Industrie : Dans la fournaise de la SLN
Un mastodonte de ferraille oxydée flotte sur la presqu'île de Doniambo, au coeur de l'agglomération de Nouméa. L'usine métallurgique de la Société le nickel (SLN) est plus que centenaire. Au gré de l'évolution des cours du minerai, elle tient le cap de l'économie de la Nouvelle-Calédonie.
Le sol de cet archipel français du Pacifique détiendrait à peu près 20% des réserves mondiales de nickel. Chaque année, 55 000 tonnes de minerais sortent des fourneaux de l'usine de la SLN pour alimenter le marché international. Cette filiale du géant métallurgique français Eramet est le premier producteur mondial de ferronickel. Un alliage qui entre dans la composition de l'acier inoxydable et de bien des objets du quotidien. L'activité métallurgique porte l'économique de la Nouvelle-Calédonie depuis plus de 100 ans, à l'image du développement de sa capitale.
La ville de Nouméa est passée d'un petit comptoir français du bout du monde à une agglomération d'environ 100 000 habitants. L'usine construite à partir de 1912 se trouve aujourd'hui lovée entre le centre-ville, une zone d'activité et un quartier résidentiel. Pour beaucoup de Nouméens, les fumées du site industriel font partie du paysage. Son usine : un monument de l'histoire calédonienne.
Certaines familles servent depuis sept générations sous le pavillon de la SLN. A travers tout le pays, au moins 14 sites miniers tournent à plein régime pour alimenter les fours de Doniambo. La société calédonienne compte plus de 2000 salariés et estime qu'elle réinjecte près de 41,9 millions d'euros par mois dans l'économie locale.
Pendant la première décennie des années 2000, tout le pays a profité de la flambée du minerais. L'économie du nickel dépassait 16 % du PIB Calédonien en 2007. Durant cette période faste, deux usines concurrentes de la SLN sont sorties de terre : celle de Vale dans le Sud, et celle portée par la province Nord indépendantiste.
Le vent tourne
Mais après 2011, les cours ont commencé à chuter. Les usines métallurgiques de Nouvelle-Calédonie doivent faire face à une augmentation de la production internationale de minerais à bas coût. L'Etat français est même intervenu financièrement pour soutenir les trois acteurs calédoniens. En 2016, la SLN a bénéficié d'un prêt de 200 millions d'euros pour redresser la barre. Dans le même temps, Eramet réinjectait 325 millions d'euros dans sa filiale.
Dans ce contexte, toutes les usines calédoniennes se trouvent poussées à faire des économies. Afin de rivaliser avec ses nouveaux concurrents, la SLN souhaite baisser son coût de production à 4 dollars la livre de nickel. Cet effort impliquerait la suppression de 300 emplois d'ici 2020.
Selon différents analystes, l'avenir du marché serait suspendu aux évolutions de la demande chinoise, qui représente plus de 50 % de la production de nickel mondiale.
De son côté, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie est de plus en plus poussée à diversifier son tissu économique.
Industry : In the furnace of the SLN factory
This oxidized iron mastodon floats on the peninsula of Doniambo, in the heart of the agglomeration of Nouméa. The metallurgical plant of the SLN company is more than a century old. As ore prices evolve, it keeps pace with New Caledonia's economy.
The soil of this French archipelago of the Pacific would hold about a quarter of the world's nickel reserves. Every year, 55,000 tons of ores come out of the stoves of the SLN factory to supply the international market. This subsidiary of the French metallurgical giant Eramet is the world's largest producer of ferronickel. An alloy that goes into the composition of stainless steel and many everyday objects.