España Vacía
En avril 2023, je prends la route de l'Espagne pour aller me perdre dans ses déserts. Ces espaces m'intriguaient depuis un moment avec l'envie de découvrir ces paysages et d'aller à la rencontre de ceux qui les peuplent. Très vite, je me suis confronté au vide, le "désert" par définition, celui qui est présent partout où l'on regarde. Désert, mais pas forcément vide en totalité, vide de ce que l'on connaît, vide de nos repères.
Au fur et à mesure que les chemins m'amènent dans les terres, les villages semblent de plus en plus inhabités avec une population de plus en plus vieille. Ici aussi le désert est venu s'installer. Sur le chemin, le paysage change et laisse apparaître collines et montagnes de plus en plus arides.
Aujourd'hui, la plupart des villages avoisinant les déserts, qui vivaient grâce aux cultures d'oliviers, se retrouvent face à des sécheresses poussant les habitants à partir. Dans les villages, des maisons arborent une pancarte "se vende" (a vendre) mais ne trouvent pas d'acheteur. Les villages se dépeuplent et seules les vieilles générations restent, comme dernière occupante peut-être. C'est celle qui a grandi là, qui vit ou qui a vécu de métiers aujourd'hui oubliés.
Tout le monde se connaît. Là bas, même les chats et chiens errants sont connus tous. Par endroits, on retrouve des chaises posées devant les maisons où se trouvent les habitants le soir pour discuter du "dia dia" (la vie de tous les jours).
En marchant dans les rues, une question subsiste : si les effets du réchauffement climatique se font ressentir de plus en plus chez nous, est-ce que ces villes et villages sont à l'image de notre vie de demain?
Nous sommes au mois d'avril et la première canicule de l'année est annoncée. Sur les hauts plateaux, la température dépasse les 40° l'après-midi devenant ainsi un terrain hostile au soleil aride et au sable brûlant. La sécheresse se fait ressentir par la vue avant d?être rappelée par la soif.
Là bas, les villages qui empiétaient sur le désert voient désormais le désert gagner leur portes.
España Vacía
In April 2023, I take the road to Spain to lose myself in its deserts.
These spaces had intrigued me for some time, and I wanted to discover these landscapes and meet the people who live there. Very quickly, I came face to face with the void, the 'desert' by definition, that which is present everywhere you look. Desert, but not necessarily empty in its totality, empty of what we know, empty of our landmarks.
As the roads take me further inland, the villages seem more and more uninhabited, with an increasingly elderly population. Here too, the desert has moved in. Along the way, the landscape changes, revealing increasingly arid hills and mountains.
Today, most of the villages bordering the deserts, which used to live on olive groves, are facing droughts that are forcing their inhabitants to leave. In the villages, houses displaying a "se vende" (for sale) sign are finding no buyers. The villages are being depopulated and only the older generations remain, perhaps as the last occupants. These are the people who grew up there, who live or who have lived by trades that are now forgotten.
Everyone knows everyone else. Even stray cats and dogs are known here. In some places, there are chairs in front of the houses where the locals meet in the evening to discuss the "dia dia" (everyday life).
As we walk along the streets, one question remains: if the effects of global warming are increasingly being felt here, are these towns and villages a reflection of our lives in the future?
It's April and the first heatwave of the year is forecast. On the highest ground, the temperature rises above 40°C in the afternoon, making the arid sun and scorching sand a hostile environment. The drought is felt by the sight before being reminded by the thirst.
There, the villages that once encroached on the desert are now seeing the desert move in on them.