Catalogne. Une fois gagné la plaine aux alentours de Huesca, l'autoroute file droit ou presque vers Lerida. Entre ces deux villes, le paysage est quasiment uniforme : des champs immenses, souvent irrigués et des bâtiments où l'on pratique l'élevage intensif : porcs, vaches laitières, volailles essentiellement.
Sur ce trajet, l'épicentre de cet élevage industriel - qui n'est autre que le modèle espagnol - est la ville de Binéfar. De celle-ci, l'on ne distingue finalement que les bâtiments des usines de fabrication des aliments pour bétail, qui de leur hauteur, écrasent le reste de la ville, y compris l'église.
Je décide de sortir de l'autoroute pour gagner la ville de Lerida par la nationale. Ainsi, je m'approche des usines et je tente aussi de m'approcher des fermes, si tel est leur nom. Mais ceci s'avère plus difficile que je ne l'imaginais : souvent coincées entre autoroute, bretelles d'accès et nationale, il est malaisé d'y parvenir. Des pistes en terre, carrossables, les longent parfois, mais souvent privées, leur accès est interdit.
Pour prendre quelques images, je suis obligée de m'arrêter sur une bretelle d'accès, le long d'une glissière de sécurité, etc... Heureusement, en ce samedi, il y a peu de circulation. Les nombreux camions que l'on rencontre habituellement, chargés souvent de porcs ou d'aliment ne circulent pas beaucoup aujourd'hui.
Ce qui me frappe le plus en descendant de voiture, c'est l'odeur qui vous pique le nez. L'air est chargé des relents acides de l'ensilage, du lisier de porcs ou de vaches, des traitements pratiqués sur les cultures, des probables rejets des usines...
Quant aux animaux, au milieu de tous ces hectares de culture, il n'y en a point. Les cochons, par exemple, sont enfermés dans des bâtiments ventilés et ne voient jamais un rayon de soleil et ne fouillent jamais la terre de leur groin. Les vaches laitières, quant à elles, sont parquées sur quelques mètres carrés, sous des auvents et sur un sol nu. Leur veaux sont parqués à côté, dans des logettes en plastique.
Aucun d'eux ne goûte un brin d'herbe fraîche... les veaux ne connaissent pas le parfum du lait de leurs mères !
Quel contraste avec certaines de nos régions françaises où l'on pratique l'élevage dit "extensif", en opposition à celui-ci ; où en zone de montagne, on pratique la transhumance pour permettre aux animaux de profiter des ressources naturelles à disposition, offrant une flore variée.
Cet élevage intensif pose beaucoup de questions :
la qualité des aliments donnés au bétail, la bonne santé des animaux, l'usage des médicaments et antibiotiques, le traitement des effluents, la consommation et le traitement des eaux d'irrigation, le bien-être animal, ....et finalement, la qualité des produits qui en découlent et qui sont proposés au consommateur.
INTENSIVE BREEDING : THE SPANISH MODEL
At the wheel of my car, I cross Spain from the Basque Country to Catalonia. Once I reach the plain around Huesca, the highway runs almost straight to Lleida. Between these two cities, the landscape is almost uniform: immense fields, often irrigated, and buildings where intensive livestock farming is practiced: mainly pigs, dairy cows, and poultry.
On this journey, the epicenter of this industrial livestock farming—which is none other than the Spanish model—is the town of Binéfar. Of this, all that can be seen is the buildings of the cattle feed factories, which, from their height, dwarf the rest of the town, including the church.
I decide to exit the highway and reach the town of Lleida via the main road. Thus, I approach the factories and also try to get close to the farms, if that's what they're called. But this turns out to be more difficult than I imagined: often wedged between the highway, access ramps, and the main road, it's difficult to reach them. Dirt tracks, passable, sometimes run alongside them, but often private, access is prohibited.
To take a few pictures, I'm forced to stop on an access ramp, along a guardrail, etc. Fortunately, on this Saturday, there's little traffic. The many trucks we usually see, often loaded with pigs or feed, aren't moving much today.
What strikes me most when I get out of the car is the smell that stings my nose. The air is thick with the acidic stench of silage, pig or cow manure, treatments applied to the crops, and likely factory emissions...
As for animals, amidst all these hectares of crops, there are none. Pigs, for example, are confined in ventilated buildings and never see a ray of sunlight or poke their snouts in the earth. Dairy cows, on the other hand, are penned in a few square meters, under awnings and on bare ground. Their calves are penned nearby, in plastic stalls.
None of them taste a blade of fresh grass... the calves don't even know the scent of their mothers' milk!
What a contrast with some of our French regions where so-called "extensive" livestock farming is practiced, as opposed to this; where in mountainous areas, transhumance is practiced to allow the animals to take advantage of the available natural resources, offering a varied flora. This intensive livestock farming raises many questions:
the quality of feed given to livestock,the health of the animals,the use of medications and antibiotics,effluent treatment,the consumption and treatment of irrigation water,animal welfare,....and finally, the quality of the resulting products offered to consumers.