Imale : Trésor des îles Belep
Cette série de photographies a été réalisée entre février 2017 et décembre 2018. Elle raconte la vie d'une petite île de pêcheurs du Pacifique. De ces citoyens français du bout du monde, tout particulièrement attachés à leur autonomie et à leurs traditions Kanak.
Les îles Belep forment la région la plus isolée de la Nouvelle-Calédonie, territoire français du pacifique Sud. Depuis peu, son lagon inscrit au patrimoine de l'Unesco attise bien des convoitises. Trois navires vietnamiens étaient interpellés au large de l'archipel fin janvier 2017. La Marine nationale a compté environ 70 d'équipages en situation de pêche illégale dans ce secteur en moins d'un an.
Quel trésor peut bien les attirer si loin de leur port d'attache ? Dans la langue Nyelâyu, on l'appelle Imale. Cet invertébré marin qui peuple les fonds sableux du grand lagon de Belep est plus connu sous le nom de concombre de mer, ou encore holothuries. Symbole de la surpêche dans le Pacifique, elles sont devenues une denrée rare. Leurs prix ont décollés depuis une dizaine d'années sous l'effet de la demande croissante du marché asiatique. A Hong Kong, les espèces les plus recherchées s'écoulent à 1500 euros le kilo. Bien loin de cette réalité, sur une petite île française du Pacifique, des clans de pêcheurs Kanak ont peut être trouvé dans l'exploitation de cette précieuse ressource un moyen d'améliorer durablement leur quotidien...
A l'époque coloniale, Belep avait été choisi pour accueillir une leproserie. L'archipel de 850 habitants se trouve isolé du reste de la Nouvelle-Calédonie depuis toujours. Aujourd'hui encore, les Béléma sont restés en marge du développement économique du reste du pays. Car ils ne sont pas prêts à tout céder à leur terre ancestrale et à leur autonomie. Les chefs coutumiers ont par exemple repoussé les tentatives d'exploitation du nickel dont regorge le sol rouge de leur île. Pour vivre, la population compte sur une agriculture vivrière, la pêche ou le transfert de l'argent des quelques familles expatriées à Nouméa.
Dans cet archipel où la moitié des habitants ont moins de 20 ans, les débouchés professionnels ne sont pas nombreux. Au début des années 2000, l'île a connu une vague de suicides de jeunes, qui rappelle toute la difficulté de trouver sa place dans un monde traditionnel confronté à de nombreux défis. Si la pêche aux bêches-de-mer redonne de l'espoir depuis une dizaine d'années, l'avenir de cette activité est encore entouré d'incertitudes.
La réalité sur les îles Belep se révèle beaucoup moins faste que son trésor pourrait le laisser penser. Les pêcheurs locaux sont le tout premier maillon de la chaîne. Ils travaillent souvent dans des conditions rudimentaires, et tirent des revenus sans commune mesure avec le prix de vente finale des holothuries tirées de leur lagon. Tout l'enjeu aujourd'hui est de structurer la filière et de protéger la ressource. Les embarcations doivent pousser toujours plus loin pour ramener leur précieux butin...
Imale : Treasure of the Belep islands
The Belep Islands form the most remote region of New Caledonia, a french territory located in the South Pacific. It's lagoon is part of the Unesco world heritage sites. And this amazingly preserved natural area is now watched with lust.
Three Vietnamese vessels were arrested off the coast of the archipelago at the end of January 2017. The French Navy also spoted dozens of illegal fishing crews in the area in less than a year.
What attracts them so far from their home port? The sea cucumbers (Imale in the Nyelayu language) that inhabit the seabed of the great lagoon of Belep have become a rare resource. Overfished in the rest of the Pacific, they have seen their prices raising for ten years on the Asian market. They can sell more than 1,500 euros per kilo (180,000 Pacific francs). That unusual invertebrate became a symbol of overfishing across the Pacific. But also a new hope for a Kanak community attached to its lands and traditions.