Algues vertes, le fléau breton.
L'endroit est connu pour ses plages paradisiaques, ici, la côte est escarpée, alternant criques de sable blanc baignées d'eaux bleues caraïbe et de pointes rocheuses aux formes stimulant l'imagination. Le Finistère Nord reste sauvage, préservé du tourisme et de la construction de masse. Le tableau semble idyllique mais un danger jette comme une ombre, les maintenant tristement célèbres marées vertes. Comme d'autres baies bretonnes, la baie de Tresseny, à cheval sur les communes de Guisseny et de Kerlouan, paye les conséquences de dizaines d'années de pratiques agricoles intensives. Les ingrédients sont tout le temps les mêmes. Des petits fleuves côtiers qui serpentent au creux de bassins versants sur des territoires qui concentrent des activités d'élevage intensif et qui se déversent dans des baies sablonneuses où l'eau peut se réchauffer rapidement. Le cocktail est détonnant.
Sur les bassins versants du Quillimadec et de l'Alanan qui alimentent la baie de Tresseny, soit 9762 hectares, plus de 190 exploitations agricoles, en grande partie d'élevage, qui représentent 6502 hectares de surface agricole utile. Le nombre de têtes de bétail explose, générant inexorablement des taux de nitrates importants dans les rivières, le cycle est en marche. L'azote créé par ces nitrates va nourrir une petite algue verte communément appelé laitue de mer et les conditions deviennent idéales pour sa prolifération. La marée verte est là. En putréfaction sur les plages, elles dégagent un gaz dangereux, le sulfure d'hydrogène, déjà à l'origine d'accidents mortels.
Depuis plusieurs années les différents gouvernements ont tenté de lutter contre le phénomène. Les plans de lutte contre les algues vertes se succèdent, parent au plus urgent mais ne s'attaquent pas aux causes réelles du problème en engageant une politique audacieuse de refonte de notre modèle agricole. Pour les communes touchées, le combat est inégal, les conséquences désastreuses. Marée après marée, dans la petite anse du Curnic, les échouages s'enchainent, impactent la biodiversité, la fréquentation touristique, jusqu'aux prix de l'immobilier. Les nécessaires opérations de ramassage se succèdent, abiment la plage et posent la problématique question de la gestion de ces déchets, dispersion dans les champs, conséquences sur la qualité de l'air. L'ingérable petite algue verte est devenue une vitrine de l'influence négative des activités humaines sur la nature.
Green algae, the breton plague.
Known for its heavenly beaches, the coast here is steep, alternating between white sandy coves bathed in blue Caribbean waters and rocky points with shapes that stimulate the imagination. North Finistère remains untouched by tourism and mass construction. The picture seems idyllic, but one danger casts a shadow, the now infamous green tides. Like other Breton bays, Tresseny Bay, straddling the communes of Guisseny and Kerlouan, is paying the price for decades of intensive farming practices. The ingredients are always the same. Small coastal rivers winding their way through watersheds where intensive livestock farming is concentrated, flowing into sandy bays where the water can heat up quickly. The cocktail is explosive.
In the Quillimadec and Alanan watersheds, which feed into Tresseny Bay, over 190 farms, most of them livestock operations, cover a total of 9,762 hectares, representing 6,502 hectares of usable farmland. The number of livestock is exploding, inexorably generating high levels of nitrates in the rivers - the cycle is in motion. The nitrogen created by these nitrates feeds a small green alga commonly known as sea lettuce, and conditions become ideal for its proliferation. The green tide is here. As they putrefy on beaches, they release a dangerous gas, hydrogen sulfide, already the cause of fatal accidents.
For several years now, various governments have been trying to combat the phenomenon. Plan after plan to combat green algae have dealt with the most urgent problems, but have failed to tackle the real causes of the problem by committing to a bold policy of overhauling our agricultural model. For the communes affected, the battle is unequal, and the consequences disastrous. Tide after tide, in the little cove of Curnic, strandings follow one another, impacting biodiversity, tourist numbers and even property prices. The necessary collection operations follow one another, damaging the beach and raising the problem of waste management, dispersal in the fields and consequences for air quality. The unmanageable little green algae has become a showcase for the negative influence of human activities on nature.