FRA - INTER LOGEMENT 93, LIVREUR DE COLIS ALIMENTAIRES
Confinement oblige, Interlogement93 a dû s'adapter. Mesures barrières, livraisons de colis alimentaires aux familles prises en charge par le 115 du 93... Face au contexte de crise sanitaire provoqué par l'épidémie de Covid19, ceux qui assurent la mission de Service Intégré d'Accueil et d'Orientation (SIAO) en Seine-Saint-Denis s'organisent. Après s'être glissé dans leur quotidien, on vous raconte.
Dans une avenue de Montreuil, au troisième étage, nous sommes au coeur de l'action. C'est ici qu'Interlogement93 continue de lutter contre l'exclusion. Dès la sortie de l'ascenseur, un écriteau indique qu'il est obligatoire de se laver les mains. Les toilettes sont juste-là, à l'entrée. Deux bidons de savon liquide encadrent le lavabo. J'avance dans le couloir, me faufilant entre les centaines de briques de lait qui décorent les murs. Tous les espaces libres servent aujourd'hui de lieu de stockage. La majorité des salariés de l'association étant en télétravail, tous les bureaux ont été adaptés pour stocker les denrées alimentaires et mettre en place la logistique.
D'acteur social à livreur
Dans la grande salle, Nabila est déjà occupée sur son ordinateur. Elle me demande de prendre un masque. Une fois équipés, nous pouvons discuter. Nabila travaille à Interlogement depuis trois ans en tant que référente de la gestion hôtelière. Mais depuis le début du confinement, elle s'est portée volontaire et s'est vue attribuer la supervision de la gestion des livraisons de colis à destination des familles mises à l'abri par les services d'Interlogement.
Habituellement, les actions d?Interlogement sont la mise à l'abri par le 115, l'hébergement dans des centres dédiés, le suivi social des personnes en situation précaires et leur relogement. Un quotidien bien loin du service de préparation et de livraison de colis. Mais à cause du confinement et l'obligation de limiter les déplacements, il a fallu mettre en place des solutions rapidement. Comme ces livraisons pour que les familles avec très peu de ressources ne manquent pas de nourriture. « C'est un peu la course, on n'a jamais fait ça avant ici. On se débrouille et on apprend vite. Chaque jour, on s'améliore même si ce n'est pas encore parfait », raconte Nabila, qui organise cette mission avec Pauline et Valérie. Elles s'occupent de la gestion et de la logistique de préparation et livraison des colis. C'est ici qu'intervient le 115 : Le plateau téléphonique leur fait remonter les demandes des personnes mises à l'abri par le 115.
« En Seine-Saint-Denis, il y a plus de 10 000 personnes mises à l'abri par le 115, c'est énorme ! », me confie Nabila. En temps normal, de nombreuses personnes restent à la rue ; entre 250 et 350 par jour en moyenne pour le mois de février, uniquement pour le département de la Seine-Saint-Denis. Mais dans le contexte de la crise sanitaire, les services de l'État et la DRIHL Ile-de-France (Direction Régionale et Interdépartementale de l'Hébergement et du Logement) ont mobilisé de nombreuses places supplémentaires, même s'il reste toujours environ 35 personnes dehors chaque jour.
Mise à jour, depuis le lundi 29 avril, les places supplémentaires ont diminué et le nombre de personnes sans hébergement à augmenter, environ 80-100 personnes.
Entraide du tissu associatif et des bénévoles
En plus des salariés de l'association se portant volontaires pour participer à cette mission de distribution alimentaire, Interlogement93 a fait appel à des bénévoles pour assurer la livraison des colis alimentaires partout en île de France. Des volontaires du Samu Social 93 sont aussi venus en aide à la préparation des colis ainsi qu'à leur livraison. Chaque matin, une équipe de volontaire prépare des colis qui seront livrés l'après-midi par des bénévoles. En tout, une vingtaine de volontaires des équipes d'Interlogement et une vingtaine de bénévoles permettent d'assurer environ six tournées par jour. Ce qui représente entre 30 et 40 familles livrées.
L'organisation est primordiale. Les équipes établissent deux groupes : la préparation des colis et l'appel des familles afin de bien identifier les besoins prioritaires. Les familles avec des nouveaux nés ont besoin de couches ou de lait en poudre par exemple. Ils en profitent pour savoir s'ils leur restent des tickets alimentaires distribués habituellement. C'est essentiel car cela permet de préparer au mieux les colis et d'éviter de revenir dans la semaine. Il faut optimiser le nombre de livraisons afin de réduire au maximum les contacts.
Une fois les colis terminés et dispatchés en fonction des tournées, les bénévoles sont accueillis au compte-goutte pour qu'il n'y ait pas trop de monde dans les locaux au même moment. Ce sont des personnes de tous les âges. Seules ou en couple. Certains sont colocataires, ils mettent à contribution leur temps libre, dû à la baisse d'activité dans leur travail, pour aider. Le préfet a donné l'autorisation de déplacement pour les livraisons d'Interlogement. Aidée de Pauline et Valérie, Nabila explique alors les consignes aux bénévoles : « Masques et gants obligatoires, éviter les contacts avec les personnes ».
Vers le dé-confinement ?
A peine adaptées à la crise sanitaire, les équipes d'Interlogement pensent déjà l'après. Et elles n'ont pas le choix. Les services d'Interlogement ne peuvent pas s'arrêter. Il faut continuer d'assurer l'aide des familles hébergées. Allant de bureaux en bureaux, je remarque que certaines salles commencent à être adaptées pour le dé-confinement et la reprise du travail. Espace d'un mètre cinquante entre chaque poste. Un membre de l'équipe m'explique : « On applique les mesures que l'on entend aux informations en complétant avec celles reçues par la DRIHL ». Ce à quoi Nabila s'empresse d'ajouter, sceptique : « Si on applique les mesures barrières, c'est sûr qu'il n'y aura pas de place pour tout le monde. Certaines personnes vont devoir continuer le télétravail. Dans cette salle de réunion, normalement, on peut être 15. En appliquant les mesures, on peut être quatre personnes au maximum ». Un retour à la normale qui risque de prendre encore un bon bout de temps.
En attendant les services d'aides au logement et de veille sociale se sont adaptés pour continuer leur travail et permettre aux personnes hébergées de ne pas se retrouver dans des situations difficiles. Dans le département de Seine-Saint-Denis devant les soupes populaires, les files d'attentes ne désemplissent pas.
FRA - INTER LOGEMENT 93, FOOD PARCEL DELIVERER
Confinement forced Interlogement93 to adapt. Barrier measures, delivery of food parcels to families taken in charge by the 115 of 93 . Faced with the health crisis caused by the Covid epidemic19 , those responsible for the mission of the Integrated Reception and Guidance Service (SIAO) in Seine-Saint-Denis are getting organised. After slipping into their daily lives, we tell you about it.
In an avenue in Montreuil, on the third floor, we are at the heart of the action. This is where Interlogement93 continues to fight against exclusion. As soon as you get out of the lift, a sign indicates that it is compulsory to wash your hands. The toilets are right there at the entrance. Two jerry cans of liquid soap frame the sink. I walk down the corridor, sneaking through the hundreds of milk cartons that decorate the walls. All the open spaces now serve as storage. As the majority of the association's employees are teleworking, all the offices have been adapted to store food and set up logistics.
From social actor to delivery man
In the big room, Nabila is already busy on her computer. She asks me to take a mask. Once we're equipped, we can talk. Nabila has been working at Interlogement for three years as a hotel management consultant. But since the beginning of the confinement, she has volunteered and has been given the task of supervising the management of parcel deliveries to families sheltered by Interlogement's services.
Usually, Interlogement?s actions are sheltering by the 115, accommodation in dedicated centres, social monitoring of people in precarious situations and their re-housing. A daily life far removed from the service of preparing and delivering parcels. But because of the confinement and the obligation to limit travel, solutions had to be put in place quickly. Like these deliveries so that families with very few resources do not run out of food. "It's a bit of a race, we've never done this before here. We're getting by and we're learning fast. Every day we're getting better, even if it's not perfect yet," says Nabila, who is organizing this mission with Pauline and Valerie. They take care of the management and logistics of preparing and delivering the parcels. This is where the 115 intervenes: The telephone hotline makes them pass on the requests of the people sheltered by the 115.
"In Seine-Saint-Denis, there are more than 10,000 people sheltered by the 115, that's a lot! "Nabila confides to me. In normal times, many people stay on the streets; between 250 and 350 per day on average for the month of February, only for the department of Seine-Saint-Denis. But in the context of the health crisis, the services of the State and the DRIHL Ile-de-France (Regional and Interdepartmental Direction of Housing and Accommodation) have mobilized many additional places, even if there are still about 35 people outside every day.
Update, since Monday 29th April, the additional places have decreased and the number of people without accommodation to be increased, about 80-100 people.
Mutual aid from the associative fabric and volunteers
In addition to the association's employees volunteering to take part in this food distribution mission, Interlogement93 called on volunteers to ensure the delivery of food parcels throughout the Ile de France region. Volunteers from Samu Social 93 also helped prepare the parcels and deliver them. Every morning, a team of volunteers prepares parcels that will be delivered in the afternoon. In all, about twenty volunteers from the Interlogement teams and about twenty volunteers make it possible to carry out about six rounds a day. This represents between 30 and 40 families delivered.
Organization is of the utmost importance. The teams set up two groups: preparing the parcels and calling the families to identify priority needs. Families with newborns need diapers or powdered milk for example. They take advantage of this to find out if they still have any food tickets that are usually distributed. This is essential because it allows them to prepare the parcels as well as possible and avoid coming back during the week. The number of deliveries must be optimised in order to reduce contact as much as possible.
Once the parcels are finished and dispatched according to the rounds, the volunteers are greeted in a trickle so that there are not too many people in the premises at the same time. They are people of all ages. Alone or as a couple. Some are roommates, they use their free time, due to the drop in activity in their work, to help. The prefect has given permission for Interlogement deliveries to be moved. Helped by Pauline and Valérie, Nabila then explains the instructions to the volunteers: "Masks and gloves mandatory, avoid contact with people".
Towards de-confinement?
Barely adapted to the health crisis, the Interlogement teams are already thinking about the future. And they have no choice. Interlogement's services cannot stop. We must continue to provide support to the families in the shelters. Going from office to office, I notice that some rooms are beginning to be adapted for de-confinement and return to work. Space of one and a half metres between each shift. A member of the team explains to me: "We apply the measures we hear to the information by supplementing with those received by the DRIHL". To which Nabila hastens to add, sceptical: "If we apply the barrier measures, it's sure that there won't be room for everyone. Some people will have to continue teleworking. In this meeting room, normally, there can be 15 people. If we apply the measures, there can be a maximum of four people". A return to normal that may take a long time.
In the meantime, the housing assistance and social monitoring services have adapted to continue their work and ensure that the people housed do not find themselves in difficult situations. In the department of Seine-Saint-Denis in front of the soup kitchens, the queues do not empty.