Sincerely, Tendrara
Dans tout le Maroc, les communautés nomades disparaissent lentement ; contraints par la désertification et la fréquence croissante des sécheresses, les nomades restants abandonnent peu à peu leurs traditions pastorales et leur mode de vie. Selon le dernier recensement, la population nomade marocaine (connue sous le nom de Rouhal) a diminué de 63 % pour atteindre environ 25 000 personnes en l'espace d'une décennie. La sédentarisation de ces communautés a des conséquences multidimensionnelles : de la migration environnementale forcée nationale et internationale à la perte du patrimoine culturel. Elle expose également la vulnérabilité particulière des femmes et des enfants, dont les caractéristiques socio-économiques et éducatives sont inférieures aux moyennes nationales. Le rapport Groundswell 2021 de la Banque mondiale estime que, rien qu'en Afrique du Nord, le nombre de migrants climatiques internes pourrait atteindre 19,3 millions d'ici 2050, soit 9 % de la population prévue de la région. Ce sont le plus souvent des hommes jeunes qui émigrent vers les villes du nord, faisant partie de la crise migratoire mondiale, la communauté laissée pour compte étant généralement composée de personnes âgées, de femmes et d'enfants.
Tendrara est une région aride dans la partie la plus orientale du Maroc et abrite les derniers nomades Beni Guil de la province. Divers documents font remonter l'origine des Beni Guil dans cette région au 10e siècle. Ils vivaient principalement comme des bergers selon un modèle de migration saisonnière en fonction des conditions météorologiques prévisibles. En raison du processus constant de désertification dans la région, les ressources naturelles en eau et en pâturages diminuent et les couloirs de passage du bétail se réduisent. Les éleveurs nomades sont contraints de vendre leurs moutons et leurs biens et de se rapprocher de la ville. Leurs anciennes économies nomades d'agriculture et de pâturage disparaissent, ce qui, associé à un taux élevé d'analphabétisme, se traduit par peu de possibilités d'emploi et une perte d'autonomie économique. Avec eux disparaît une culture riche et séculaire construite autour de la poésie et des contes. Les Beni Guil sont incapables de renouer avec leur identité et leur patrimoine se meurt, lentement et tranquillement, derrière des portes closes. Les conséquences physiques et émotionnelles de cette situation sur la vie des gens sont immenses. Les membres du Beni Guil décrivent la situation comme une "mort lente".
Sincerely, Tendrara
Across Morocco, nomadic communities are slowly disappearing; forced by desertification and an increasing frequency of droughts, the remaining nomads are slowly giving up their pastoral traditions and lifestyle. According to the last census, the Moroccan nomad population (known as Rouhal) shrunk by 63% to about 25,000 people in just a decade. The sedentism of these communities has multidimensional consequences: from national and international forced environmental migration, to the loss of cultural heritage. It also exposes the particular vulnerability of women and children, whose socio-economic and educational characteristics are below national averages. The 2021 World Bank Groundswell report estimates that in North Africa alone, internal climate migrants could increase to 19.3 million by 2050, representing 9% of the region's projected population. Most commonly it is young men that emigrate to northern cities, forming part of the global migration crisis, with the left behind community commonly consisting of the elderly, women, and children.
Tendrara is an arid region in the easternmost part of Morocco and home to the last remaining Beni Guil nomads in the province. Various documents trace the origin of the Beni Guil in this region all the way back to the 10th century, living primarily as shepherds in a pattern of seasonal migration according to predictable weather conditions. As a result of the steady desertification process in the area, the natural water and grazing resources are shrinking and livestock corridors are decreasing. The nomadic herders are forced to sell their sheep and goods and move closer to the town. Their ancient nomadic economies of agriculture and pastoring are disappearing, which coupled with a high rate of illiteracy, results in few options for employment and a loss of economic autonomy. With them disappears a century-old, rich culture built around poetry and story-telling as the Beni Guil are unable to reconnect with their identity and their heritage is dying, slowly and quietly behind closed doors. The physical and emotional consequences of this on people's lives are immense. Members of the Beni Guil describe the situation as a "slow dying death".