Les blessés de Gaza
À Gaza, chaque vendredi est un jour de manifestation. Des centaines de jeunes se rendent au plus près du grillage qui ferme la frontière avec Israël. Ils sont munis de drapeaux palestiniens, de lance-pierres et de frondes. La foule se masse sur un talus qui fait face à l'armée israélienne. Des pneus sont brûlés pour créer un écran de fumée noire. Les jeunes envoient des pierres, vers une cible qu'ils ne voient pas : des bunkers qui abritent les snipers de Tsahal.
Soudain, des grenades lacrymogènes tombent sur la foule. Un tir claque, puis un second. C'est la panique. « Laissez passer ! Laissez passer » hurle un urgentiste bénévole. Le premier blessé est porté vers les ambulances qui attendent en contre-bas. Il a été touché à la jambe. Son cri de douleur fend l'air. « Les balles employées par l'armée israélienne font de gros dégâts. Ils explosent le tibia et ressortent du mollet par une plaie béante d'une dizaine de centimètres » explique un médecin. Comme chaque vendredi, de nombreuses personnes sont blessées ce jour là.
Dans la petite cour qui sert d'entrée à la clinique de Médecins Sans Frontières, les blessés par balles patientent. La plupart sont en béquilles, certains en chaises roulantes. D'impressionnants fixateurs externes en métal dépassent de leurs jambes. Ils viennent tous pour des soins post-opératoires : changements de pansements, désinfection des plaies, kinésithérapie et exercices de rééducation. Ceux là ont eu de la chance : leurs jambes sont à priori sauvées. Mohammed Shabed est l'un d'entre eux. Assis sur le vélo d'appartement de l'ONG, il positive : « On prend soin de moi ici. Je peux venir m'entraîner. Je retrouve l'usage de ma jambe et petit à petit, ça va mieux. J'espère qu'avec le temps je vais guérir » explique-t-il.
Miriam Deguillen est plus pessimiste. Elle est responsable de l'équipe médicale de Médecins Sans Frontières à Gaza. Dans son bureau, elle relit les chiffres sur son ordinateur : « Depuis le 31 mars 2018, nous avons comptabilisé quelques 6000 blessés. MSF a pris en charge les soins post-opératoires de la moitié d'entre eux, soit 3000 personnes. Et la moitié de ces blessés souffrent de fractures ouvertes. » Des fractures qui nécessitent un soin particulier, car la moelle osseuse des patients risque de s'infecter. « Nous savons à l'avance que 25 % de ces blessés vont développer une infection, parfois même plusieurs mois après avoir été touchés » complète-t-elle. Une statistique qui inquiète l'ONG.
Les blessés de Gaza
À Gaza, chaque vendredi est un jour de manifestation. Des centaines de jeunes se rendent au plus près du grillage qui ferme la frontière avec Israël. Ils sont munis de drapeaux palestiniens, de lance-pierres et de frondes. La foule se masse sur un talus qui fait face à l'armée israélienne. Des pneus sont brûlés pour créer un écran de fumée noire. Les jeunes envoient des pierres, vers une cible qu'ils ne voient pas : des bunkers qui abritent les snipers de Tsahal.
Soudain, des grenades lacrymogènes tombent sur la foule. Un tir claque, puis un second. C'est la panique. « Laissez passer ! Laissez passer » hurle un urgentiste bénévole. Le premier blessé est porté vers les ambulances qui attendent en contre-bas. Il a été touché à la jambe. Son cri de douleur fend l'air. « Les balles employées par l'armée israélienne font de gros dégâts. Ils explosent le tibia et ressortent du mollet par une plaie béante d'une dizaine de centimètres » explique un médecin. Comme chaque vendredi, de nombreuses personnes sont blessées ce jour là.
Dans la petite cour qui sert d'entrée à la clinique de Médecins Sans Frontières, les blessés par balles patientent. La plupart sont en béquilles, certains en chaises roulantes. D'impressionnants fixateurs externes en métal dépassent de leurs jambes. Ils viennent tous pour des soins post-opératoires : changements de pansements, désinfection des plaies, kinésithérapie et exercices de rééducation. Ceux là ont eu de la chance : leurs jambes sont à priori sauvées. Mohammed Shabed est l'un d'entre eux. Assis sur le vélo d'appartement de l'ONG, il positive : « On prend soin de moi ici. Je peux venir m'entraîner. Je retrouve l'usage de ma jambe et petit à petit, ça va mieux. J'espère qu'avec le temps je vais guérir » explique-t-il.
Miriam Deguillen est plus pessimiste. Elle est responsable de l'équipe médicale de Médecins Sans Frontières à Gaza. Dans son bureau, elle relit les chiffres sur son ordinateur : « Depuis le 31 mars 2018, nous avons comptabilisé quelques 6000 blessés. MSF a pris en charge les soins post-opératoires de la moitié d'entre eux, soit 3000 personnes. Et la moitié de ces blessés souffrent de fractures ouvertes. » Des fractures qui nécessitent un soin particulier, car la moelle osseuse des patients risque de s'infecter. « Nous savons à l'avance que 25 % de ces blessés vont développer une infection, parfois même plusieurs mois après avoir été touchés » complète-t-elle. Une statistique qui inquiète l'ONG.