Au mille sources la belle vie
Nous avons quitté la région parisienne pour nous installer sur le plateau de Millevaches, sur la Montagne
limousine dans la Creuse, département « hyper rural » par excellence, où la population semble porteuse de visions,
d'envies communes, d'initiatives et de projets collectifs ; réinvente des formes de vie en société et de nouvelles
formes d'appréhensions du paysage, de nouvelles façons d'habiter l'espace rural. Territoire où nous pouvons offrir à
nos enfants la possibilité d'être en contact permanent avec la nature, instaurer un autre rapport au monde vivant.
Ce projet entremêle mes préoccupations éco-sensibles et deux motifs qui m’intéressent
particulièrement : l’enfance – dans son rapport au corps, à l’espace, sa relation au vivant –, et la nature.
Je questionne ce temps de l’enfance considéré parfois comme Arcadie – paradis perdu, temps
révolu – dans sa relation originelle au monde vivant. Je photographie cet état de porosité de l’enfant au
monde, où les interrelations entre le sujet, la matière et le vivant sont premières et passent par le corps –
les sens. L’enfant est rêveur, explorateur , entretient aussi un rapport imaginatif et intense au monde.
Les images évoquent les sensations, donnent à (re)sentir la douceur du végétal, le soleil qui chauffe
la peau l’été, le corps immergé dans l’eau du lac...
Corps et végétaux sont appréhendés dans leur dimension sculpturale jouant avec le cadre,
l’envahissant. Les êtres, sans distinction, humains et plus qu’humains, cohabitent et se répondent. Les vues
rapprochées – parfois presque abstraites –, close-up, de matière végétale sont perçues comme puissance
végétale. Ces morceaux de nature jouent comme des synecdoques et matière à rêver.
Face au constat de notre éloignement croissant de la nature et l’appauvrissement de notre
sensibilité à son égard, ce projet questionne notre relation au monde, invite à une possible réconciliation,
émerveillement, réenchantement ; il envisage des voies de passage à une sensibilité que l’adulte semble
avoir perdue.
Projet ayant obtenu le soutien à la photographie documentaire contemporaine du CNAP, 2022
To a thousand sources, the good life
Faced with our growing distance from nature and our impoverished nature and our diminishing sensitivity to it, a number of city dwellers are taking the plunge and moving to the countryside. We're one of them, we're leaving the Paris region to go green, to go to countryside to offer our children the chance to be in permanent contact with nature, and to establish a new relationship with the world and the living world.
We're heading for the Millevache plateau in the Limousin Mountain in Creuse, a "hyper-rural" département par excellence, but one where net migration in recent years, perhaps due to its social, cultural, militant and political roots, cultural, militant and political ground. The population seems to have a vision, collective initiatives and projects, reinventing ways of living together and new ways of looking at the landscape, new ways of living in the countryside.
A territory where we can offer our childrenthe opportunity to be in constant contact with nature, to establish a different relationship with the living world.
I question this time of childhood, sometimes considered as Arcadia - a lost paradise, a bygone era - in its original relationship with the living world. I photograph the child’s state of porosity to the world, where the interrelations between the subject, matter and living things are primary and pass through the body - the senses. Children are dreamers and explorers, and have an intense, imaginative relationship with the world.
The images evoke sensations, allowing us to (re)feel the softness of plants, the sun that warms the skin in summer, the body immersed in the water of a lake...
Bodies and plants are apprehended in their sculptural dimension, playing with and invading the frame. People, without distinction, human and more than human, live together and respond to each other. The close-up - sometimes almost abstract - views of plant matter are perceived as plant power. These pieces of nature act as synecdochs and material for dreaming.
In the face of our growing distance from nature and our impoverished sensitivity to it, this project questions our relationship with the world, inviting us to a possible reconciliation, a sense of wonder, a re-enchantment; it envisages ways of moving towards a sensitivity that adults seem to have lost.
This project is supported by the CNAP - 2022 for cotemporary documentary photography.
