ECOBUAGE EN PAYS BASQUE : PRATIQUE PASTORALE ANCESTRALE
Le piémont et la montagne basques se caractérisent par des prairies délimitées et mécanisables, mais aussi par des parcours où paissent les troupeaux de brebis, de vaches ou de chevaux et situés à flanc de montagnes ou de collines, dans de grandes pentes pouvant fréquemment aller au-delà de 40 à 45%. Aucun engin ne peut accéder à ces endroits. Pourtant, l'herbe y pousse et le bétail fréquente bien volontiers ces pentes. D'autant que ces espaces sont indispensables à certaines petites exploitations. Cependant, au fil des mois et des années, une végétation indésirable s'y développe, recouvrant l'herbe et rendant difficile son accès au animaux qui a eux seuls ne peuvent maintenir l'espace suffisamment ouvert. Il s'agit d'ajoncs, de ronces, de bruyères, des fougères, qui ferment l'espace et au milieu desquels s'installent ensuite bouleaux, noisetiers, saules, etc. Régulièrement, il convient de nettoyer cette végétation envahissante. Compte tenu de la topographie, le nettoyage ne peut être pratiqué par des machines. Le feu est le seul recours possible.
Cette pratique de l'essartage plus communément appelée aujourd'hui "feu pastoral", est un technique ancestrale héritée des premiers paysans et bergers afin de dégager les pâturages réservés aux troupeaux, et consiste à brûler les plantes sur pied. Il s'agit d'une pratique très controversée aujourd'hui.
Il y a d'un côté ceux qui y sont favorables, car l'essartage permet non seulement de nettoyer les endroits inaccessibles qui s'embroussaillent, mais aussi d'enrichir les sols. Par ailleurs, des études démontrent que pratiqué en saison hivernale, c'est à dire en période de repos végétatif alors que les sols sont humides ou gelés, les plantes ne sont pas tuées. Les espèces ne sont pas exterminées, puisqu'elles repoussent par la suite. Seules les parties aériennes de la plante sont détruites. Le feu ne fait que ralentir leur développement. Si bien qu'il faut recommencer les opérations régulièrement.
Par ailleurs, le feu permet de contrôler les parasites externes tels que les tiques, réduit les risques naturels tels que les incendies et les avalanches dans certaines régions.
Mais il y a également les effets négatifs de l'essartage : la détérioration de zones plus fragiles suite à des feux non contrôlés ou sauvages ; les émissions de particules fines ; l'impact sur les pratiques des autres acteurs des zones concernées (randonneurs, chasseurs, etc...).
Quoi qu'il en soit, les feux pastoraux sont autorisés dans les zones pastorales et notamment en Pays Basque où un arrêté préfectoral du 22 octobre 2012 les réglemente. Ces feux sont pratiqués sur une période déterminée (du 15 octobre au 31 mars selon l'altitude des zones concernées), sur autorisation dont la demande est déposée auprès du maire de la commune où se situe le terrain soumis à essartage, avec identification du responsable des opérations, du propriétaire du terrain le cas échéant, des surfaces concernées avec localisation de leur situation sur une carte. Le jour J, le maire est averti de nouveau, lequel prévient la gendarmerie et l'ONF. Le responsable des feux avertit également le SDIS et met en place une signalétique à proximité des lieux concernés à destination des autres usagers.
Pour ou contre, les paysages ouverts de certaines régions seraient depuis bien longtemps refermés et boisés si cette pratique qui remonte aux origines du pastoralisme, n'avait pas perduré. Par ailleurs, elle nécessite une vraie technicité de la part des éleveurs afin d'être réalisée dans les meilleures conditions.
BURNING IN THE BASQUE COUNTRY : ANCESTRAL PASTORAL PRACTICE
The Basque foothills and mountains are characterised by demarcated and mechanisable meadows, but also by paths where herds of ewes, cows or horses graze and located on the sides of mountains or hills, on steep slopes that can often exceed 40 to 45%. No machinery can access these places. However, grass grows there and livestock happily frequent these slopes. Especially since these spaces are essential to certain small farms. However, over the months and years, undesirable vegetation develops there, covering the grass and making it difficult for animals to access it, which alone cannot keep the space sufficiently open. These are gorse, brambles, heather, ferns, which close the space and in the middle of which birch, hazel, willow, etc. then settle. This invasive vegetation should be cleaned regularly. Given the topography, clearing cannot be done by machines. Fire is the only possible recourse.
This practice of clearing, more commonly called "pastoral fire" today, is an ancestral technique inherited from the first farmers and shepherds in order to clear pastures reserved for herds, and consists of burning standing plants. This is a very controversial practice today.
On the one hand, there are those who are in favor of it, because clearing not only cleans inaccessible areas that become overgrown, but also enriches the soil. Furthermore, studies show that when practiced in winter, that is to say during the vegetative rest period when the soil is damp or frozen, the plants are not killed. The species are not exterminated, since they grow back afterwards. Only the aerial parts of the plant are destroyed. Fire only slows down their development. So much so that operations must be repeated regularly.
In addition, fire helps control external parasites such as ticks, reduces natural risks such as fires and avalanches in certain regions.
But there are also the negative effects of clearing: the deterioration of more fragile areas following uncontrolled or wild fires; fine particle emissions; the impact on the practices of other stakeholders in the areas concerned (hikers, hunters, etc.).
In any case, pastoral fires are authorized in pastoral areas and in particular in the Basque Country where a prefectural decree of October 22, 2012 regulates them. These fires are practiced over a specific period (from October 15 to March 31 depending on the altitude of the areas concerned), upon authorization for which the request is filed with the mayor of the municipality where the land subject to clearing is located, with identification of the person responsible for the operations, the owner of the land if applicable, the areas concerned with their location on a map. On D-Day, the mayor is notified again, who notifies the gendarmerie and the ONF. The person responsible for the fires also notifies the SDIS and puts up signage near the places concerned for other users.
For or against, the open landscapes of certain regions would have been closed and wooded a long time ago if this practice, which dates back to the origins of pastoralism, had not continued. Furthermore, it requires real technical expertise on the part of the breeders in order to be carried out in the best conditions.