Les femmes exilées réinventent la solidarité dans les campements du Nord de la France
Il y a deux semaines, Akbarehet, 35 ans et Muluhabte, 29 ans ne se connaissaient pas. Aujourd’hui les deux jeunes femmes, érythréenne et éthiopienne, partagent la même tente et ne se déplacent jamais l’une sans l’autre. « Même pour aller faire nos besoins », précise Akbarehet avec un sourire gêné. Comme elles, des centaines de femmes survivent dans les camps informels disséminés entre Grande Synthe et Loon-Plage, dans le Dunkerquois (Nord), où des milliers de personnes exilées espèrent réussir la traversée vers la Grande Bretagne. L'explosion démographique des campements depuis l’automne 2025, passant d’une moyenne de 750 à plus de 2 000 personnes en 2025 a occasionné une hausse du nombre de femmes. Près de la moitié d’entre elles voyagent seules selon le Refugee Women’s Centre qui les soutient sur le littoral. Trop souvent invisibilisées dans les récits sur la migration, les femmes sont pourtant bien présentes aux frontières. Elles sont soumises aux mêmes conditions indignes que les hommes dans les camps, aux mêmes violences à chaque démantèlement. Elles développent une sororité spontanée pour se protéger. (Reportage et texte réalisés avec l'Observatoire des camps de réfugiés, https://o-cr.org/)
Refugee women are reinventing solidarity in the camps of Northern France
Two weeks ago, Akbarehet, 35, and Muluhabte, 29, were strangers. Today, the two young women, one Eritrean and the other Ethiopian, share the same tent and never go anywhere without each other. "Even to go to the bathroom," Akbarehet adds with an embarrassed smile. Like them, hundreds of women survive in the informal camps scattered between Grande-Synthe and Loon-Plage, in the Dunkirk area (Nord), where thousands of refugees hope to make the crossing to Great Britain. The population explosion in the camps since autumn 2025, rising from an average of 750 to over 2,000 people by 2025, has led to a surge in the number of women. Nearly half of them travel alone, according to the Refugee Women's Centre, which supports them along the coast. Too often rendered invisible in narratives about migration, women are nonetheless very much present at the borders. They are subjected to the same appalling conditions as men in the camps, to the same violence with each dismantling. They develop a spontaneous sisterhood to protect themselves. (Report and text produced with the Refugee Camps Observatory, https://o-cr.org/)