CARNAVOLUTION: Nissa La Bella? Nissa Rebella.
Avec une premier écrit daté à 1294, le Carnaval de Nice est consideré le parmi les plus anciens carnavales.
Mais il est à peine visible derrière les murs noirs de 2,5 mètres de haut qui entourent la forteresse festive.
C'est un beau carnaval, et du 17 février au 3 mars 2024, plus de 200 000 personnes sont venues assister aux festivités - mais c'est bien là le problème :
"Nous voulons faire la fête, pas assister à une fête". Et même si une grande partie du carnaval est alimentée par des fonds publics, les prix d'entrée commencent à 14 euros pour rester à l'écart et à 28 euros pour s'asseoir dans les tribunes - que vous soyez un habitant ou un touriste. De nombreuses personnes tentent de jeter un coup d'?il à travers les brèches des murs qui entourent le parcours du défilé.
"Ce n'est pas le carnaval, c'est un spectacle capitaliste", entend-on murmurer dans les rues.
En 2012, les fêtes de rue (gratuites) ont été interdites, et aujourd'hui l'esprit carnavalesque des niçois ne semble plus vivre que dans une nostalgie ambulante.
Le sujet revient chaque année sur le devant de la scène :
"L'esprit du carnaval n'est plus là. On paie pour rester assis et regarder passer le défilé, le tout dans une cacophonie de groupes simultanés jouant chacun leur rythme, tandis qu'un DJ diffuse hymne après hymne".
Le thème de cette année était la culture pop. L'ironie de la situation ne pourrait être plus grande, car les Niçois ont l'impression d'avoir été dépossédés de leur plus grande fête populaire, qui a été détournée pour des raisons commerciales. Pour beaucoup, le carnaval de Nice a été remplacé par un simple spectacle de divertissement (surtout destiné aux touristes) et a été dépossédé d'une expression significative de l'identité et de la solidarité communautaires.
Mais un quartier n'a jamais baissé les bras et continue à entretenir la flamme carnavalesque sur les braises de ses traditions.
Depuis plus de 30 ans, le quartier de San Ròc (Saint Roch), au nord-est de Nice, n'a cessé de rassembler des personnes de tous horizons. Par centaines, ils forment le carnaval indépendant de San Ròc.
"Le carnaval, c'est faire, pas regarder".
Armés de costumes, de confettis, de tambours et de beaucoup, beaucoup de farine, ils se faufilent dans les rues, apportant couleur et catharsis à la ville de Nice. Il prend de l'ampleur chaque année et réchauffe le c?ur des Niçois, en particulier des anciennes générations qui ont connu le carnaval d'antan. Comme beaucoup de carnavals indépendants que l'on trouve en France, le carnaval de San Ròc porte aussi de subtiles notes de résistance liées à la volonté d'autodétermination de la région, à la réappropriation de son dialecte local, de ses traditions et de l'espace public de la ville.
Nissa La Bella ? - Nissa Rebella. Ces mots forment les chants qui résonnent et s'harmonisent au nom de
l'esprit Pantaï, qui signifie, entre autres, tromper, fantasmer, rêver, et renvoie au champ sémantique de l'imagination et de la créativité.
CARNAVOLUTION: Nissa La Bella? Nissa Rebella.
With a first mention in 1294, the Carnaval de Nice is the oldest carnaval on written record.
But it can barely be seen behind the 2.5 meter tall black walls that surround the festive fortress.
It?s a beautiful carnaval, and from the 17th of February to the 3rd of March 2024, over 200 000 people came to watch the festivities - But that?s the problem;
?We want to party, not watch the party?. And even though a large part of the carnaval is fuelled by public funds, entrance fees start at 14 euros to stand on the sidelines and 28 euros to sit in tribunes -whether you?re a local or a tourist. You?ll find many people attempting to catch a glimpse through gaps in the walls that surround the parade route.
?This is not carnaval, it?s a capitalist spectacle? are words murmured in the streets.
In 2012, the (free) street parties were outlawed, and today the carnaval spirit of the niçois seems to only live within a sense of nostalgia.
The subject comes back to the forefront every year;
?The carnaval spirit is no longer here. You pay to sit still and watch the parade go by, all to a cacophony of simultaneous bands playing each to their own rhythm, while a DJ blasts anthem after anthem.?
This year?s theme was Pop Culture. The irony couldn?t be greater, as the niçois feel to have been robbed of their biggest popular festival, which has been preyed upon by commercial motivations. For many, Nice?s carnival has been replaced by a mere spectacle for entertainment (especially aimed at tourists) and been dispossessed of a meaningful expression of community identity and solidarity.
But one neighbourhood never put down its arms and still tends to the tinders of their traditions, keeping the carnavalesque flame alive.
For over 30 years, the San Ròc (Saint Roch) quarter in the northeast of Nice has continuously gathered people from all walks of life. In their hundreds, they form the independent carnaval of San Ròc.
?Carnaval is about doing, not spectating?.
Armed with costumes, confetti, drums, and lots, lots of flour; they slither through the streets bringing colour and catharsis to the city of Nice.
It grows bigger every year, and brings warmth to the hearts of the niçois - especially the old generations that have known the carnaval of old.
Like many independent carnavals found throughout France, the carnaval de San Ròc also upholds subtle notes of resistance tied to the region?s will of auto-determination, the reclaiming of its local dialect, of its traditions and the city?s public space.
Nissa La Bella? - Nissa Rebella. These words form the chants that resonate and harmonise in the name of the
Pantaï spirit, which amongst many things, means to delude, to fantasise, to dream, and refers to the semantic field of imagination and creativity.