Portraits namibiens : les Ovambos, vestiges d'une tribu
Cette série photographique porte un regard sur un groupe ethnique en pleine mutation, partagé entre ancestralité et tentation de la modernité. Les Ovambos forment un peuple d'Afrique australe essentiellement établi dans le nord de la Namibie. Cette ethnie bantoue compte environ un million d'individus qui parlent l'Oshiwambo et partagent des croyances religieuses ancestrales. Il y a moins d'un demi-siècle, les Ovambos étaient des chasseurs et des pêcheurs pratiquant une agriculture traditionnelle au sein de petites communautés autarciques et tribales. Ils vivaient au contact des éléments, au rythme des saisons et des cérémonies rituelles. Mais, dans les années 1990, les réseaux routiers et de communications ont été étendus dans toute la Namibie, engendrant de profondes transformations sociétales. Dans la brousse, d'improbables supermarchés en parpaings et boutiques de téléphonie mobile ont fait leur apparition, propageant peu à peu un modèle importés d'Occident. Des écoles privées calquées sur le modèle anglo-saxon se sont développées, ainsi que des ersatz de centres touristiques. Aujourd'hui, les Ovambos sont confrontés à de nouveaux modes de consommation, à l'import de produits asiatiques, aux prémices de l'urbanisation anarchique, le tout dans un contexte de crise sociale aggravée : les namibiens souffrent de l'un des taux de VIH les plus élevés du monde (plus de 20 % des adultes sont contaminés) et le chômage touche 35 % de la population.
Je me suis rendu chez les Ovambos sans idée préconçue, dans le but de capter « l'air des lieux » et de rencontrer les habitants sans grille de lecture préétablie. En territoire Ovambo, j'ai découvert un paysage bigarré, partagé entre relents de tribalité et fragiles tentatives de mondialisation, un univers en demi-teintes où misère et magie se côtoient, véritable creuset d'humanité et d'inhumanité.
Cette série, réalisée dans la région d'Ondangwa, dans le nord de la Namibie, dresse l'étrange portrait d'un groupe ethnique en perpétuelle quête d'identité, à l'heure où urbanité et déracinement forgent les nouveaux destins de l'Afrique.
Namibian portraits: the Ovambos, vestiges of a tribe
This photographic series takes a look at a changing ethnic group, divided between ancestry and modernity. The Ovambos are a people of southern Africa who live mainly in northern Namibia. This Bantu ethnic group comprises about one million Oshiwambo-speaking individuals who share ancestral religious beliefs. Less than half a century ago, the Ovambos were hunters and fishermen practicing traditional agriculture in small autarkic and tribal communities. They lived in contact with the elements, at the rhythm of seasons and ritual ceremonies. But in the 1990s, road and communications networks were expanded throughout Namibia, generating profound societal transformations. In the bush, improbable supermarkets in breeze blocks and mobile phone shops have appeared, slowly spreading a model imported from the West. Private schools based on the Anglo-Saxon model have developed, as well as tourist centers. Today, the Ovambos are confronted with new consumption patterns, the import of Asian products, the beginnings of anarchic urbanization, all in a context of aggravated social crisis: the Namibians suffer from one of the rates the highest in the world (more than 20% of adults are infected) and unemployment affects 35% of the population.
I visited the Ovambos without any preconceived idea, in order to capture the "air of the place" and to meet the inhabitants without a pre-established reading grid. In Ovambo territory, I discovered a colorful landscape, shared between trifles of tribality and fragile attempts at globalization, a universe in half-tones where misery and magic mix.
This series, made in the region of Ondangwa, in the north of Namibia, draws the portrait of an ethnic group in perpetual quest for identity, at a time when urbanity and uprooting forge the destinies of Africans.