Melilla : Les Portes de l'Europe
L'enclave Espagnole de Melilla est située sur la côte nord-ouest de l'Afrique. Elle se trouve dans le territoire marocain, duquel elle est séparée par une triple barrière frontalière de 7 mètres de haut et 12 km de long. Un ouvrage qui a coûté 33 millions d'euros.
En quelques mois, Melilla est devenu l'un des chemins de migration clandestine les plus importants avec l'île de Lampedusa en Sicile. Chaque semaine, des milliers de migrants, pour la plupart subsahariens tentent de franchir cette barrière au péril de leur vie. Basés en repli dans des campements de fortunes sur les pentes du mont Gurugu au Maroc, ils attendent l'opportunité de pénétrer dans l'espace Schengen pour y effectuer une demande d'asile. Les autorités espagnoles, en étroite collaboration avec la police marocaine, sont totalement dépassées par ces vagues migratoires à répétition, en dépit des nombreux contrôles aux postes frontière et de la mise en place de caméras thermiques et de radars de surveillance.
Face à l'immobilisme de l'union européenne, Melilla et Ceuta (seconde enclave espagnole en territoire marocain) risquent de s'enliser dans une situation qui pourrait tendre les relations entre les deux pays. Alors que plus de 4.300 personnes ont pénétré dans l'enclave espagnole en 2013, les ONG s'attendent à une augmentation de ce chiffre. Il n'est pas exclu que d'ici à la fin de l'année, plus de 7.000 personnes parviennent à franchir les barrières entre les deux continents. Dans le même temps les institutions de l'Union n'attribuent que trop peu de moyens aux pays qui sont confrontés à l'arrivée de ces migrants qui pour la plupart se retrouvent dans des conditions de vie déplorables.
Ce matin de mai 2014, vers 6h30, profitant de la brume matinale, plus de 500 migrants prennent d'assaut la barrière frontalière en deux endroits dans le but de diviser les forces de police. Seulement 140 réussiront à passer prés du poste-frontière de « Barrio Chino ». Les autres resteront prés de six heures perchés sur ces grillages avant d'être délogés par la guardia civil, dont les méthodes musclées sont largement dénoncées par les ONG. Tous seront renvoyés au Maroc.
Pour ceux qui réussissent à passer, le CETI de Melilla (centre d'accueil temporaire pour les immigrés) constitue un « eldorado », mais surtout la première étape européenne vers la France l'Angleterre ou l'Allemagne. Suite à la dernière vague migratoire, ils seraient environ 2.000 personnes, dont 40% de Syriens, dans un centre prévu pour 480, à attendre de voir leur demande d?asile étudiée et de pouvoir passer sur la péninsule. Face à cette surpopulation et au manque de moyens attribués par l'Union, le gouvernement de Melilla et les affaires sociales ont dû faire appel à l'armée pour trouver des lits supplémentaires. Ces milliers de migrants dorment entre vingt et trente par dortoir. Dans ces conditions difficiles, une grande partie d'entre eux passe toute la journée devant le centre dans un campement de fortune dans lequel ils se regroupent par origine pour s'isoler, se détendre et se reposer. La nuit tombée, ils démontent leurs abris, rentrent au centre, en attendant de les remonter le jour suivant.
Melilla: The Gateway to Europe
The Spanish enclave of Melilla is located on the northwest coast of Africa. It is located in Moroccan territory, from which it is separated by a triple border fence 7 meters high and 12 km long. A work that cost 33 million euros.
In a few months, Melilla has become one of the most important routes for illegal migration, along with the island of Lampedusa in Sicily. Every week, thousands of migrants, mostly sub-Saharan, attempt to cross this barrier at the risk of their lives. Based in makeshift camps on the slopes of Mount Gurugu in Morocco, they wait for the opportunity to enter the Schengen area to apply for asylum. The Spanish authorities, in close collaboration with the Moroccan police, are totally overwhelmed by these repeated waves of migration, despite the numerous controls at the border posts and the installation of thermal cameras and surveillance radars.
Faced with the European Union's inaction, Melilla and Ceuta (the second Spanish enclave on Moroccan territory) risk becoming bogged down in a situation that could strain relations between the two countries. While more than 4,300 people entered the Spanish enclave in 2013, NGOs expect this number to increase. It is not excluded that by the end of the year, more than 7,000 people manage to cross the barriers between the two continents. At the same time, the institutions of the Union allocate too few resources to the countries that are confronted with the arrival of these migrants, most of whom find themselves in deplorable living conditions.
This morning of May 2014, around 6:30 am, taking advantage of the morning mist, more than 500 migrants stormed the border fence in two places with the aim of dividing the police forces. Only 140 of them managed to pass near the border crossing of "Barrio Chino". The rest of them will remain perched on the fence for nearly six hours before being dislodged by the Guardia Civil, whose heavy-handed methods are widely denounced by NGOs. All will be sent back to Morocco.
For those who manage to get through, the CETI in Melilla (temporary reception center for immigrants) is an "Eldorado", but above all the first European step towards France, England or Germany. Following the last wave of migration, there are about 2,000 people, 40% of whom are Syrians, in a center designed for 480, waiting to have their asylum applications examined and to be able to pass to the peninsula. Faced with this overcrowding and the lack of resources allocated by the Union, the government of Melilla and the Social Affairs Department have had to call on the army to find additional beds. These thousands of migrants sleep between twenty and thirty per dormitory. In these difficult conditions, many of them spend the whole day in front of the center in a makeshift camp where they gather by origin to isolate themselves, relax and rest. When night falls, they dismantle their shelters and return to the center, waiting to reassemble them the following day.