TAIPEI - EVERYDAY MOTION
À Taipei, la ville s’étire entre les rivières, les murs et les ponts. Les immeubles se penchent sur l’eau comme pour y lire quelque chose. La végétation pousse où elle peut. Le béton fatigue. À Shilin, des oiseaux peints couvrent les murs. À Sanchong, des pots de plantes reposent sur les capots. Le Keelung roule, gonflé de pluie. Le Tamsui glisse sous les ponts, lentement. Dans les rues, les Taiwanais avancent à petits pas. Le soleil tape, les gestes sont mesurés. Une sonnette usée, une boîte cabossée. Des poissons glacés sur un étal. Un journal qui crie une autre réalité. Partout, des affiches. Visages lisses, sourires figés. Promesses de jeunesse sur les bus, les murs, les écrans. On les oublie en les regardant. Taipei, c’est ça : des ponts sur des terrains vagues, des façades usées couvertes d’images brillantes. Et des vies minuscules, qui continuent, sans bruit.
TAIPEI - EVERYDAY MOTION
In Taipei, the city stretches between rivers, walls, and overpasses. Buildings lean over the water, as if trying to read something in it. Vegetation grows where it can. The concrete is tired. In Shilin, painted birds cover the walls. In Sanchong, potted plants sit on car hoods. The Keelung flows, swollen with rain. The Tamsui slides under the bridges, slowly. In the streets, people walk in small steps. The sun beats down, gestures are careful. A worn-out doorbell, a dented mailbox. Icy fish on a stall. A newspaper shouting someone else’s truth. Everywhere, posters. Smooth faces, frozen smiles. Promises of youth on buses, walls, and screens. You forget them as you look. That’s Taipei: bridges over vacant lots, worn façades covered in shiny images. And small lives, moving forward, quietly.