MARSEILLE EFFONDRÉE, MARSEILLE SOULEVÉE
Marseille, 5 novembre 2018, deux immeubles situés au 63 et 65 de la rue d'Aubagne, dans le quartier de Noailles, s'effondrent. Après 5 jours de recherche dans les décombres, huit corps sont retrouvés sans vie. Julien, Taher, Chérif, Fabien, Simona, Niasse, Ouloume, Marie-Emmanuelle.
Cette catastrophe est ressentie comme la conséquence de la politique municipale sur la question de l'habitat. En effet, l'état de délabrement de ces deux immeubles était connu de la mairie depuis plusieurs années. Comment ne pas y voir la volonté délibérée de laisser « pourrir » Noailles, quartier populaire du centre ville, afin de pouvoir le transformer, plus précisément, le gentrifier.
En réalité cette incurie, en matière d'habitat s'étend à l'ensemble de la ville. En témoigne, la centaine d'immeubles déclarés en péril grave et imminent, et les 2000 personnes délogées suite à l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne, ainsi que ce budget de 2 millions d'euros dédié aux travaux d'urgence que la mairie n'a quasiment pas utilisé.
Face à ce drame, la population marseillaise réagit massivement. Le collectif du 5 novembre, constitué deux jours après les effondrements pour organiser la solidarité avec les victimes et les délogés, convoque une première marche blanche le 10 novembre. Le 14 novembre, la marche de la colère réunit des milliers de personnes qui demandent la démission de Jean Claude Gaudin, maire de Marseille depuis 1995.
Suivront la marche contre l'habitat indigne le 1er décembre, la marche « qui sème la misère, récolte la colère » le 8 décembre et la grande marche pour le logement, le 2 février 2019.
En réponse à ces mobilisations, la mairie et les pouvoirs publics n'afficheront que mépris, indifférence et répressions. A l'issue de la marche du 1er décembre, Zineb Redouane est touchée au visage par un tir de grenades lacrymogènes alors qu'elle ferme les volets de son appartement. Elle en décèdera le lendemain.
Cette série photographique est un chronique des réactions du peuple de Marseille suite aux effondrements et aux morts de la rue d'Aubagne.
MARSEILLE COLLAPSED, MARSEILLE UPRISED
In Marseille, November 5, 2018, two buildings located at 63 and 65 rue d'Aubagne, in the Noailles district, collapsed. After 5 days of searching through the rubble, eight bodies were found lifeless. Julien, Taher, Chérif, Fabien, Simona, Niasse, Ouloume, Marie-Emmanuelle.
This disaster is felt as the consequence of municipal policy on the housing issue. Indeed, the state of disrepair of these two buildings had been known to the city hall for several years. How can we not see in it the deliberate desire to let Noailles, a working class neighbourhood in the city centre, "rot" so that it can be transformed, more precisely, gentrified.
In reality, this carelessness, in terms of housing, extends to the entire city. This is evidenced by the hundred or so buildings declared to be in serious and imminent danger, and the 2000 people displaced following the collapse of the buildings on rue d'Aubagne, as well as by the €2 million budget dedicated to emergency work that the city hall has scarcely made use of.
Faced with this tragedy, the people of Marseille reacted massively. The November 5 collective, formed two days after the collapses to organize solidarity with the victims and the displaced, convened a first white march on November 10. On November 14, the anger march brought together thousands of people who demanded the resignation of Jean Claude Gaudin, mayor of Marseille since 1995.
The march against substandard housing will follow on December 1, the march "that sows misery, reaps anger" on December 8 and the big march for housing on February 2, 2019.
In response to these mobilizations, the city hall and the public authorities will show only contempt, indifference and repression. At the end of the December 1st march, Zineb Redouane was hit in the face with tear gas as she closed the shutters of her apartment. She will die the next day.
This photographic series is a chronicle of the reactions of the people of Marseille following the collapses and deaths of the rue d'Aubagne.