En route pour voir le Pape François !
Samedi 23 septembre, 4h30 du matin à Agen : parties de Sore (Landes) la veille, Maïté, 72 ans et son amie Monique, 79 ans, montent dans le car endormi pour rejoindre Marseille et assister à la messe du Pape François prévue dans l’après-midi au stade vélodrome.
Voyage organisé « à la carte » par Odile et son mari, responsables du service des pèlerinages du diocèse de Périgueux, et regroupant des pèlerins de Bordeaux, Périgueux, Agen et Dax, ce sont environ 50 personnes qui ont fait le déplacement pour ce weekend. « C’est un événement exceptionnel qu’on a géré de manière exceptionnelle ».
Dans le groupe, seulement quatre landais, une grande partie des dix personnes inscrites s’étant désistée car le lieu de rendez-vous était trop éloigné.
Plutôt silencieux au réveil, les arrêts successifs sur les aires d’autoroute voient se nouer les premières amitiés ou la joie des retrouvailles, comme ces deux pères camerounais qui ont la surprise de se croiser entre leurs deux cars respectifs. Une ambiance portée par l’attente enthousiaste de ce qui les attend dans la journée, car eux officieront auprès du Pape dans le stade. Au fil des discussions, certains se confient spontanément sur l’objectif de leur voyage.
Pour Alain (59 ans, Agen) il s’agit d’une démarche de raccrochage spirituel, et le besoin ‘de faire église’ et de ne pas rester indifférent à cette crise migratoire dont on est aussi responsable en tant qu’occidentaux. Il y a des conséquences à tous nos actes. On est tous liés par notre humanité… Pour d’autres comme William (46 ans, Laréole), c’est aussi simple que d’être catholique et « d’avoir envie de connaître un peu le Pape ». Quant à Etienne (43 ans, cadre de la fonction publique, Périgueux), il est venu pour soutenir tous les messages que le pape a apporté dans son pontificat. « C’est un grand pape, ses messages me touchent, notamment ceux sur l’environnement, ainsi que sa radicalité sur la pauvreté dans l’église. Il a aussi eu le courage de faire aboutir les grands chantiers entamés par Benoît XVI sur la pédophilie au sein de l’Église. Et puis je sais qu’il est fatigué et je pense que c’est la dernière fois qu’on aura l’occasion de le voir vraiment ». Ses deux enfants de 9 et 11 ans l’accompagnent car il veut « leur montrer que l’Église c’est aussi une fête ». En plus de structurer leur croissance spirituelle, « cela leur a leur a permis de vivre un temps communautaire fort ».
Arrivés à 11h45 à l’hôtel flottant où la plupart des pèlerins français seront hébergés, ils repartent pour le stade équipés de leur ‘indispensable’ foulard couleur anis distribué par Odile pour se repérer plus facilement parmi les milliers de pèlerins. L’excitation prenant le dessus sur la fatigue, le groupe s’est dispersé dans le métro surpeuplé clairement dépassé par l’afflux de voyageurs. Pour mieux se retrouver dans les tribunes d’un stade animé qui se prépare à accueillir le Pape, où les choristes s’entrainent encore, alors que les processions successives d’évêques et de prêtres s’installent, que la ola échauffe les esprits, et que l’on diffuse en direct la déambulation du Saint Père sur l’avenue du Prado et l’arrivée de la papamobile au Vélodrome.
Environ 57 000 personnes l’attendaient, et ce n’est pas sans émotion qu’ils ont suivi l’homélie menée par le Cardinal Aveline, axée sur la transversalité des peuples méditerranéens et sur ce foyer originel de nombreuses religions. Le Pape François a conclu la messe par ces paroles : « priez pour moi ». « C’était son premier message quand il avait été élu pape, et il attend beaucoup de l’esprit saint, donc à nous d’inviter l’esprit sain sur lui pour qu’il nous guide le mieux qu’il le peut » (Olivier, 55 ans, diacre au diocèse de Dax).
Au détour des conversations qui ont animé la soirée et qui portaient toutes sur cette après-midi unique et sur le message délivré par le Pape, je me suis demandée si tous les pèlerins du groupe avaient finalement trouvé ce qu’ils étaient venus chercher et ce qu’ils ramèneraient avec eux, hormis les prêtres motivés « par le désir d’aller prier avec le Saint Père » (l’abbé Pierre, 51 ans, en mission dans le diocèse de Périgueux et Sarlat).
« Je voulais voir ce moment incroyable et toute la joie de ces personnes réunies autour du pape » (Camille, 11 ans, Périgueux).
« J’ai la certitude que rien n’est perdu » (Reine, 77 ans, Laveyssière)
« Le discours du pape nous donne la possibilité de se positionner dans l’Église universelle, et pas seulement dans la société française (Cécile, 51 ans, Herm)
« Les rencontres de la Méditerranée ont pour objectif de rapprocher les gens et de permettre d’aborder le monde du croyant avec une distance qui permet de se demander où on se situe, et comment s’enrichir des croyances des autres » (Daniel, 62 ans, délégué épiscopal pour les relations avec les musulmans, Bordeaux).
« J’espérais trouver une église vivante et vivre un moment comme je les aime, où tous les âges seraient réunis avec une même ferveur autour de quelqu’un qui est chargé de nous rappeler les choses et qui l’a fait avec beaucoup de délicatesse et d’amour. C’est ce que j’ai trouvé à Marseille. Quel que soit l’autre, on doit l’accueillir et lui donner ce qu’on peut donner » (Maïté).
« Finalement cette rencontre avec le pape je l’ai vécue plus comme une continuité dans nos expériences avec Maïté, ça m’a ramené à tout ce qu’on a vécu ensemble » (Monique).
Quant à Odile, bien qu’épuisée par les difficultés de fonctionnement de ce voyage, dans lequel la logique financière et sécuritaire prévalait sur sa mission d’accompagnement, elle en ressort malgré tout enrichie, heureuse d’avoir retrouvé « cet esprit très particulier lié aux pèlerinages », bienveillant et fraternel.
On a laissé le groupe à Agen où on s’est séparées avec Maité, mais elle m’a glissée au téléphone lundi matin cette anecdote sur laquelle je voulais conclure : « On a pris un taxi à Marseille, le chauffeur était musulman. Il nous a dit : « moi je respecte tous les gens qui ont une foi, quelle que soit leur foi si elle est dans le respect de l’autre. Et nous musulmans, et vous chrétiens, on a le même dieu ». Cet homme a été une rencontre pour nous !
article paru dans la PQR (Sud Ouest Landes)
On the way to see Pope Francis!
Saturday, September 23, 4:30 a.m. in Agen: Having left Sore (Landes) the day before, Maïté, 72, and her friend Monique, 79, boarded the sleepy bus to Marseille to attend Pope Francis's Mass scheduled for the afternoon at the Vélodrome stadium.A tailor-made trip organized by Odile and her husband, heads of the Pilgrimage Service for the Diocese of Périgueux, and bringing together pilgrims from Bordeaux, Périgueux, Agen, and Dax, approximately 50 people made the trip for this weekend. "It's an exceptional event that we managed exceptionally well."The group included only four people from the Landes region, as a large number of the ten registered people had canceled because the meeting place was too far away.Rather quiet upon driving, the successive stops at motorway service stations witness the formation of first friendships or the joy of reunions, like these two Cameroonian fathers who are surprised to cross paths between their two respective buses. The atmosphere is fueled by the enthusiastic anticipation of what awaits them that day, as they will officiate alongside the Pope in the stadium. As the discussions unfold, some spontaneously share the purpose of their trip.For Alain (59, Agen), it's a process of spiritual reconnection, and the need to "be a church" and not remain indifferent to this migration crisis, for which we, as Westerners, are also responsible. There are consequences to all our actions. We are all connected by our humanity...
article published in the PQR (Sud Ouest Landes) (more text by private demand)