Agricultrice, la retraite dans les choux.
C'est le coeur de l'hiver à Kerlouan en pays Pagan. Dans cette région traditionnellement légumière du Nord Finistère, le climat est rude, la vie rythmée par les tempêtes et les cultures depuis des générations.
Au milieu d'un océan de choux noyé dans une brume épaisse, une silhouette s'affaire, le couteau tranche, les gestes sont précis, rapides, répétés à l'infini. C'est la saison de la récolte pour Nadine.
Nadine, elle va avoir 60 ans, elle est née un premier mai, jour de la fête du travail, en 1963. Et elle l'aime son travail Nadine, elle aime sa terre, fière d'en prendre soin et de nourrir la population. Déjà petite, après l'école, elle aidait ses parents à la ferme avant de faire ses devoirs. Elle devait être secrétaire mais après son diplôme en 1984, elle retourne travailler à l'exploitation familiale, destin tout tracé de la jeunesse des campagnes d'antant. En janvier 1995, elle reprend l'affaire de ses parents, date à partir de laquelle ses revenus commenceront à être pris en compte.
Aujourd'hui, Nadine elle préfèrerait profiter de la vie, ne plus rentrer chez elle exténuée, trempée et frigorifiée. Si elle avait droit à une retraite de 1200 euros par mois à 60 ans, elle arrêterait. Un repos bien mérité après plus de 40 années passées dans les champs à porter des cageots de 13 kilos à bout de bras sous les embruns. Mais Nadine elle sait qu'aucune réforme ne prendra en compte la pénibilité de son travail, le vent de Nord qui glace le sang. Si elle arrête maintenant, elle aura droit à 600 euros par mois, 600 euros pour une vie de labeur, alors Nadine elle sait que sa retraite ce sera dans les choux.
Woman farmer, pension in the cabbage
It is the heart of winter in Kerlouan in Pagan country. In this traditionally vegetable-growing region of North Finistere, the climate is harsh and life has been marked by storms and crops for generations.
In the middle of a sea of cabbages drowned in a thick mist, a figure is busy, the knife is cutting, the gestures are precise, fast, repeated endlessly. It is the harvest season for Nadine.
Nadine, she will be 60 years old, she was born on May 1st, Labor Day, in 1963. And she loves her work Nadine, she loves her land, proud to take care of it and to feed the population. Even as a child, after school, she helped her parents on the farm before doing her homework. She was supposed to be a secretary but after graduating in 1984, she went back to work on the family farm, the destiny of the youth of the countryside in the past. In January 1995, she took over the business of her parents, date from which her income will start to be taken into account.
Today, Nadine would rather enjoy life, not go home exhausted, soaked and cold. If she had the right to a pension of 1200 euros per month at 60 years old, she would stop. A well-deserved rest after more than 40 years spent in the fields carrying 13 kilo crates at arm's length under the spray. But Nadine knows that no reform will take into account the hardship of her work, the north wind that freezes the blood. If she stops now, she will be entitled to 600 euros per month, 600 euros for a life of hard work, so Nadine knows that her pension will be in the cabbage.