COVID-19 et pic de l'épidémie I : En attendant la tempête... (les médecins généralistes en ville)
Chez les médecins comme dans la population, une question cruciale : pour quand le pic de l'épidémie ? Les maisons médicales s'organisent en attendant la vague tant redoutée qui risque de submerger les services de santé.
Ici, dans le Roannais, au nord de la Loire et au coeur de la région Auvergne-Rhône-Alpes pourtant très impactée par l'épidémie, tout est étrangement calme dans les maisons médicales et cabinets des médecins généralistes, à la campagne comme à la ville... Accueil et secrétariats fermées au public, professions paramédicales absentes, couloirs déserts, salles d'attentes vides...
"Le calme avant la tempête", l'expression est sur toutes les lèvres de la profession médicale. Le pic est attendu pour les jours à venir... ou pas....
Les disparités sont grandes entre les régions mais aussi localement. A seulement quelques dizaines de kilomètres d'ici, dans le Forez, plusieurs clusters se sont déclenchés suite à des concours de belote et les soignants là-bas sont débordés.
En attendant, ici, tous les services de santé se sont organisés pour pourvoir faire face à la déferlante. Pour éviter tout contact entre les patients "habituels" et les patients potentiellement infectés par le Covid-19 et présentant des symptômes d'infection, les cabinets et maison de santé ont été entièrement réaménagés et coordonnées entre tous les services de santé publics et privés du Roannais (hôpital, clinique, maisons de santé, médecine de ville, infirmier-ères libéraux-ales) : réorganisation complète des horaires de consultation (journée divisée en deux pour les "Covid" et les "non-Covid"), des espaces (salles d'attentes et WC distincts, tout mobilier, décoration, revues, jeux enlevés), développement des consultations à distance (téléconsultation et téléphone), des visites à domicile pour les "Covid" stables. Les locaux sont désinfectés très régulièrement et entre chaque consultation, tout est désinfecté (instruments, table de consultation, chaises..).
A Roanne, un dispensaire Covid-19 ouvert 7 jours sur 7 régulé par le 15 pour l'accueil des malades suspects a été mis en place il y a 8 jours avec un système de rotations des équipes (médecins, internes, infirmières). Des médecins retraités sont volontaires pour assurer un suivi des malades Covid-19 stables qui sont à domicile.
"Malgré toutes les précautions prises, les patients viennent très peu consulter" s'inquiètent les médecins. Même quand ils en auraient besoin (malades chroniques, pathologies lourdes..). Ils respectent le confinement, ils ont peur de contracter le virus dans les structures de soin. Ils ne veulent pas surcharger inutilement les services qu'ils pensent débordés. Les médecins généralistes n'ont paradoxalement jamais eu aussi peu de patients. Ils pensent alors aux conséquences de "l'après Covid"...
Les journées alternent passent à se tenir informés sur les directives et protocoles qui pleuvent de toutes parts, sur le réseau entre confrères, les plannings, la gestion des stocks de matériels, la désinfection... Les médecins (et secrétariats) passent aussi beaucoup de temps au téléphone à rassurer les patients, en téléconsultations, assez peu développées par manque d'équipement, d'habitude et de formation. Si les professionnels de santé se veulent rassurants pour leurs patients, la tension est palpable...
COVID-19 and epidemic peak: Waiting for the storm... (I-GP in town)
Among doctors and the population alike, a crucial question: when will the epidemic peak? Medical centres are getting organized while waiting for the dreaded wave that is likely to overwhelm health services.
Here, in the Roannais region, north of the Loire and in the heart of the Auvergne-Rhône-Alpes region, which has been heavily impacted by the epidemic, everything is strangely calm in medical centres and GP offices, both in the countryside and in the city... Reception and secretariats closed to the public, paramedical professions absent, deserted corridors, empty waiting rooms...
"The calm before the storm", the expression is on everyone's lips in the medical profession. The peak is expected for the next few days... or not....
The disparities are great between regions but also locally. Only a few dozen kilometres from here, in the Forez, several clusters have sprung up as a result of card games competitions and the medical staff there are overwhelmed.
In the meantime, here, all the health services have organized themselves to cope with the surge. In order to avoid any contact between "usual" patients and patients potentially infected by Covid-19 and presenting symptoms of infection, the surgeries and nursing homes have been completely reorganized and coordinated between all the public and private health services of Roannais (hospital, clinic, nursing homes, town medicine, liberal nurses): complete reorganization of consultation hours (day divided in two for "Covid" and "non-Covid"), spaces (waiting rooms and separate WCs, all furniture, decoration, magazines, toys removed), development of remote consultations (teleconsultation and telephone), home visits for stable "Covid". The premises are disinfected very regularly and between each consultation, everything is disinfected (instruments, consultation table, chairs, etc.).
In Roanne, a Covid-19 dispensary open 7 days a week regulated by the 15th for the reception of suspect patients was set up 8 days ago with a system of team rotation (doctors, interns, nurses). Retired doctors are volunteering to follow up stable Covid-19 patients who are at home.
"Despite all the precautions taken, patients come to see very few of them," worry the doctors. Even when they need them (chronic patients, serious pathologies...). They respect the confinement, they are afraid of contracting the virus in the care structures. They do not want to unnecessarily overload the services they think are overwhelmed. Paradoxically, general practitioners have never had so few patients. They think about the consequences of the post-Covid era...
The days alternate between keeping up to date on the directives and protocols that are raining down on all sides, on the network between colleagues, the schedules, the management of stocks of equipment, disinfection... Doctors (and secretariats) also spend a lot of time on the phone to reassure patients, in teleconsultations, which are rather undeveloped due to lack of equipment, habit and training. If health professionals want to reassure their patients, the tension is palpable...