Le Caire : les oubliés de la révolution
La "révolution du 25 Janvier" en 2011 a vu des millions de personnes descendre dans les rues du Caire afin de revendiquer leurs droits socio-économiques, la fin de la répression politique ainsi que l’arrêt de la corruption. L'un des premiers chants de l'insurrection réclamait «le pain, la liberté et la justice sociale". Les habitants des bidonvilles ainsi que les résidents des quartiers ouvriers étaient parmi ceux qui occupaient les places principales de la ville pendant les 19 jours qu’a duré cette « Révolution égyptienne ». A cette époque, les gens des quartiers les plus pauvres et les plus difficiles du Caire avaient grand espoir qu'après des décennies de manquements, une nouvelle ère était arrivée, qui adoucirait leurs pénibles conditions de vie. Voilà maintenant deux ans que l'ancien président égyptien, Hosni Moubarak, a « démissionné ». Mais les espérances se sont rapidement envolées. Aucun changement n’a encore été mis en place, que ce soit pendant la présidence de Mohammed Morsi (aujourd’hui déchu) ou durant les périodes des gouvernements intérimaires. La réponse du gouvernement local et de la société civile est souvent insuffisante pour répondre aux besoins de la population urbaine pauvre. Même si l’Etat égyptien est propriétaire de 95% de son sol, croissance démographique rapide et demandes de logements insatisfaites ont donné naissance à « l’urbanisation spontanée » (« Informal settlement »). Celle-ci a, pour l’essentiel, empiété sur les terres agricoles. Selon ONU-Habitat, l’expression «informal settlement » fait souvent référence à un phénomène d’urbanisation illégale ou semi-légale situées à la périphérie urbaine. Des personnes construisent sans autorisation officielle et selon des normes de construction non conformes aux règles locales du bâtiment. Ces constructions se transforment rapidement en « taudis » et ne répondent pas aux normes minimales de confort. Au Caire, l’on compte aujourd’hui 112 quartiers « informels. » La plupart de ces habitants sont attirés dans ces bidonvilles surpeuplés car ils ne peuvent pas se permettre d'aller ailleurs. Environ 40% des 80 millions d’habitants du pays vivent à la limite du seuil de pauvreté, internationalement fixé à 2$ par jour. Beaucoup de ces quartiers informels n'ont pas d’infrastructures de base, tels que l'assainissement et l'eau courante ni, peu ou prou, de connexion à l'électricité. A cela s’ajoutent la surpopulation et la violence qui rendent la vie difficile. Réalisée entre mai 2012 et mars 2014, cette série d’images tente de donner une vue générale des conditions de vie des habitants de ces quartiers oubliés de la Révolution. Et de rendre compte des difficultés qu’affrontent leurs populations, aussi bien dans leurs habitats que dans les rues qui les entourent. VIRGINIE NGUYEN HOANG
Le Caire : les oubliés de la révolution
La "révolution du 25 Janvier" en 2011 a vu des millions de personnes descendre dans les rues du Caire afin de revendiquer leurs droits socio-économiques, la fin de la répression politique ainsi que l’arrêt de la corruption. L'un des premiers chants de l'insurrection réclamait «le pain, la liberté et la justice sociale". Les habitants des bidonvilles ainsi que les résidents des quartiers ouvriers étaient parmi ceux qui occupaient les places principales de la ville pendant les 19 jours qu’a duré cette « Révolution égyptienne ». A cette époque, les gens des quartiers les plus pauvres et les plus difficiles du Caire avaient grand espoir qu'après des décennies de manquements, une nouvelle ère était arrivée, qui adoucirait leurs pénibles conditions de vie. Voilà maintenant deux ans que l'ancien président égyptien, Hosni Moubarak, a « démissionné ». Mais les espérances se sont rapidement envolées. Aucun changement n’a encore été mis en place, que ce soit pendant la présidence de Mohammed Morsi (aujourd’hui déchu) ou durant les périodes des gouvernements intérimaires. La réponse du gouvernement local et de la société civile est souvent insuffisante pour répondre aux besoins de la population urbaine pauvre. Même si l’Etat égyptien est propriétaire de 95% de son sol, croissance démographique rapide et demandes de logements insatisfaites ont donné naissance à « l’urbanisation spontanée » (« Informal settlement »). Celle-ci a, pour l’essentiel, empiété sur les terres agricoles. Selon ONU-Habitat, l’expression «informal settlement » fait souvent référence à un phénomène d’urbanisation illégale ou semi-légale situées à la périphérie urbaine. Des personnes construisent sans autorisation officielle et selon des normes de construction non conformes aux règles locales du bâtiment. Ces constructions se transforment rapidement en « taudis » et ne répondent pas aux normes minimales de confort. Au Caire, l’on compte aujourd’hui 112 quartiers « informels. » La plupart de ces habitants sont attirés dans ces bidonvilles surpeuplés car ils ne peuvent pas se permettre d'aller ailleurs. Environ 40% des 80 millions d’habitants du pays vivent à la limite du seuil de pauvreté, internationalement fixé à 2$ par jour. Beaucoup de ces quartiers informels n'ont pas d’infrastructures de base, tels que l'assainissement et l'eau courante ni, peu ou prou, de connexion à l'électricité. A cela s’ajoutent la surpopulation et la violence qui rendent la vie difficile. Réalisée entre mai 2012 et mars 2014, cette série d’images tente de donner une vue générale des conditions de vie des habitants de ces quartiers oubliés de la Révolution. Et de rendre compte des difficultés qu’affrontent leurs populations, aussi bien dans leurs habitats que dans les rues qui les entourent. VIRGINIE NGUYEN HOANG