Le tourisme au delà du cercle polaire
C?est après 35 heures de train depuis Moscou (2h d?avion pour la version courte) et 2 heures de conduite digne d?une épreuve de rallye que l?on arrive enfin dans la petite ville de Teriberka.
Après 4 ans de vie en Russie, je commençais à me faire à l'idée que le pays n'était pas forcément connu pour ses paysages à couper le souffle mais simplement pour ses forêts de bouleaux, ses lacs qui s?étendent à perte de vue devenant glace et paysages de grisaille l?hiver venu. Il aura fallu un peu d?effort, m?aventurer au-delà du cercle polaire (69,1° latitude), au nord de la péninsule de Kola, pour découvrir ce lieu d?une incroyable beauté épargné par les tentatives de modernisation du pays.
La ville, assise entre les montagnes et la mer de Barents, était jusqu?au milieu des années 1960 une cité prospère de 30,000 habitants vivant de la pêche côtière et de l?élevage des rennes. Les changements dans l?administration locale et les nouvelles normes de pêches ont détourné les bateaux vers Mourmansk, où les installations plus récentes permettaient une pêche industrialisée et plus rentable.
Depuis le début des années 2000, malgré les promesses des autorités locales, rien n?est venu enrayer le cercle vicieux de la dégradation de l?infrastructure, de l?appauvrissement et de l?exode. C'est en 2014 que la situation évolue avec le succès international du film Leviathan d?Andreï Zviaguintsev, un drame social filmé à Teriberka et qui rencontre un immense succès en Russie et à l?étranger. Ce succès braque les projecteurs sur la ville et la beauté de ses paysages, et laisse espérer une résurrection par le tourisme.
Aujourd'hui, Teriberka est une ville abandonnée de 500 habitants entouré d'une nature sauvage rappelant la magie des fjords norvégiens. Le sentiment est pesant. La beauté des lieux est largement contrebalancée par les récits des vies de misère de ses hôtes.
On fait rapidement le tour de la ville, seule une promenade de nuit à la chasse aux aurores boréales permet de ne pas remarquer les maisons, bateaux, et écoles abandonnées.
Malgré le nombre grandissant de touristes venant admirer les aurores dans la région, 450 000 en 2019 (40% de Chinois) selon les autorités, très peu sont optimistes pour leur avenir dans la région. Beaucoup réfléchissent à s?exiler vers Mourmansk ou dans une autre région alors qu?au même moment, des entrepreneurs étrangers viennent investir dans le tourisme local en construisant hôtels flambants neufs et en profitant de la faible compétition du secteur.
Life above the Arctic Circle
It is after 35 hours by train from Moscow (2 hours by plane for the short version) and 2 hours of rally driving that we finally arrive in the small town of Teriberka.
After 5 years of traveling in Russia, I was getting used to the birch forests and lakes that stretch as far as the eye can see becoming ice and greyness landscapes in winter. It is therefore above the Arctic Circle (69.1 ° latitude), north of the Kola Peninsula that I arrive in this place of incredible beauty spared by attempts of modernization of the country.
The town seated between the mountains and the Barents Sea was, until the mid-1960s, a prosperous town of 30,000 inhabitants living from coastal fishing and reindeer herding. Changes in local government and new fishing standards have diverted boats to Murmansk, where more recent facilities have enabled industrialized and more profitable fishing.
Since the early 2000s, local authorities have made many promises to residents of the region to recreate infrastructure and slow impoverishment. It is only in 2014 that the situation changed with the international success of the film Leviathan, a social drama filmed in Teriberka and which dealt with many real problems of contemporary Russia.
Today it is an abandoned city of 500 inhabitants surrounded by wilderness reminiscent of the magic of Norwegian fjords. The feeling is heavy, the beauty of the place is largely balanced by the stories of misery lives of its hosts.
We quickly go around the city, only a night walk to admire the northern lights makes it possible not to notice the abandoned houses, boats, and schools.
Despite the growing number of tourists coming to admire the aurora in the region, 450,000 in 2019 (40% Chinese) according to the authorities, very few are optimistic about their future in the region. Many are thinking of returning to Murmansk or another region, while at the same time, foreign entrepreneurs come to invest in local tourism by building brand new hotels and taking advantage of the sector's weak competition.