Lutte contre l'A69
L'A69 ou plus précisement liaison autoroutière Castres-Toulouse A69/A680 est un projet d'autoroute en construction qui relirait Castres à Toulouse sur environ 62km (53 km d'A69 et 9km de bretelle A680). Il s'agit d'un projet né dans les années 1990 ayant comme motivations principales le « désenclavement » et « le développement économique du bassin de Castres-Mazamet », selon les mots de l'ancienne ministre Élisabeth Borne. Le projet a reçu le soutien du gouvernement et de certains élus politiques, plutôt élitistes, à l'instar de
Carole Delga (PS), présidente de la région Occitanie depuis 2016 qui juge « indispensable » cette infrastructure dans le « seul bassin économique de plus de 100 000 habitants aujourd'hui privé d'autoroute » précise Bernard Carayon (Les Républicains), conseiller régional d'Occitanie depuis 2016 et maire de Lavaur depuis 1995. Cependant ce projet ne fait pas l'unanimité chez les élus locaux, loin de là, où seuls « 21 % d'entre eux ont manifesté leur soutien [à l'A69] suite à l'appel du président de l'Association des Maires et
Élus du Tarn », affirme une tribune co-signée par 160 élus du territoire opposés au projet. Aussi, de nombreux citoyens se sont exprimés dans l'enquête publique au travers de plus de 6 200 contributions, à 90 % défavorables. Depuis plusieurs années déjà, les habitants de la val lée du Girou, des collectifs et des associations ont pris des positions de lutte face à ce projet dont ils interrogent l'utilité et le débat
démocratique quand celui-ci est bafoué.
Jusqu'à présent, la principale route entre les villes de Castres et Toulouse est la RN126 sur laquelle sont comptabilisés une moyenne de 8 000 véhicules par jour selon le concessionnaire de l'autoroute ATOSCA (filiale NGE) et presque moitié moins selon des sources d'opposition. Cependant, la proposition d'aménagement de la route existante, déjà connu à l'époque du projet d'autoroute et soutenue par différents collectifs et élus a été écartée. Pourtant cette option permettrait de conserver une route accessible à tous car
gratuite, des conserver les deux sections rapides existantes en 2x2 voies, d'ajouter des tronçons avec dépassement et d'améliorer la sécurité de circulation. Une alternative, moins coûteuse, dont l'impact environnemental et social serait moindre, répondant largement aux besoins actuels. Le Commissariat Général à l'Investissement, dans une contre-expertise, soulignait déjà, plusieurs années en arrière, que « la capacité de l'infrastructure proposée reste très largement au dessus des besoins estimés à moyen et long terme [et que]
les trafics attendus ne dépassent guère les 15.000 véhicules/jour quand une autoroute à 2x2 voies peut [en] supporter plus de 40.000 en conditions normales de circulation ». Démocratiquement et techniquement, le projet ne tient pas.
Pourtant, en 2018, le projet à fait l'objet d'une Déclaration d'Utilité Publique (DUP) puis d'une loi de « priorité nationale » en 2019. Dans le rapport de l'enquête publique émis début 2023, il est indiqué sur les impacts économiques qu'« aucune démonstration concrète n'est présentée ni aucun chiffrage évalué ». L'année précédente, l'Autorité Environnementale avait jugée « anachronique » ce projet et le Conseil National de la Protection de la Nature précisait que cette autoroute « s'inscrit en contradiction avec les engagements nationaux en matière de lutte contre le changement climatique, d'objectif du zéro artificialisation nette et du zéro perte nette de biodiversité, ainsi qu'en matière de pouvoir d'achat ». Ceci, sans rappeler les prises de position contre ce projet d'autoroute de plusieurs milliers de scientifiques au travers de tribunes et soutiens sur les luttes dont Mme Valérie Masson Delmotte et Christophe Cassou, climatologues internationalement reconnus pour leur implications dans les travaux du GIEC. Car, ce projet s'inscrit dans un contexte critique où les répercussions écologiques, sur la biodiversité et le climat seront d'ampleur. A minima, plus de 366ha de terres seront impactées dont des zones naturelles détruites et la très grande majorité : agricole, sera accaparée au détriment de celles et ceux qui la cultivent. Pourtant malgré ces indications, ces alertes, ces avis défavorables, l'entêtement d'État persiste.
Contrairement aux idées véhiculées par les décideurs, les travaux scientifiques présentent une autre vision de l'infrastructure autoroutière. Dans une note publiée en juin 2023 sur les effets structurants de l'A69, des chercheurs de l'Institut national universitaire Champollion, à Albi (Rémi Bénos enseignant-chercheur en géographie de l'environnement et François Taulelle professeur des universités en géographie, aménagement et urbanisme) concluent qu « il ne s'agit pas d'une logique de « désenclavement » d'un territoire qui serait en
« crise », mais d'une logique d'accélération de la croissance de certaines activités économiques par la réduction des coûts et l'accès au potentiel logistique qu'offre le bassin Castres-Mazamet » et que « le projet d'autoroute A69 est avant tout un soutien au développement économique de la métropole toulousaine ». On le voit, ce projet n'est en rien destiné à répondre aux besoins des habitants ni des dynamiques économiques locales mais plutôt celui d'un aménagement « colonial » d'État aux services des logiques de mondialisations
et capitalistiques dans lesquelles, le groupe pharmaceutique Pierre Fabre, dont le siège est à Castres, est bien impliqué.
Opposition to the A69 highway
L'A69 ou plus précisement liaison autoroutière Castres-Toulouse A69/A680 est un projet d'autoroute en construction qui relirait Castres à Toulouse sur environ 62km (53 km d'A69 et 9km de bretelle A680). Il s'agit d'un projet né dans les années 1990 ayant comme motivations principales le « désenclavement » et « le développement économique du bassin de Castres-Mazamet », selon les mots de l'ancienne ministre Élisabeth Borne. Le projet a reçu le soutien du gouvernement et de certains élus politiques, plutôt élitistes, à l'instar de
Carole Delga (PS), présidente de la région Occitanie depuis 2016 qui juge « indispensable » cette infrastructure dans le « seul bassin économique de plus de 100 000 habitants aujourd'hui privé d'autoroute » précise Bernard Carayon (Les Républicains), conseiller régional d'Occitanie depuis 2016 et maire de Lavaur depuis 1995. Cependant ce projet ne fait pas l'unanimité chez les élus locaux, loin de là, où seuls « 21 % d'entre eux ont manifesté leur soutien [à l'A69] suite à l'appel du président de l'Association des Maires et
Élus du Tarn », affirme une tribune co-signée par 160 élus du territoire opposés au projet. Aussi, de nombreux citoyens se sont exprimés dans l'enquête publique au travers de plus de 6 200 contributions, à 90 % défavorables. Depuis plusieurs années déjà, les habitants de la val lée du Girou, des collectifs et des associations ont pris des positions de lutte face à ce projet dont ils interrogent l'utilité et le débat
démocratique quand celui-ci est bafoué.
Jusqu'à présent, la principale route entre les villes de Castres et Toulouse est la RN126 sur laquelle sont comptabilisés une moyenne de 8 000 véhicules par jour selon le concessionnaire de l'autoroute ATOSCA (filiale NGE) et presque moitié moins selon des sources d'opposition. Cependant, la proposition d'aménagement de la route existante, déjà connu à l'époque du projet d'autoroute et soutenue par différents collectifs et élus a été écartée. Pourtant cette option permettrait de conserver une route accessible à tous car
gratuite, des conserver les deux sections rapides existantes en 2x2 voies, d'ajouter des tronçons avec dépassement et d'améliorer la sécurité de circulation. Une alternative, moins coûteuse, dont l'impact environnemental et social serait moindre, répondant largement aux besoins actuels. Le Commissariat Général à l'Investissement, dans une contre-expertise, soulignait déjà, plusieurs années en arrière, que « la capacité de l'infrastructure proposée reste très largement au dessus des besoins estimés à moyen et long terme [et que]
les trafics attendus ne dépassent guère les 15.000 véhicules/jour quand une autoroute à 2x2 voies peut [en] supporter plus de 40.000 en conditions normales de circulation ». Démocratiquement et techniquement, le projet ne tient pas.
Pourtant, en 2018, le projet à fait l'objet d'une Déclaration d'Utilité Publique (DUP) puis d'une loi de « priorité nationale » en 2019. Dans le rapport de l'enquête publique émis début 2023, il est indiqué sur les impacts économiques qu'« aucune démonstration concrète n'est présentée ni aucun chiffrage évalué ». L'année précédente, l'Autorité Environnementale avait jugée « anachronique » ce projet et le Conseil National de la Protection de la Nature précisait que cette autoroute « s'inscrit en contradiction avec les engagements nationaux en matière de lutte contre le changement climatique, d'objectif du zéro artificialisation nette et du zéro perte nette de biodiversité, ainsi qu'en matière de pouvoir d'achat ». Ceci, sans rappeler les prises de position contre ce projet d'autoroute de plusieurs milliers de scientifiques au travers de tribunes et soutiens sur les luttes dont Mme Valérie Masson Delmotte et Christophe Cassou, climatologues internationalement reconnus pour leur implications dans les travaux du GIEC. Car, ce projet s'inscrit dans un contexte critique où les répercussions écologiques, sur la biodiversité et le climat seront d'ampleur. A minima, plus de 366ha de terres seront impactées dont des zones naturelles détruites et la très grande majorité : agricole, sera accaparée au détriment de celles et ceux qui la cultivent. Pourtant malgré ces indications, ces alertes, ces avis défavorables, l'entêtement d'État persiste.
Contrairement aux idées véhiculées par les décideurs, les travaux scientifiques présentent une autre vision de l'infrastructure autoroutière. Dans une note publiée en juin 2023 sur les effets structurants de l'A69, des chercheurs de l'Institut national universitaire Champollion, à Albi (Rémi Bénos enseignant-chercheur en géographie de l'environnement et François Taulelle professeur des universités en géographie, aménagement et urbanisme) concluent qu « il ne s'agit pas d'une logique de « désenclavement » d'un territoire qui serait en
« crise », mais d'une logique d'accélération de la croissance de certaines activités économiques par la réduction des coûts et l'accès au potentiel logistique qu'offre le bassin Castres-Mazamet » et que « le projet d'autoroute A69 est avant tout un soutien au développement économique de la métropole toulousaine ». On le voit, ce projet n'est en rien destiné à répondre aux besoins des habitants ni des dynamiques économiques locales mais plutôt celui d'un aménagement « colonial » d'État aux services des logiques de mondialisations
et capitalistiques dans lesquelles, le groupe pharmaceutique Pierre Fabre, dont le siège est à Castres, est bien impliqué.