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La crise politique au Pérou
Le mercredi 7 décembre, le Parlement péruvien s'apprêtait à voter pour la troisième fois une proposition de destitution pour « incapacité morale » du président de la République Pedro Castillo. Celui-ci a alors créé la surprise lors d'un discours le matin en annonçant la dissolution du Parlement, la création d'un gouvernement d'exception et celle d'une Assemblée Constituante et la mise en place d'un couvre-feu. Sans le soutien de ses ministres, ni des Forces Armées Péruviennes, il a ensuite été destitué dans l'après-midi par un Parlement hostile au profit de Dina Boluarte, sa vice-présidente.
Dès le mercredi soir, les partisans de Pedro Castillo sont sortis dans la rue devant la préfecture de police de Lima où l'ex-président avait été emmené pour demander sa libération. Des mobilisations massives ont lieu, depuis, dans de nombreuses régions, en particulier dans le sud du Pérou. Certaines routes sont coupées, des aéroports occupés ont dû être fermés et les liaisons aériennes annulées. Les manifestants dénoncent la corruption généralisée du pouvoir. Les demandes sont très diverses, mais s'accordent sur certains points : la dissolution du parlement, et la tenue d'élections générales (législatives et présidentielles).
L'opposition au Parlement, tenue par la droite conservatrice et l'extrême-droite, n'est pas nouvelle. En novembre 2022, une étude de l'Institut des Études Péruviennes rapportait que 86 % des sondés désapprouvaient l'action du Congrès et que 87 % d'entre eux considéraient que si Castillo était destitué, des élections générales devaient être organisées.
Depuis, la mobilisation s'est amplifiée malgré une répression féroce. Le gouvernement a instauré l'état d'urgence à partir du jeudi 15 décembre pour une durée de trente jours. Au 7 janvier, vingt-huit protestataires sont morts dans le contexte des manifestations, dont vingt-deux par balle lors des affrontements avec les Forces Armées Péruviennes et la police. Le discours officiel, relayé par certains médias nationaux, prétend qu'au moins une partie de ces manifestants seraient des vandales ou des terroristes, évoquant ainsi la douloureuse mémoire du conflit interne avec les terroristes du Sentier Lumineux (1980-2000).
À Lima, où la répression est moins brutale, les manifestations se succèdent. La place San Martin, où se tiennent traditionnellement les manifestations, est fermée par la police et l'armée. La police empêche dorénavant les manifestants de s'approcher du Parlement.
Political crisis in Peru
On Wednesday, December 7, the Peruvian Parliament was about to vote for the third time on a proposal of impeachment for "moral incapacity" of the President of the Republic, Pedro Castillo. This one then created the surprise during a speech in the morning by announcing the dissolution of the Parliament, the creation of a government of exception, that of a Constituent Assembly and the installation of a curfew. Without the support of his ministers, nor of the Peruvian Armed Forces, he was then deposed in the afternoon by a hostile Parliament in favor of Dina Boluarte, his vice-president.
From Wednesday evening, the supporters of Pedro Castillo went out in the street in front of the prefecture of police of Lima, where the ex-president had been taken to ask for his release. Massive mobilizations take place, since, in numerous regions, in particular in the south of Peru. Some roads are cut, occupied airports had to be closed and the air links cancelled. The demonstrators denounce the generalized corruption of the power. The demands are very diverse, but agree on certain points: the dissolution of parliament and the holding of general elections (legislative and presidential).
Opposition to parliament, led by the conservative right and the far right, is not new. In November 2022, a survey by the Institute of Peruvian Studies reported that 86 per cent of those polled disapproved of the actions of Congress and 87 per cent believed that if Castillo was removed from office, general elections should be held.
Since then, the mobilization has grown, despite a fierce repression. The government declared a state of emergency on Thursday, December 15, for a period of thirty days. As of January 7, twenty-eight protesters have died in the context of the demonstrations, twenty-two of whom were shot during clashes with the Peruvian Armed Forces and the police. The official discourse, relayed by some national media, claims that at least some of these protesters are vandals or terrorists, evoking the painful memory of the internal conflict with the Shining Path terrorists (1980-2000).
In Lima, where the repression is less brutal, the demonstrations follow one another. The San Martin square, where the demonstrations are traditionally held, is closed by the police and the army. The police prevented the demonstrators from approaching the Parliament.