TAIPEI - THE TIMELESS DOWNPOUR
Le ciel est bas, lourd comme une nappe de plomb fondue sur la ville. Un gris sans nuance, étalé sur l’horizon comme une rature. Taipei s’efface sous la pluie, et la tour 101, haute silhouette d’habitude arrogante, s’évanouit dans la brume. Les palmiers ont la tête noyée de vapeur. Les rochers, noirs, rugueux, griffent le rivage, trempés d’embruns et de silence. On dit que la pluie a trois milliards d’années. Elle tombait bien avant nous, bien avant qu’il y ait des hommes pour lever les yeux et lui chercher des présages. Ici, sur cette île, elle revient sans fin, toujours la même, inlassable. Le temps, une encre diluée. Un jour, puis un autre. Rien ne sèche jamais vraiment.
TAIPEI - THE TIMELESS DOWNPOUR
The sky hangs low, heavy like a sheet of molten lead poured over the city. A gray without nuance, smeared across the horizon like a crossed-out line. Taipei fades under the rain, and Tower 101, usually a proud silhouette, vanishes into the mist. The palm trees stand with their heads lost in the vapor. The rocks, black and rough, claw at the shore, soaked in spray and silence. They say the rain is three billion years old. It fell long before us, long before there were men to look up and search for omens. Here, on this island, it returns endlessly, always the same, tireless. Time, a diluted ink. One day, then another. Nothing ever truly dries.