Une marée avec les marins producteurs d'ormeaux sauvages de France Haliotis
Dimanche 25 mai 2025, il est 07 heures 30 du matin. Le rendez-vous a été pris au port de Kerazan à Lilia pour accompagner sur une marée Guillaume, Alexandre et Titouan, trois marins de France Haliotis, seule entreprise en Europe à élever des ormeaux sauvages. L'embarquement donne le ton. Nous rejoignons à la rame le bateau amarré à un corps mort à bord d'un frêle esquif. L'objectif de la journée, collecter des algues afin de nourrir les ormeaux sauvages qui grandissent dans des casiers au large de la côte. Nous quittons la zone abritée à l'embouchure de l'Aber Wrac'h, il faudra 30 minutes de navigation pour rejoindre le lieu de ramassage des algues. Le navire et les marins affrontent impassiblement une houle de 2 mètres 50, des conditions habituelles pour ces hommes rompus à la fureur de l'océan. Nous arrivons enfin en vue d'un îlot rocheux affleurant à peine de la surface de l'eau, la marée est presque basse, le travail peut commencer après une courte pause pour manger. Une ligne de vie est tendue entre notre embarcation et la zone de collecte, au milieu des vastes champs d'algues du Finistère Nord. La tache semble tout droit sortie d'une autre époque. Plongés dans l'eau jusqu'à la taille les marins tranchent les algues à l'aide de serpes, les gestes sont précis, répétés sans cesse, il faut remplir cinq annexes avec chacune 700 kilos de la précieuse ressource avant que la marée ne soit trop haute. Une fois la cargaison chargée, le navire met le cap sur la concession où les ormeaux grandissent. A la différence des zones d'élevage à terre, ici le lieu de production s'est transformé en un véritable refuge pour la biodiversité. La deuxième phase de la journée peut commencer. Quatre par quatre, les casiers contenant les ormeaux sont remontés du fond marin à l'aide d'une grue afin d'être remplis par les algues collectées qui nourriront les précieux mollusques pendant un mois. La aussi les gestes sont précis, l'opération est dangereuse, la concentration est de mise. 72 casiers sont ainsi alimentés avant que la journée ne se termine et annonce le retour au port. Il faudra entre trois et quatre années avant que les ormeaux sauvages puissent être mis à la vente et rejoindre les plus grandes tables du pays.
A tide with seamen producers of wild abalones from France Haliotis
Sunday, May 25, 2025, 07:30 in the morning. The appointment has been made at Kerazan harbor in Lilia to accompany Guillaume, Alexandre and Titouan, three seamen from France Haliotis, the only company in Europe to raise wild abalone. The boarding sets the tone. We row to the boat moored to a dead body aboard a frail skiff. The aim of the day is to collect seaweed to feed the wild abalone growing in traps off the coast. Leaving the sheltered area at the mouth of the Aber Wrac'h, it's a 30 minute sail to the seaweed collection site. The ship and sailors face a 2.50 meter swell with impassivity, which is quite normal for these men who are used to the fury of the ocean. We finally come in sight of a rocky islet just above the surface of the water, the tide is almost out, and work can begin after a short break for lunch. A lifeline is stretched between our boat and the collection area, in the middle of the vast seaweed fields of North Finistère. The work looks like something from another era. Immersed in waist-deep water, the sailors slice through the seaweed with billhooks, the gestures precise and endlessly repeated, five tenders each loaded with 700 kilos of the precious resource before the tide rises too much. Once the ship has been loaded, it heads for the concession where the abalone grow. Unlike farming areas on land, here the production site has been transformed into a veritable refuge for biodiversity. The second phase of the day begins. Four by four, the trays containing the abalone are lifted from the seabed by crane to be filled with the collected seaweed that will feed the precious mollusks for a month. Here, too, the movements are precise, the operation is dangerous, and concentration is the order of the day. 72 trays are thus filled before the day comes to an end, heralding the return to port. It will be three to four years before the wild abalone can be sold on the country's finest tables.