Rassemblement en hommage à Géraldine et à Angelina à Paris.
"
Communiqué de presse d?Acceptess-T, du PASTT et du STRASS ? 10 juillet 2024
Mardi 9 juillet 2024, Geraldine, travailleuse du sexe trans péruvienne de 30 ans, a été poignardée et assassinée dans son appartement du 16e arrondissement à Paris. Elle était en France depuis à peine deux ans, et travaillait comme escort pour aider financièrement sa mère et toute sa famille. Comme beaucoup de collègues, elle voulait simplement gagner sa vie, et non pas la perdre.
Le meurtrier présumé s?est dénoncé à la police en expliquant avoir paniqué, et avoir été « trompé » en découvrant la transidentité de Geraldine. Le caractère transphobe du crime est donc évident. La supposée « tromperie » quant au sexe d?une travailleuse du sexe ne peut jamais être prétexte à la tuer. Non seulement le motif est inacceptable, mais il pose question.
Pour poignarder Geraldine, il a bien fallu que l?auteur soit en possession d?une arme tranchante, or un vrai client ne se rend pas à un rendez-vous armé ainsi. C?est d?autant moins crédible que les annonces d?escorting sont explicites, et que les clients contactent les femmes trans en pleine connaissance de cause.
Nous croyons au contraire que l?agresseur a délibérément ciblé une femme trans migrante travailleuse du sexe en pensant s?en sortir impunément, car c?est malheureusement une grande partie de la société et du système judiciaire qui encourage à penser que certains groupes de personnes n?ont pas autant droit à la vie et à la sécurité.
5 juillet 2024 : Angelina, une femme trans de 55 ans, est tuée à la hâche par son compagnon dans l?appartement conjugal.
28 juin 2024 : une femme trans TDS est sauvagement agressée dans son appartement à Pigalle. Son agresseur prend la fuite et la laisse pour morte.
Mai 2024 : une travailleuse du sexe trans est fauchée volontairement par un automobiliste après qu?elle ait refusé de monter dans sa voiture.
Fin mars 2024 : un homme soupcçonné d?avoir violé plusieurs dizaines de travailleuses du sexe trans pendant plusieurs années au bois de Boulogne est placé en détention provisoire après un énième viol.
Entre les attaques des TERF, la promotion de leur livre par l?extrême droite, la proposition de loi LR contre les transitions des mineurs, et jusqu?aux propos du président Macron sur les « changements de sexe en mairie » qualifiés « d?ubuesques » : le contexte actuel de transphobie est une cause majeure de normalisation du déchaînement de haine à l?encontre des personnes trans et surtout des femmes trans.
Depuis une semaine, des vidéos circulent et sont partagées sur des réseaux sociaux d?extrême droite pour s?amuser d?attaques par balles de airsoft sur des travailleuses du sexe au bois de Boulogne. Cette situation est loin d?être nouvelle : il y a deux ans, des femmes trans TDS étaient la cible de tirs de balles en plomb à Lyon. Cette vidéo a plutôt visibilisé des violences commises quotidiennement au bois de Boulogne dans l?indifférence des médias.
Médias qui préfèrent nier la dignité humaine des femmes trans et leur véritable identité, même dans la mort, comme BFM qui titre dans son direct « L?escort-girl tuée car elle était un homme ». L?acharnement médiatique, les caricatures, la place offerte aux articles et aux tribunes transphobes sont responsables d?une déshumanisation qui se traduit en rejets familiaux, en violences et en assassinats.
L?insécurité subie par les travailleuses du sexe est également liée au contexte politique répressif. Lors du procès en première instance du meurtre de Vanesa Campos en janvier 2022, Maître Nefali a fait remarquer à l?enquêteur que les accusés ont commencé à voler les travailleuses du sexe et leurs clients en 2016, justement par ce que la loi de prétendue ?lutte contre le système prostitutionnel?, en pénalisant les clients, empêche de porter plainte.
Lors de l?annonce du plan gouvernemental contre la « prostitution » d?Aurore Bergé il y a à peine deux mois, nos associations ont une fois de plus mis en garde que la répression accrue contre la location d?appartements Airbnb ou l?éviction par les chaines d?hôtels auraient pour conséquence davantage de clandestinité et donc d?insécurité.
Nous aurions tellement aimé avoir tort mais les faits sont là. Rien qu?à Paris, une travailleuse du sexe est assassinée en moyenne tous les deux ans :
Vanesa Campos, 36 ans, tuée par balle, bois de Boulogne, 18 août 2018 ;
Jessyca Sarmiento, fauchée volontairement par un automobiliste, 38 ans, bois de Boulogne, 20 février 2020 ;
Anissa, 26 ans, étranglée, Paris 19e, 9 avril 2021 ;
Ivanna Macedo Silva, 31 ans, assassinée dans son appartement, Courbevoie, 14 septembre 2021 ;
Saba, 49 ans, rouée de coups et battue à mort, Paris 19e, 8 novembre 2022 ;
Geraldine, 30 ans, poignardée, Paris 16e, 9 juillet 2024.
Rien n?a changé depuis les mobilisations de 2018 suite au meurtre de Vanesa Campos. Toujours la même indifférence et silence gêné de la classe politique. Nos associations ont fait barrage à l?extrême droite lors des dernières élections pour des raisons évidentes : nous exigeons donc que le prochain gouvernement fasse barrage à la transphobie. Les OQTF contre les femmes trans TDS doivent cesser. A défaut de régulariser tous les sans-papiers, les victimes de violence doivent a minima pouvoir bénéficier d?un droit au séjour ne serait-ce que pour organiser leur défense en France. Enfin, il est plus que temps de décriminaliser le travail sexuel afin d?améliorer la sécurité des TDS.
Acceptess-T, le PASTT et le STRASS appellent à un large rassemblement et recueillement sur le parvis des droits de l?homme, place du Trocadéro, ce mardi 16 juillet à 18h. Il se fera en présence de la mère de Geraldine qui tient à demander justice pour sa fille et l?acceptation des personnes trans et TDS.
Étant donné l?urgence de la situation, nous ne nous trouvons pas en mesure d?appeler à la signature mais nous appelons à la mobilisation massive.
Nous réclamons justice pour Geraldine et de véritables mesures politiques contre toutes formes de haine et de violences transphobes !"
Tribute to Geraldine and Angelina in Paris.
Press release from Acceptess-T, PASTT and STRASS - July 10, 2024
On Tuesday July 9, 2024, Geraldine, a 30-year-old Peruvian trans sex worker, was stabbed and murdered in her apartment in the 16th arrondissement of Paris. She had been in France for barely two years, working as an escort to help her mother and her entire family financially. Like many of her colleagues, she simply wanted to earn a living, not lose it.
The alleged murderer reported himself to the police, explaining that he had panicked and been ?deceived? into discovering Geraldine's trans-identity. The transphobic nature of the crime is therefore obvious. Supposed ?deception? as to a sex worker's gender can never be a pretext for killing her. Not only is the motive unacceptable, it begs the question.
To stab Geraldine, the perpetrator had to be in possession of a sharp weapon, and a real client doesn't go to a rendezvous armed like that. This is all the more implausible given that escort ads are explicit, and clients contact trans women with full knowledge of the facts.
On the contrary, we believe that the assailant deliberately targeted a migrant trans woman sex worker thinking he could get away with it, because unfortunately it's a large part of society and the justice system that encourages the view that certain groups of people don't have as much right to life and safety.
July 5, 2024: Angelina, a 55-year-old trans woman, is hacked to death by her partner in the conjugal apartment.
June 28, 2024: a TDS trans woman is brutally attacked in her Pigalle apartment. Her assailant flees and leaves her for dead.
May 2024: a trans sex worker is deliberately mowed down by a motorist after she refuses to get into his car.
Late March 2024: a man suspected of raping dozens of trans sex workers over several years in the Bois de Boulogne is remanded in custody after yet another rape.
Between the attacks on TERFs, the promotion of their book by the far right, the LR bill against underage transitions, and even President Macron's comments on ?sex changes at town hall? described as ?Ubuesque?: the current transphobic context is a major cause of normalizing the outburst of hatred against trans people and especially trans women.
For the past week, videos have been circulating and being shared on far-right social networks to poke fun at airsoft bullet attacks on sex workers in the Bois de Boulogne. This situation is far from new: two years ago, trans TDS women were shot at with lead bullets in Lyon. Instead, this video has raised awareness of the violence committed on a daily basis in the Bois de Boulogne, to the indifference of the media.
The media prefer to deny the human dignity of trans women and their true identity, even in death, as in the case of BFM, which headlined its live broadcast ?Escort killed because she was a man?. The relentlessness of the media, the caricatures, the space given to transphobic articles and tribunes are responsible for a dehumanization that translates into family rejection, violence and murder.
The insecurity suffered by sex workers is also linked to the repressive political context. During the trial of the murder of Vanesa Campos in January 2022, Maître Nefali pointed out to the investigator that the defendants began robbing sex workers and their clients in 2016, precisely because the law of so-called ?fight against the prostitutional system?, by penalizing clients, prevents them from lodging complaints.
When Aurore Bergé's government plan against ?prostitution? was announced barely two months ago, our associations once again warned that increased repression against Airbnb apartment rentals or eviction by hotel chains would result in more clandestinity and therefore insecurity.
We'd so much like to have been wrong, but the facts are there. In Paris alone, a sex worker is murdered on average every two years:
Vanesa Campos, 36, shot dead, Bois de Boulogne, August 18, 2018 ;
Jessyca Sarmiento, deliberately mowed down by a motorist, 38, Bois de Boulogne, February 20, 2020 ;
Anissa, 26, strangled, Paris 19th, April 9, 2021 ;
Ivanna Macedo Silva, 31, murdered in her apartment, Courbevoie, September 14, 2021;
Saba, aged 49, beaten to death, Paris 19th district, November 8, 2022 ;
Geraldine, 30, stabbed to death, Paris 16th, July 9, 2024.
Nothing has changed since the 2018 mobilizations following the murder of Vanesa Campos. Still the same indifference and embarrassed silence from the political class. Our associations put a stop to the far right in the last elections for obvious reasons: we therefore demand that the next government puts a stop to transphobia. OQTFs against trans TDS women must stop. If all undocumented migrants are not to be regularized, victims of violence must at least be granted the right to stay, if only to organize their defense in France. Finally, it is high time to decriminalize sex work in order to improve the safety of sex workers.
Acceptess-T, PASTT and STRASS are calling for a large-scale rally on the Parvis des Droits de l'Homme, Place du Trocadéro, this Tuesday July 16 at 6pm. It will be attended by Geraldine's mother, who is determined to demand justice for her daughter and acceptance for trans and transgender people.
Given the urgency of the situation, we are not in a position to call for signatures, but we do call for mass mobilization.
We demand justice for Geraldine and real political measures against all forms of transphobic hatred and violence!