Les élections en Turquie vues depuis Chypre
« LA LIGNE VERTE N EST PAS UNE FRONTIERE ». Le graffiti sur un mur près de la ligne de démarcation à Nicosie semble trompeur. Car depuis la chute du mur de Berlin en décembre 1989, la capitale de Chypre est la seule ville divisée d Europe. Pays membre de l Union européenne depuis 2004, la République de Chypre est partiellement occupée.
Une ligne tirée au crayon vert par les Britanniques sur un plan de l ONU en 1964 a donné le nom de cette frontière. Elle a délimité l enclave turque de Nicosie et a donné 10 ans plus tard, son nom à une frontière long de 180 kilomètres, formée de barbelés, de sacs de sable et de tranchées. Une zone tampon est gardée par des troupes de l ONU.
Des immeubles le long de la « Ligne Verte » au centre de Nicosie sont dévastés. Ils sont témoins des batailles féroces: vitres brisés, impacts de balles, murs noircis? Les arrières cours sont dévorées d herbes sauvages. Ici et là on voit des tourelles, des drapeaux turcs ou grecs, des barrages formés de barils remplis de béton et des barbelés. Seuls des chats errants traversent sans se soucier. Dans d autres endroits, la vie a repris: bars et restaurants branchés, ateliers, galeries, clubs de nuit. Toute Nicosie, de deux cotés de la « Ligne Verte » vient faire la fête ici. C est le paradoxe chypriote.
Ile de Méditerranée orientale, Chypre est divisée depuis l'invasion par l armée turque en juillet 1974 : au nord (36% du territoire), la République Turque de Chypre du Nord (RTCN), reconnue et soutenue politiquement, économiquement et militairement uniquement par la Turquie; au sud la République de Chypre occupée d un tiers par l?armée turque.
Trois mois après les séismes meurtriers du 6 février 2023 qui ont frappé la Turquie, le pays avance vers les élections présidentielles et législatives qui auront lieu le 14 mai. Le Président sortant, Recep Tayyip Erdogan du parti AKP (proche aux Frères Musulmans), à la tête du pays depuis 20 ans, soutient le régime actuel de la RTCN présidé par Ersin Tatar (droite nationaliste). Son opposant principal est Kemal Kiliçdaroglu (CHP, Kemalist - laïc), à la tête de la coalition La table de Six. Tous les deux semblent favorables au statu quo à Chypre et dans la région.
Un réservoir de 200 000 électeurs turcs vivent à Chypre du nord. L ambassadeur de la Turquie est en tournée pour appuyer le parti AKP. Les affiches géantes de Recep Tayyip Erdogan sont omniprésentes dans le territoire.
Chypriotes turcs et grecs regardent les élections en Turquie avec beaucoup de scepticisme. Les premiers cherchent à s émanciper de la Turquie qui contrôle tous les aspects politiques et économiques à Chypre du nord . Ils aspirent à un avenir meilleur, un Etat fédéral dans une ile unifiée. Les seconds vivent avec la dichotomie de leurs île et craignent que les résultats des élections turques ne changent rien de la stratégie agressive de la Turquie dont la priorité numéro 1 est l énergie et la prise de contrôle des gisements de gaz en Méditerranée.
The elections in Turkey seen from Cyprus
"THE GREEN LINE IS NOT A BORDER". The graffiti on a wall near the dead zone in Nicosia seems ironical. Because since the fall of the Berlin Wall in December 1989, the capital of Cyprus is the only divided European city. A country member of the European Union since 2004, The Republic of Cyprus is partially occupied.
A line drawn by the British with a green pencil on a UN map in 1964 gave the name to this border. It set the limits of the Turkish enclave in Nicosia and ten years later, it gave its name to the 180 kilometers border of barbed wire, sand bags and trenches. UN troops garde a buffer zone.
The buildings along the Green Line in the center of Nicosia are devastated. They are silent witnesses of fierce battles: broken windows, bullet impacts, blackened walls?the back yards are covered by wild herbs. Hear and there on sees military towers, Turkish and Greek flags, barricades formes by barils filled with concrete and barbed wire. Only street cats make it through without problem. In other spots, life has taken its rights: trendy bars and restaurants, galeries, night clubs?All Nicosia, from both des of the Green Line comes here to party. It is the Cypriot paradoxe.
An Easter Mediterranean Sea island, Cyprus is divided since the 1974 invasion by the Turkish Army. On the north, (36% of the island) the self proclaimed Turkish Republic of Northern Cyprus (TRNC), recognized and supported politically, economically and militarily by Turkey. In the south, the Republic of Cyprus occupied by a third by the Turkish Army.
Three months after the February 6, 2023 deadly earthquakes that hit Turkey, the country is advancing toward Presidential and legislative elections that will be held on May 14. The incumbent President, Recep Tayyip Erdogan of the AKP Party (Muslim Brotherhood), in charge of the country for the last 20 years is a supporter of TRCN regime, of Ersin Tatar (Extreme Right). His principal opponent is Kemal Kiliçdaroglu (CHP, Kemalist - laïc) at the head of a political coalition called the Table of Six. Both are favorables of the status quo in Cyprus.
A potential of 200 000 Turks live in Cyprus and can vote for the elections. The Ambassador of Turkey in the TRCN is on tour in the territory in support of Erdogan AKP. Huge posters of Recep Tayyip Erdogan are omnipresent in the territory.
Turkish and Greek Cypriots look at the Turkish elections with s a lot of skepticism. The first want to emancipate themselves from Turkey that controls all the political and economic aspects in Northern Cyprus. They aspire for a better futur, a Federal State in a unified island. The latter, live with the dichotomy of their island and fear Turkish elections do not change anything in Turkey s agressive strategy whose number one priority is energy and the control of natural gaz in the Mediterranean Sea.