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Journée Internationale des droits des enfants à Paris
L’hiver arrive et les campements de MNA se multiplient ; ainsi, à Lyon, 250 jeunes dorment sous des tentes ; à Paris, ils et elles sont plus de 400 à la rue. Même choses dans les autres villes : Lille, Rouen, Tours, Clermont-Ferrand, Marseille, Besançon...
Même une fois reconnu-es mineur-es et pris-es en charge par l’ASE, nous sommes les "oublié-es des oublié-es", laissé-es le plus souvent sans aide matérielle ni soutien administratif. Pire, dans certains départements, nous pouvons nous retrouver dans des situations carrément abusives où nous sommes privé-es de liberté et déscolarisé-es par ces associations employées par l’ASE et censées nous protéger. À Chartres, à Versailles et dans beaucoup d’autres départements, ces associations nous envoient faire des demandes de titre de séjour en préfecture avec des dossiers incomplets ou mal constitués. Au lieu d’assurer la protection de l’enfance, l’ASE envoie des jeunes majeur-es prendre des OQTF qui aboutissent à une rupture de prise en charge et une remise à la rue. Récemment un camarade arrivé mineur, Mamadou Garanké, a été victime d’un acharnement de la préfecture à sa majorité. Il est décédé en essayant de partir en Angleterre après avoir reçu une OQTF. C’est la préfecture qui l’a tué.
Dans un contexte où l’immigration est de plus en plus stigmatisée, les discours et les lois en préparation, comme le pacte de l’immigration, se multiplient, alimentant la méfiance et la discriminationj, et font reculer nos droits et les droits des Français en général. Les choix politiques actuels de non-accueil, de fermeture et militarisation des frontières, et de stigmatisation s’inscrivent dans une trajectoire politique toujours plus réactionnaire dont les dernières mesures anti-immigration, annoncées par Bruno Retailleau comme ministre de l’Intérieur, sont l’illustration.
Ces politiques de refus de nos droits sont justifiées par des discours toujours plus racistes qui nous dépeignent comme des dangers alors que c’est précisément notre situation de précarité qui nous met en danger. Lorsque nous ne sommes pas laissé-es à la rue, nous sommes souvent entassé-es dans des lieux aux conditions inhumaines. L’accès à l’école est dans chaque département un parcours du combattant, la majorité d’entre nous n’arrive pas à être scolarisée, nous passons des journées à ne rien faire, dans l’errance en attente de notre audience devant lea juge des enfants qui décidera si nous sommes mineur-es ou non. Malgré tous nos efforts pour nous intégrer, l’État français continue de nous maltraiter et de piétiner nos droits fondamentaux.
Nous savons que seuls nos luttes et le rapport de force nous permettront d’arracher des victoires. Dans un contexte de montée de l’extrême droite et du racisme, nous devons combattre les mesures et les lois anti-immigration et être solidaires des personnes exilées et immigrées en lutte pour leurs droits. Le soutien des syndicats, habitant-es solidaires, militant-es, associations et collectifs s’est renforcé autour de nos luttes. Nous souhaitons que ce soutien s’étende plus largement et que tout le monde nous rejoigne dans notre combat pour l’égalité des droits.
NOUS DEMANDONS :
o liberté de circulation et d’installation pour tous et toutes
o l’application de la présomption de minorité, soit la prise en charge de tous les mineurs jusqu’à la fin du recours juridique
o l’école pour tous et toutes
o un logement digne et pérenne pour tous et toutes
o une prise en charge sociale
o sur le long terme, nous exigeons l’arrêt des évaluations de nos âges sur des critères abstraits et racistes.
International Children's Rights Day in Paris
"Winter is coming and the number of camps for unaccompanied minors is growing. In Lyon, 250 young people are sleeping in tents; in Paris, there are more than 400 living on the streets. The same is true in other cities: Lille, Rouen, Tours, Clermont-Ferrand, Marseille, Besançon...Even once we are recognized as minors and taken into care by the ASE (child welfare services), we are the “forgotten among the forgotten,” most often left without material assistance or administrative support. Worse still, in some departments, we can find ourselves in downright abusive situations where we are deprived of our freedom and taken out of school by these associations employed by the ASE and supposed to protect us. In Chartres, Versailles, and many other departments, these associations send us to apply for residence permits at the prefecture with incomplete or poorly prepared files. Instead of ensuring child protection, the ASE sends young adults to accept OQTF orders, which result in a break in care and a return to the streets. Recently, a comrade who arrived as a minor, Mamadou Garanké, was the victim of relentless persecution by the prefecture when he came of age. He died trying to leave for England after receiving an OQTFThese policies that deny us our rights are justified by increasingly racist rhetoric that portrays us as dangerous, when in fact it is precisely our precarious situation that puts us at risk. When we are not left on the streets, we are often crammed into places with inhumane conditions. Access to school is an obstacle course in every department; most of us are unable to attend school and spend our days doing nothing, wandering around waiting for our hearing before the juvenile court judge who will decide whether or not we are minors. Despite all our efforts to integrate, the French state continues to mistreat us and trample on our fundamental rights. We know that only our struggles and the balance of power will enable us to achieve victories. In a context of rising far-right extremism and racism, we must fight anti-immigration measures and laws and stand in solidarity with exiles and immigrants fighting for their rights. Support from unions, residents, activists, associations, and collectives has grown stronger around our struggles. We hope that this support will spread more widely and that everyone will join us in our fight for equal rights.
WE DEMAND:
o Freedom of movement and settlement for all
o The application of the presumption of minority, i.e., the care of all minors until the end of legal proceedings
o School for all
o Decent and permanent housing for all
o Social care
o In the long term, we demand an end to the assessment of our ages based on abstract and racist criteria."