Le tourisme des éléphants en pleine mutation
La Thaïlande est l?épicentre mondial du tourisme des éléphants. Aujourd?hui, le pays accueille environ 7000 pachydermes, la moitié à l?état sauvage dans des réserves naturelles, l?autre en captivité, majoritairement dans des camps et sanctuaires. Parce qu'il n'y a pas de directives ou de normes réellement imposées, chaque établissement gère les animaux en fonction de ses propres critères ou ses limites financières. L?évolution des mentalités et l?influence des réseaux sociaux ont ainsi amené à des critiques et prises de positions de la part des touristes et activistes de plus en plus polarisées, allant jusqu?à réclamer un arrêt de toute forme de tourisme, une perspective incompatible avec les croyances et la tradition Thaï, et dont dépend de fait la survie de l?espèce dans la région.
Alors qu?une transformation lente du secteur était à l??uvre, la pandémie du COVID19 vient rebattre les cartes, et repose la question des modèles à trouver pour proposer de meilleures conditions de vie aux animaux, encore majoritairement considérées comme mauvaises.
La chute du nombre de touristes étrangers a lourdement impacté le secteur, et de nombreux Mahouts -les gardiens des éléphants- se sont ainsi retrouvés sans emploi, contraints de rentrer dans leur région d?origine, avec leur animal si celui-ci leur appartenait. Or, dans la majorité des cas, c?est le camp qui possède les animaux. Ceux-ci se retrouvent alors sous surveillance d?un employé qui doit alors garder jusqu?à 4 ou 5 animaux, aux caractères différents. Perturbation émotionnelle, activité et temps de sociabilisation réduits, mais aussi moins d?inspection pour détecter d?éventuels blessures et problèmes de santé ou amener l?animal à l?hôpital, les conséquences sur le bien-être et la santé physique sont réelles. Si certains camps disposent de fonds conséquents, pour beaucoup, la perte des revenus touristiques a entraîné une baisse en quantité et qualité de nourriture distribuée aux éléphants, mais aussi un rognage sur les frais vétérinaires.
Pour faire face, quelques organisations ont mis en place des fonds spéciaux ; les réseaux sociaux, déjà très présents dans l'équation, prennent également un rôle encore plus important. Des plus grands camps dotés de chargés de communication, aux mahouts seuls dans la forêt, ils mettent en place de nouveaux moyens pour faire appel aux dons du monde entier : une visite du camp sur Zoom, une fête des fruits en direct sur Facebook, Youtube ou Tik Tok, ou une simple plongée dans le quotidien d'animaux iconisés : Ronaldo, Lucky, Buaban?
La question des sources de revenus et de leur redistribution vers les communautés locales est centrale. Cependant, la pandémie a montré qu'en temps de crise, ce sont finalement les Mahouts qui sont les derniers garants du bien-être quotidien des animaux, avec lesquels ils ont souvent un réel attachement affectif. Le métier est aujourd?hui l?un des plus bas de la société Thaïlandaise et propice à l?exploitation de communautés défavorisées ou d?immigrés Birmans. Donner les moyens à ceux qui sont en première ligne d'offrir les meilleures conditions de vie possibles aux éléphants pourrait être la clé pour que l'animal ne soit pas considéré comme une simple source de revenus. « Un Mahout heureux fait un éléphant heureux » ?. L?adage est simpliste, mais sûrement un prérequis pour un traitement respectueux des éléphants leur offrant une vie digne d?être vécue.
New Elephant Shows
Thailand is the world's epicentre of elephant tourism. Today, the country is home to approximately 7,000 pachyderms, half in the wild in nature reserves, the other half in captivity, mostly in camps and sanctuaries. Because there are no real guidelines or standards imposed, each establishment manages the animals according to its own criteria or financial limits. Changing attitudes and the influence of social networks have led to increasingly polarised criticism and stances from tourists and activists, even calling for a halt to all forms of tourism, a perspective that is incompatible with Thai beliefs and tradition, and on which the survival of the species in the region depends.
While a slow transformation of the sector was underway, the COVID19 pandemic has reshuffled the deck and raised the question of what models should be found to provide better living conditions for the animals, which are still mostly considered to be poor.
The fall in the number of foreign tourists has had a heavy impact on the sector, and many Mahouts - the elephant keepers - have found themselves unemployed, forced to return to their region of origin, with their animal if it belongs to them. In most cases, however, the camp owns the animals. The animals are then under the supervision of an employee who has to keep up to 4 or 5 animals with different characteristics. Emotional disturbance, reduced activity and socialisation time, but also less inspection to detect possible injuries and health problems or to take the animal to hospital, the consequences on the well-being and physical health are real. While some camps have substantial funds, for many, the loss of tourism revenue has led to a decrease in the quantity and quality of food distributed to the elephants, as well as a reduction in veterinary costs.
To cope, some organisations have set up special funds; social networks, already very much part of the equation, are also taking on an even more important role. From the biggest camps with communication officers to the mahouts alone in the forest, they are setting up new ways to appeal for donations from all over the world: a visit to the camp on Zoom, a live fruit party on Facebook, Youtube or Tik Tok, or a simple dive into the daily life of iconised animals: Ronaldo, Lucky, Buaban...
The question of revenue sources and their redistribution to local communities is central. However, the pandemic has shown that in times of crisis, it is ultimately the Mahouts who are the last guarantors of the daily well-being of the animals, with whom they often have a real emotional attachment. The profession is now one of the lowest in Thai society and is conducive to the exploitation of disadvantaged communities or Burmese immigrants. Empowering those on the front line to provide the best possible living conditions for elephants could be the key to ensuring that the animal is not seen as a mere source of income. "A happy Mahout makes a happy elephant. The adage is simplistic, but surely a prerequisite for the respectful treatment of elephants offering them a life worth living.