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Après la pluie
Les jours sont passés. La pluie ne semble pas vouloir s'arrêter, comme s'il fallait encore des milliers de litres d'eau pour laver les rues de Marseille de leur colère. Dans la boue et les décombres, les secouristes dégagent de nouveaux corps. Toujours. Plusieurs immeubles sont évacués, menaçant à leur tour de s'effondrer. La maladie s'est déclarée et elle est contagieuse.
Alors on dégage, on cache. Pas loin, à quelques rues, sur un terrain vague, les décombres s'accumulent : poutres en bois, éclats de plancher, matelas, étagères et effets personnels sont déchargés devant une vingtaine de policiers.
Dans l'agitation des rues, la solidarité s'organise. Les voisins récoltent des habits, de la nourriture ou des produits de premières nécessité pour les habitants qui n'ont plus nulle part où aller. Les immeubles sont évacués les uns après les autres et dans le froid de l'automne tout le monde n'a pas eu droit à une chambre à l'hôtel, on se serre les coudes. « Ma voisine, elle est seule avec ses deux minots. Elle n'ose même pas venir ici chercher à manger. »
Demain, une marche blanche sera organisée dans le quartier pour rendre hommage aux victimes. Après la pluie, après le deuil ce sera le temps de la colère et de la justice.
Par terre, au pied des barrières de police et devant les draps blanc qui masquent la scène, quelques bougies tremblotent. Des mots, collés aux murs, crient le chagrin et l'indignation : « Ce n'est pas la pluie ».
Non, ce n'est pas la pluie.
After the Rain
The days have passed. The rain does not seem to want to stop, as if thousands more litres of water were needed to wash the streets of Marseille of their anger. In the mud and rubble, the rescuers release new bodies. Always. Several buildings were evacuated, threatening in turn to collapse. The disease has started and is contagious.
So we clear out, we hide. Not far away, a few streets away, on a vacant lot, rubble piles up: wooden beams, floor shavings, mattresses, shelves and personal effects are unloaded in front of about twenty police officers.
In the bustle of the streets, solidarity is organized. Neighbours collect clothes, food or basic necessities for people who have nowhere else to go. The buildings are evacuated one after the other and in the cold autumn not everyone was allowed a room in the hotel, we stick together. "My neighbor, she's alone with her two cubs. She doesn't even dare come here to get food. »
Tomorrow, a white march will be organized in the neighbourhood to pay tribute to the victims. After the rain, after the mourning, it will be a time of anger and justice.
On the ground, at the foot of the police fences and in front of the white sheets that mask the scene, some candles tremble. Words, glued to the walls, shout sorrow and indignation: "It's not the rain".
No, it's not the rain.