PÊCHE À L'ARAIGNÉE, AU LARGE DE SAINT-MALO
Appartenant à la société Escoffier Pêche et piloté par Maxime, son capitaine, le catamaran de 16 mètres de long, le Franck Annie, spécialement préparé pour la pêche à l'araignée attend son équipage.
Ils sont 9 à bord. Le plus jeune Matthieu, tout juste la vingtaine apprend le métier auprès de Nelson, second du bateau. Il est portugais comme Augusto et Abel qui se sont installés à Saint-Malo attirés par des salaires plus élevés qu'au pays. Moussa, le plus âgé a 50 ans passés mais qui en parait 20 de moins, il vient du Sénégal comme Ousmane, ils font partie de l'équipage depuis plusieurs années maintenant. Coin-coin, le mécano est originaire de Saint-Malo comme Michaël la trentaine qui est dans le métier depuis maintenant 10 ans et espère pouvoir s'acheter bientôt son propre bateau.
Le départ en mer se fait en fonction des SAS d'accès au port, et donc du marnage. Ce jour-là Maxime a donné rendez-vous à ses marins pour 19h30. Le travail se fera donc de nuit, les horaires dépendent du cycle des marées. Le retour au port est prévu pour 7h, le lendemain matin.
« L'été on pose des filets à 20 km de Saint-Malo, les araignées de mer étant proches des côtes » me dit Maxime, « on en pose à différents endroits, des zones connues pour être riches en araignées. » L'araignée de mer se déplaçant en colonie, sa capture est facilitée par la connaissance de ses zones de trajectoire ».
Compte tenu de l'expertise du capitaine, le volume des ventes et donc celui de la prise est anticipé. Aujourd'hui, c'est une petite vente qui est prévue, aux alentours de 500 kilos cependant, Maxime envisage de rapporter pas moins de 2 tonnes ! Le surplus d'araignées est stocké dans des viviers au mouillage. Les araignées sont réparties en fonction de leur sexe. Les mâles, plus gros et donc plus recherchés se vendent mieux que les femelles pourtant davantage charnues, aux dires des connaisseurs.
Pour cette sortie, les filets qui doivent être récupérés sont situés à 2h de bateau de Saint-Malo, un temps de trajet qui permet au reste de l'équipage de se reposer avant d'attaquer le travail.
C'est le capitaine qui est responsable de la pêche, il doit connaitre les lieux où poser ses filets, et lesquels aller récupérer pour atteindre son objectif commercial du jour. « Avec l'expérience on connait bien les zones. Aujourd'hui on va aller récupérer des filets qui ont été posés il y a 4 jours ». L'hiver les araignées de mer partent plus loin des côtes, il faut donc faire davantage de trajet, environ 8 heures pour un Aller-Retour. L'araignée de mer n'est pas en danger, au contraire, cette espèce prolifère beaucoup. La cause, la hausse des températures, le froid bloque la mobilité de l'araignée. Aujourd'hui, on la retrouve même au bord des côtes se nourrissant de naissain de coquillages ce qui inquiète les conchyliculteurs. De plus, le seul prédateur de l'araignée est l'homme.
La pêche à l'araignée se fait au filet, on dépose des filets de deux fois 2 kilomètres que l'on vient récupérer quelques jours après. L'araignée se prend dans le filet et s'entortille, après c'est aux marins pécheurs de les démailler avec un outil aussi appelé dalot. C'est un travail harassant, on répète les mêmes gestes, ce qui à terme peut générer des tendinites chroniques tout en soulevant de lourdes charges. C'est un travail à la chaine sur un bateau en pleine mer, constamment balloté par la houle. Le bateau ne part pas plus d'une journée, il revient au port une fois l'objectif atteint.
C'est un métier qui demande peu de qualification technique. En effet, une formation de quelques mois suffit pour obtenir le certificat et pouvoir être engagé sur un bateau. Cependant, comme pour toutes les activités éprouvantes sur le plan physique et cognitif (cadences, port de charges élevées, stress de la houle) « il faut avoir l'envie de faire ce métier sinon on ne tient pas » me dit Maxime. « Le plus dur c'est de trouver des marins qui restent, j'en ai vu défiler des centaines attirés par les salaires. Ils font ça une journée et on ne les revoit plus ! »
En effet le salaire est attractif, environ 5000 euros en moyenne saison et près de 10 000 euros en haute saison (en décembre lors des fêtes). Le salaire des marins est réparti en fonction des ventes, il dépend donc du prix au kilo. Chaque marin du bateau est une sorte d'actionnaire, il paye l'essence, les filets, etc. Les bénéfices sont ensuite répartis entre l'armateur et l'équipage. Le capitaine a droit à 2 parts, le second 1 part 20, le mécano qui effectue des petites réparations 1 part 10 et un simple marin pêcheur, 1 part.
Ce matin-là, nous sommes rentrés au port à 8h, mais il a fallu encore vider les bailles remplies d'araignées de mer dans les viviers et préparer la vente du jour. Deux camionnettes attendent leur commande. Puis bien sûr, nettoyer le bateau et retirer le goémon coincé dans les filets. À 10h30 la journée est terminée. Maxime leur donne rendez vous pour 20h le soir même. Demain un gros acheteur vient récupérer 5 tonnes de mâles.
SPIDER FISHING OFF THE COAST OF SAINT-MALO
Belonging to the company Escoffier Pêche and piloted by Maxime, its captain, the 16-meter long catamaran, the Franck Annie, specially prepared for spider fishing awaits its crew.
They are 9 on board. The youngest, Matthieu, just in his twenties, learns the trade from Nelson, the boat's second mate. He is Portuguese like Augusto and Abel who settled in Saint-Malo attracted by higher wages than in the country. Moussa, the oldest is 50 years old but looks 20 years younger, he comes from Senegal like Ousmane, they have been part of the crew for several years now. Coin-coin, the mechanic is from Saint-Malo like Michaël the thirty-something who has been in the business for 10 years now and hopes to buy his own boat soon.
The departure at sea is done according to the SAS of access to the port, and thus the tidal range. That day Maxime gave an appointment with his sailors for 7:30 pm. The work will therefore be done at night, the schedules depend on the tidal cycle. The return to the port is scheduled for 7am the next morning.
"In the summer we put nets 20 km from Saint-Malo, spider crabs being close to the coast" Maxime tells me, "we put some in different places, areas known to be rich in spider crabs "The spider crab moving in colonies, its capture is facilitated by the knowledge of its areas of trajectory ...
Given the expertise of the captain, the volume of sales and therefore the volume of the catch is anticipated. Today, it is a small sale which is planned, around 500 kilos however, Maxime plans to bring back no less than 2 tons! The surplus of spider crabs is stored in fish tanks at anchor. The spider crabs are distributed according to their sex. The males, larger and thus more sought-after, sell better than the females yet more fleshy, according to connoisseurs.
For this outing, the nets that need to be retrieved are located 2 hours by boat from Saint-Malo, a travel time that allows the rest of the crew to rest before starting work.
It is the captain who is responsible for the fishing, he must know where to set his nets, and which ones to retrieve in order to reach his commercial objective of the day. "With experience we know the areas well. Today we are going to retrieve nets that were set 4 days ago. In the winter the spider crabs leave farther from the coast, it is thus necessary to make more journey, approximately 8 hours for a Return trip. The spider crab is not endangered, on the contrary, this species proliferates a lot. The cause, the rise of temperatures, the cold blocks the mobility of the spider crab. Today, one finds it even at the edge of the coasts feeding on shellfish spat which worries the shellfish farmers. Moreover, the only predator of the spider crab is man.
Spider crab's fishing is done with nets, we put down nets of two times 2 kilometers that we come to recover a few days later. The spider crab gets caught in the net and twisted, then it is up to the fishermen to remove them with a tool also called gutter. It is a tiring work, one repeats the same gestures, which in the long run can generate chronic tendinitis while lifting heavy loads. It is a chain job on a boat in the open sea, constantly tossed by the swell. The boat does not leave for more than a day, it returns to port once the objective has been reached.
It is a trade that requires little technical qualification. In fact, a few months of training are enough to obtain the certificate and to be able to be hired on a boat. However, as with all physically and cognitively demanding activities (pace, carrying heavy loads, wave stress) "you have to want to do this job or you won't make it," Maxime tells me. "The hardest thing is to find sailors who stay, I've seen hundreds of them come and go, attracted by the salaries. They do that for one day and you never see them again! »
Indeed the salary is attractive, about 5000 euros in mid-season and nearly 10,000 euros in high season (in December during the holidays). The salary of the sailors is distributed according to the sales, so it depends on the price per kilo. Each sailor of the boat is a kind of shareholder, he pays for the gasoline, nets, etc.. The profits are then distributed between the shipowner and the crew. The captain is entitled to 2 shares, the second 1 share 20, the mechanic who carries out small repairs 1 share 10 and a simple fisherman, 1 share.
That morning, we returned to the port at 8 am, but we still had to empty the spider crab-filled tanks into the fish tanks and prepare the day's sale. Two vans are waiting for their order. Then of course, to clean the boat and remove the seaweed stuck in the nets. At 10:30 a.m. the day is over. Maxime gives them an appointment for 8pm that same evening. Tomorrow a big buyer comes to collect 5 tons of males.