INTERNATIONAL | Slovénie : le difficile chemin vers la réconciliation
À l’instar des initiatives menées au Rwanda, en Afrique du Sud ou en Espagne, de nombreux pays sont confrontés aujourd'hui au défi de la réconciliation nationale. Encouragée par l’Union européenne, la Slovénie, pays issu de l'ex-Yougoslavie, peine à s'engager pleinement dans ce processus par rapport aux crimes commis par les partisans communistes de Josip Broz Tito pendant et après la Seconde Guerre mondiale.
En avril 1941, la Slovénie est envahie par les forces de l'Axe et divisée en plusieurs zones : l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste et la Hongrie se partagent le territoire, tandis que certains secteurs sont annexés à l'État indépendant de Croatie. Une résistance se forme progressivement. Sous l'influence du Parti communiste de l'Union soviétique (URSS), le Parti communiste slovène prend rapidement le contrôle de cette résistance via le « Front de libération », dont les partisans dirigés par Josip Broz Tito forment la force armée principale. Tito établit son autorité sur le mouvement et le pays par des purges, visant à sécuriser son pouvoir et à façonner un État fédéral communiste.
En Slovénie, dans l'année qui suit la fin de la guerre, des milliers d'opposants, réels ou supposés, sont exécutés par les partisans : on estime leur nombre à 130 000 personnes, dont 15 000 de nationalité slovène, tandis que les autres étaient croates, serbes ou allemandes. À ce jour, plus de 700 fosses communes ont été découvertes. Ces massacres, longtemps dissimulés sous le régime yougoslave, ne sont pour la plupart révélés qu’après la dissolution de la Yougoslavie en 1991.
Ces événements ont laissé des cicatrices. Les divisions sur l’héritage des partisans rendent le sujet particulièrement sensible. Les revendications des acteurs de la réconciliation – reconnaissance des faits, identification des victimes et enterrement des restes retrouvés à la capitale – se heurtent à de profonds obstacles.
Ce travail explore la manière dont les nations affrontent leur héritage violent et les fractures politiques et sociales qui en découlent, dans un contexte où les discussions sur le récit national, la justice et la mémoire deviennent de plus en plus vives.
INTERNATIONAL | Slovenia : Uneasy Road to Reconciliation
Like the initiatives undertaken in Rwanda, South Africa, or Spain, many countries today face the challenge of national reconciliation. Encouraged by the European Union, Slovenia, a country formerly part of Yugoslavia, struggles to fully engage in this process in relation to the crimes perpetrated by Josip Broz Tito’s communist partisans during and after World War II.
In April 1941, Slovenia was invaded by Axis forces and divided into several zones : Nazi Germany, Fascist Italy, and Hungary split the territory among themselves, while some areas were annexed to the Independent State of Croatia. A resistance gradually took shape. Under the influence of the Communist Party of the Soviet Union (USSR), the Slovenian Communist Party quickly took control of the resistance through the 'Liberation Front,' whose partisans, led by Josip Broz Tito, formed its main military force. Tito established his authority over the movement and the country through purges and repression, aiming to secure his power while shaping a federal state under communism.
In Slovenia, in the year following the end of the war, thousands of real or supposed opponents were executed by the partisans : their number is estimated at 130,000 people, with 15,000 of Slovenian nationality, while the others were Croatian, Serbian, or German. To date, more than 700 mass graves have been discovered. These massacres, long concealed under the Yugoslav regime, were mostly revealed only after the dissolution of Yugoslavia in 1991.
These events have left scars. The divisions over the legacy of the partisans make the subject particularly sensitive. The demands of the reconciliation actors – recognition of the facts, identification of the victims, and burial of the remains found in the capital – face significant obstacles.
This work explores how nations confront their violent legacy and the political and social fractures that arise from it, in a context where discussions on national narratives, justice, and memory are becoming increasingly intense.