España Vacía
Cette série est issue d’un projet collaboratif en cours qui s’intéresse à la désertification de la campagne espagnole liée au réchauffement climatique. Le sujet est traité à travers les photographies de Tobias Canales et les interviews et prises de son de Caroline Klein.
“Avril 2023, nous prenons la route de l'Espagne pour aller se perdre dans ses déserts. Ces espaces nous intriguaient depuis un moment avec l'envie de découvrir ces paysages et d'aller à la rencontre de ceux qui les peuplent. Très vite, confronté au vide, le "désert" par définition, celui qui est présent partout où l'on regarde, prend un autre sens : désert oui, mais pas forcément vide en totalité, vide de ce que l'on connaît, vide de nos repères.
Au fur et à mesure que les chemins mènent dans les terres, les villages semblent de plus en plus inhabités avec une population de plus en plus vieille. Ici aussi, le désert est venu s'installer. Sur le chemin, le paysage change et laisse apparaître collines et montagnes de plus en plus arides.
Aujourd'hui, la plupart des villages avoisinant les déserts, qui vivaient grâce aux cultures d'oliviers, se retrouvent face à des sécheresses poussant les habitants à partir. Dans les villages, des maisons arborent une pancarte "se vende" (à vendre) mais ne trouvent pas d'acheteur. Les villages se dépeuplent et seules les vieilles générations restent, comme dernière occupante peut-être. C'est celle qui a grandi là, qui vit ou qui a vécu de métiers aujourd'hui oubliés.
Tout le monde se connaît. Là-bas, même les chats et chiens errants sont connus de tous. Par endroits, on retrouve des chaises posées devant les maisons où se trouvent les habitants le soir pour discuter du "dia dia" (la vie de tous les jours).
La première canicule de l'année est annoncée. Sur les hauts plateaux, la température dépasse les 40° l'après-midi devenant ainsi un terrain hostile au soleil aride et au sable brûlant. La sécheresse se fait ressentir par la vue avant d'être rappelée par la soif.
Là-bas, les villages qui empiétaient sur le désert voient désormais le désert gagner leurs portes.”
España Vacía
This series is part of an ongoing collaborative project looking at the desertification of the Spanish countryside as a result of global warming. The subject is addressed through photographs by Tobias Canales and interviews and sound recordings by Caroline Klein.
“In April 2023, we set off for Spain to lose ourselves in its deserts. These spaces had intrigued us for some time, and we wanted to discover these landscapes and meet the people who inhabit them. Confronted with the void, “desert” by definition, that which is present everywhere we look, quickly takes on a different meaning: desert yes, but not necessarily empty in its entirety, empty of what we know, empty of our landmarks.
As the roads lead inland, the villages seem more and more uninhabited, with an increasingly elderly population. Here too, the desert has come to stay. Along the way, the landscape changes, revealing increasingly arid hills and mountains.
Today, most of the villages bordering the deserts, which used to live on olive groves, are facing droughts that are forcing their inhabitants to leave. In the villages, houses displaying the sign “se vende” (for sale) find no buyers. The villages are depopulating and only the older generations remain, perhaps as the last occupants. These are the people who grew up there, who live or have lived by trades that are now forgotten.
Everyone knows everyone else. Even stray cats and dogs are known here. In some places, there are chairs in front of the houses where the locals gather in the evening to discuss “dia dia” (everyday life).
The first heatwave of the year is forecast. In the highlands, afternoon temperatures exceed 40°, making the arid sun and scorching sand a hostile environment. The drought is felt by the sight before being recalled by the thirst.
There, villages that once encroached on the desert now see the desert gaining on them.”