PRAETERITIO
Dans la continuité de mon travail autour des problématiques et tabous liés à l'enfance engagée depuis plusieurs années, je souhaitais aborder le thème de l'infanticide. Cet acte qui bouleverse et déchaîne les passions, et enflamme les médias. Pourtant, on en trouve des traces depuis la nuit des temps et nous ne pouvons pas oublier sa dimension sociale et anthropologique. Du complexe de Médée aux faits divers tragiques de ces dernières années.
L'infanticide qualifie une personne qui tue un enfant. En matière de psychanalyse, on distingue deux cas de figure: le néonaticide qui frappe les nouveaux nés immédiatement après leur naissance et le filicide qui concerne les enfants tués quelques jours après leur naissance.
Le Code pénal, lui, ne fait aucune distinction et ne parle même pas d'infanticide. L'article 221-4 ne fait ainsi état que «d'homicide volontaire sur mineur de moins de 15 ans». La peine encourue est alors la réclusion criminelle à perpétuité que l?auteur des faits soit un ascendant légitime (parent ou tuteur) ou pas.
D'après le docteur Paul Bensussan, psychiatre, expert agréé auprès de la Cour de cassation.
«Les infanticides commis par les pères sont souvent des actes "punitifs", destinés à faire souffrir la mère. A contrario, l'infanticide commis par la mère est souvent sous-tendu par une pathologie psychiatrique. Dans la majorité des cas, la mère est en dépression profonde. Cela peut aller jusqu'au "suicide altruiste". Une mère "aimante" tue son enfant pour le soustraire à une souffrance ou à une situation sans issue. Cette dimension psychiatrique peut influer sur la responsabilité pénale et peut aller jusqu'à l'abolir».
Ultra médiatisés, les cas de la petite Adélaïde à Berck ou celui de Marina dans la Sarthe ne sont que quelques arbres qui cachent la forêt des infanticides répertoriés chaque année en France.
Il n'existe quasiment pas de statistiques officielles concernant les infanticides. Le seul chiffre de référence avancé par le Centre d'épidémiologie des causes médicales de décès dépendant de l'Inserm (CepiDc) est de 17 homicides d?enfants de moins de un an en moyenne par an (période étudiée de 1996 à 2000).
Directrice de recherche à l'Inserm et spécialiste de la maltraitance des enfants, la pédiatre Anne Tursz a consacré cinq années à étudier le phénomène :
«En extrapolant les résultats à la France entière, j'ai trouvé les cas de 255 infanticides d'enfants de moins de un an par an. Et encore, je n'ai pas comptabilisé dans cette étude les néonaticide (enfants tués avant d'être déclarés). Mais j'en avais repéré 29 par an».
Il s'agit ici de statistiques concernant les enfants tués avant d'atteindre l'âge de un an.
«Si l'on prend l'âge de référence de 15 ans (code pénal), on arrive au chiffre de 400 à 800 morts par an, explique Gérard Lopez, président de l'Institut de victimologie. Cela fait plus de deux enfants chaque jour!».
«Tous les pays ont une forme de cécité sur ce sujet car c'est très douloureux. C'est tabou» Anne Tursz.
Cette série de photographie est basée sur des histoires vraies, que j'ai répertoriées. Je me suis également appuyée sur différents écrits de psychologues cliniciens, de professeur en psychopathologie et de différentes études et écrits cliniques.
J'ai choisis de réaliser des photographies dans lesquelles le réel s'enchevêtre dans la mise en scène d'un instant donné de ces histoires tragiques, sans jamais montré l'acmé de chaque événement: je choisis de représenter l'avant ou l'après. En effet, il s'agit de suggérer ce qu'il s'est passé, de reconstituer ces histoires tragiques mais vraies d'infanticide.
PRAETERITIO
In continuity of my work around the problems and taboos related to the childhood committed for several years, I wanted to address the theme of infanticide. This act which overthrows and unleashes the passions, and inflames the media. Yet we find traces of it since the dawn of time and we can not forget its social and anthropological dimension. From the complex of Medea to the tragic events of recent years.
Infanticide qualifies a person who kills a child. In psychoanalysis, we can distinguish two cases: the neonaticide that strikes the newborns immediately after their birth and the filicide that concerns the children killed a few days after their birth.
The Criminal Code does not make any distinction and does not even speak of infanticide. Article 221-4 refers only to "voluntary homicide of a minor under 15 years of age". The penalty incurred is then life imprisonment, whether the perpetrator is a legitimate parent (parent or guardian) or not.
According to Dr. Paul Bensussan, psychiatrist, expert approved at the Court of Cassation. "Infanticides committed by fathers are often" punitive "acts, intended to cause suffering to the mother. Conversely, infanticide committed by the mother is often underpinned by a psychiatric pathology. In most cases, the mother is in deep depression. This can go as far as "altruistic suicide". A "loving" mother kills her child to save him from suffering or a dead end. This psychiatric dimension can influence criminal responsibility and may go as far as to abolish it ".
Ultimately, the cases of the little Adelaide in Berck or that of Marina in the Sarthe are only a few trees that hide the forest of infanticides listed each year in France.
There are virtually no official statistics on infanticide. The only reference figure put forward by the Center for epidemiology of medical causes of death depends on Inserm (CepiDc) is 17 homicides of children under one year on average per year (period studied from 1996 to 2000).
Pediatrician Anne Tursz spent five years studying the phenomenon: "Extrapolating the results to the whole of France, I found the cases of 255 infanticides of children Less than one year per year. And again, I did not include in this study neonaticide (children killed before being declared). But I had spotted 29 a year ". These are statistics on children killed before reaching the age of one year. "If one takes the reference age of 15 years (penal code), one arrives at the figure of 400 to 800 deaths per year, explains Gérard Lopez, president of the Institute of victimology. That makes more than two children every day! "
"All countries have a form of blindness on this subject because it is very painful. It's taboo "Anne Tursz.
This series of photography is based on true stories, which I have listed. I have also relied on various writings of clinical psychologists, professor of psychopathology and various clinical studies and writings.
I chose to make photographs in which the real entangled in the staging of a moment of these tragic stories, without ever showing the acme of each event: I choose to represent the front or the back, after. Indeed, it is a matter of suggesting what happened, of reconstructing these tragic but true histories of infanticide.