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HOLD-UP AU MUSÉE
Dimanche sans fin au Centre Pompidou-Metz n’est pas une exposition comme les autres. Jusqu’au 2 février 2027, l’artiste italien Maurizio Cattelan a investi les lieux pour orchestrer un parcours en 27 thèmes, mêlant quarante de ses propres œuvres à près de quatre cents pièces majeures issues de la collection du Centre Pompidou. Un véritable hold-up artistique rendu possible par la fermeture temporaire du musée parisien, offrant à Cattelan la liberté inédite de puiser à volonté dans ses réserves.
Le résultat : un dialogue au couteau, irrévérencieux et profond, où l’humour grinçant et l’autocritique du marché de l’art, miroir de sa société, se frottent à l’histoire, à la mélancolie, à l’invisibilisé et à la mort. Une comédie dramatique mise en scène sur deux étages, où se répondent des icônes de l’art moderne et contemporain (de Duchamp à Breton, de Richter à Miró). La scénographie signée Berger & Berger transforme les galeries en un espace de libre déambulation, écho aux cycles du temps, et tisse des correspondances malicieuses, parfois mordantes, souvent lumineuses.
Mais à force de stupeurs, l’œil finit par vaciller face à cette surabondance. Que dire, lorsque l’on se retrouve nez à nez avec l’origine même de l’art contemporain : dans l’alignement d’un recoin dénué de faste, le Carré noir sur fond noir de Malévitch trône, discret avant-poste des révolutions, presque anecdotique.
Une seule visite ne suffit pas à embrasser cette profusion : plongée iconoclaste dans un Versailles contemporain projeté au cœur de la Moselle.
MUSEUM HEIST
An Endless Sunday at the Centre Pompidou-Metz is no ordinary exhibition. Until 2 February 2027, Italian artist Maurizio Cattelan has taken over the museum to orchestrate a journey through 27 themes, blending forty of his own works with nearly four hundred major pieces from the Centre Pompidou collection. This audacious artistic heist was made possible by the temporary closure of the Paris museum, granting Cattelan the unprecedented freedom to plunder its reserves at will.
The result: a razor-sharp dialogue, both irreverent and profound, where biting humour and self-critique of the art market—reflecting the society that created it—rub up against history, melancholy, the unseen and the spectre of death. A tragicomedy staged across two floors, where icons of modern and contemporary art (from Duchamp to Breton, Richter to Miró) converse in unexpected ways. The scenography, by Berger & Berger, turns the galleries into a space for free roaming—an echo of the cycles of time—drawing playful, at times cutting, at times luminous connections.
Yet the cascade of shocks can leave the eye reeling. What to say when you suddenly come face to face with the very origin of contemporary art: in the unassuming corner of a gallery, devoid of grandeur, Malevich’s Black Square on Black Background stands—a discreet outpost of revolutions, almost anecdotal.
One visit is not enough to take it all in: an iconoclastic plunge into a contemporary Versailles, set in the heart of the Moselle.