LES OUBLIES DU CONFINEMENT : MIRJA DANS LA RUE
En plein carrefour entre la rue du Faubourg Saint Martin et le Boulevard Magenta, dans le 10ème arrondissement de Paris, vit Mirja. D'origine moldave, c'est un homme solide d'une soixantaine d'années. Sans abri depuis un moment, il dit ne plus se souvenir depuis quand, il s'assoit ou dort souvent à ce croisement où à ceux du quartier de Belleville. Entourés de commerces, ces rues sont d'habitude très fréquentées mais en période de confinement seuls quelques passants s'aventurent sur les trottoirs. Le trafic routier reste cependant très bruyant. Difficile de se parler et de s'entendre à 1,50 m de distance, difficile aussi de faire la manche dans ces conditions. Mirja essaie pourtant de récupérer quelques pièces pour s'acheter une recharge de téléphone afin de contacter sa fille qui vit toujours en Moldavie.
Pour lui comme pour tous ceux qui sont à la rue, il n'y a pas d'endroit ou se mettre en sécurité, à l'abri des risques de contagion. Mais Mirja ne semble pas affecté, en apparence tout du moins. Est-il au courant des risques, se sent-il menacé ? Il fait mine de ne pas comprendre la question pendant plusieurs minutes. Puis soudainement répond : « c'est entre les mains de dieu, c'est lui qui décidera ».
PEOPLE FORGOTTEN FROM CONTAINMENT: MIRJA ON THE STREET
Right at the crossroads between rue du Faubourg Saint Martin and Boulevard Magenta, in the 10th arrondissement of Paris, lives Mirja. He is a solid moldavian man man in his sixties. Homeless for a while, he says he can't remember when he first was, he often sits or sleeps at this crossing or at those in the Belleville district. Surrounded by shops, these streets are usually very busy but during a period of confinement only a few passers-by venture onto the sidewalks. Road traffic remains very noisy, however. Difficult to talk to and get along at 1.50 m distance, also difficult to do the round in these conditions. However, Mirja tries to collect some coins to buy a phone recharge in order to contact her daughter who still lives in Moldova.
For him, as for all those who are on the street, there is no place to be safe, sheltered from the risk of contagion. But Mirja doesn't seem to be affected, at least on the surface. Is he aware of the risks, does he feel threatened? He pretends not to understand the question for several minutes. Then suddenly answers: "it is in the hands of god, it is he who will decide".