OASIS KERLANIC - UNE COMMUNAUTÉ AUTONOME EN BRETAGNE #3
C'est un nouvel été à l'Oasis Kerlanic, la pandémie de Covid-19 a également joué un rôle ici et les choses ont changé. Audrey nous raconte :
« J'ai été au courant en appelant une amie par hasard que les écoles allaient être fermées, j'ai ensuite appris pour le confinement. Clairement, j'ai de tout de suite eu peur des comportements humains, c'est ce qui m'a fait le plus appréhender. Peur du sentiment de peur qui aurait pu engender la colère et la violence. J'ai également eu de l'espoir, l'espoir qu'on arrête de produire en Chine, que les gens consomment différemment, que les parents passent plus de temps avec leurs enfants et commence à se parler.
Durant le confinement, je suis resté à la maison car j'étais considérée comme une personne à risques. Comme d'habitude, on allait au potager, on s'occupait des animaux, on produisait ce qu'on consommait, on faisait des jeux de société. On avait la chance d'être confiné sur deux hectares et demi. J'ai également été forcée d'apprendre à me servir des nouvelles technologies car les gens, leurs câlins et leurs sourires me manquaient.
Ce temps m'a permis de continuer la fabrication artisanale de produits "zéro déchets" dans mon atelier de couture et je me suis concentré sur la production de masques réutilisables que je vendais à prix coutant »
Vincent, son compagnon, s'occupant beaucoup de la partie agricole du lieu, cela permets à Audrey de se concentrer sur ses autres activités.
Comme nous l'explique Audrey, la vie en communauté a elle aussi évoluée. Désormais, à l'année, le lieu n'est habité que par Audrey, Vincent et Noa son fils.
« La vie en communauté est cyclique. Des personnes arrivent, forment un groupe, d'autres s'en vont. A la fin du dernier cycle, nous avons choisi de faire une pause dans la vie en communauté pour réfléchir à quel accueil nous voulions faire. En corrélation avec cela, il est arrivé des choses graves à des personnes qui me sont chères et elles ont eu du mal à trouver une écoute bienveillante. J'ai naturellement donné de mon temps et de mon amour. Je me suis senti utile. Je me suis aperçu que, suite à mes expériences personnelles, j'étais en capacité d'apporter un accompagnement émotionnel.
Tout est devenu ensuite plus clair. C'était le nouveau chemin que je voulais emprunter avec l'Oasis Kerlanic qui était déjà un lieu de paix. Ainsi, il s'agit désormais d'un lieu d'accueil de courte durée pour les personnes ayant traversée des évènements traumatiques, notamment pour les victimes de violences, agression sexuelle, accident ainsi que les personnes en deuil et les aidants. Pour le moment, ce sont principalement des femmes qui viennent chercher de la sérénité, de la compréhension et des informations sur les possibilités de réparation des préjudices subies.
Noa a pris cette nouvelle avec beaucoup de bienveillance. Il est plein d'empathie et contribue à cette sérénité globale. »
Il a maintenant onze ans et se complaît dans la fin de la vie en communauté. « Je préfère aller voir mes copains chez eux plutôt qu'il y ai tout le temps des gens ici. On se voit souvent. En plus, depuis le Covid, beaucoup d'entre eux ne sont plus scolarisés. ».
En continuant de grandir, ses choix s'affirment : « Maintenant, j'ai encore moins envie de retourner à l'école. Je n'ai pas envie d'être pressé par les obligations des profs. Je veux pouvoir creuser et aller au bout de ce qui m'intéresse. Là je veux apprendre l'anglais car c'est la matière que je connais le moins. Et j'aime bien l'idée de pouvoir parler d'une autre manière. Je vais apprendre avec ma cousine anglophone.
Comme les autres, je suis tout le temps en train d'apprendre. J'aide Vincent à s'occuper des animaux, je vais dans la forêt et j'ai un trampoline maintenant. Je fais beaucoup de musiques, j'aime beaucoup les instruments et je joue aussi à la console. ».
OASIS KERLANIC - AN AUTONOMOUS COMMUNITY IN BRITTANY #3
It's a new summer at Oasis Kerlanic, the Covid-19 pandemic has also played a role here and things have changed. Audrey tells us:
"I found out by calling a friend by chance that the schools were going to be closed, I then found out about the lockdown. Clearly, I was immediately afraid of human behaviour, that's what made me the most apprehensive. Fear of the feeling of fear that could have led to anger and violence. I also had hope, hope that production in China would stop, that people would consume differently, that parents would spend more time with their children and start talking to each other.
During the lockdown, I stayed at home because I was considered a person at risk. As usual, we went to the vegetable garden, we looked after the animals, we produced what we ate, we played board games. We were lucky to be confined to two and a half hectares. I was also forced to learn how to use new technologies because I missed the people, their hugs and smiles.
This time allowed me to continue the artisanal manufacture of "zero waste" products in my sewing workshop and I concentrated on the production of reusable masks which I sold at cost price.
Vincent, her companion, takes care of a lot of the agricultural part of the place, which allows Audrey to concentrate on her other activities.
As Audrey explains, life in the community has also changed. Now, all year round, the place is inhabited only by Audrey, Vincent and her son Noa.
"Community life is cyclical. Some people arrive, form a group, others leave. At the end of the last cycle, we chose to take a break from community life to think about what kind of welcome we wanted to give. In correlation with this, serious things happened to people I care about and they found it difficult to find a sympathetic ear. I naturally gave my time and love. I felt useful. I realised that, as a result of my personal experiences, I was able to provide emotional support.
Then everything became clearer. This was the new path I wanted to take with the Oasis Kerlanic, which was already a place of peace. So, it is now a short term place for people who have gone through traumatic events, especially for victims of violence, sexual assault, accidents as well as for bereaved people and carers. At the moment, it is mainly women who come to seek serenity, understanding and information on the possibilities of reparation for the harm they have suffered.
Noa has taken this news in stride. He is full of empathy and contributes to this overall serenity. "
He is now eleven years old and is enjoying the end of community life. "I prefer to go and see my friends at home rather than having people here all the time. We see each other often. Besides, since Covid, many of them are no longer in school. ".
As she continues to grow, her choices become clearer: "Now I don't want to go back to school. I don't want to be rushed by teachers' obligations. I want to be able to dig deep and go after what interests me. Right now I want to learn English because it's the subject I know the least about. And I like the idea of being able to speak in a different way. I'm going to learn with my English-speaking cousin.
Like the others, I'm always learning. I help Vincent with the animals, I go to the forest and I have a trampoline now. I play a lot of music, I like instruments a lot and I also play the console. ".