SURVIVING IN MORIA
Déambuler dans la jungle de Moria, sur l'ile de Lesbos en Grèce, est un peu comme arpenter une prison à ciel ouvert. Plus de 19 000 réfugiés s'entassent aujourd'hui entre les oliviers qui entourent l'ancienne base militaire, transformée depuis 2015 en centre de contrôle et d'enregistrement pour les réfugiés. Le camp était prévu au départ pour 3000 personnes, les réfugiés y sont aujourd'hui 6 fois plus. Hommes, femmes et enfants originaires majoritairement d'Afghanistan et de Syrie y survivent difficilement pendant des mois voir des années en attendant l'entretien déterminant qui doit les autoriser ou non à entrer sur le continent européen. A 10h de ferry d'Athènes, le camp de Moria n'offre aux réfugiés aucun échappatoire. C'est la souricière.
Dans les allées de la jungle, on croise des hommes au regard éteint, comme s'ils avaient perdu le contrôle de leur destinée. Les femmes, elles, s'affairent toute la journée à la lessive, aux repas, et aux soins pour les enfants. Plus de 40% des réfugiés à Moria sont des mineurs, parmi eux beaucoup d'enfants en bas âge. Selon MSF, la souffrance des enfants serait telle que certains s'auto-mutileraient quand d'autres tenteraient de se suicider. Les adultes ne sont pas mieux lotis. Il y a bien une clinique MSF pour les enfants près du camp, mais il n'y aurait qu'un seul médecin pour tous les adultes. La violence y est aussi très présente, les femmes ne sortent même pas la nuit pour rejoindre les toilettes du camp. Des familles nouvellement installées sont harcelées et menacées de mort par des groupes d'individus qui cherchent à les voler.
Dans cette atmosphère chaotique, les exilés tentent tant bien que mal de reprendre le contrôle de leur destinée. Au coeur de la jungle, une école baptisée Wave of hope a été créée par un journaliste afghan. Elle accueille aujourd'hui près de 1700 élèves enfants et adultes dans une trentaine de classes et dispense des cours de 8h à 22h. On y apprend l'anglais mais aussi le dessin et la musique. L'école n'a pas les moyens d'acheter des livres comme support pédagogique, alors les professeurs, tous réfugiés, partagent leurs propres connaissances. Depuis peu on voit aussi apparaître des boulangeries afghanes qui produisent du pain du lever au coucher du soleil. Pour 20 centimes, les réfugiés peuvent acheter une grosse galette qui peut nourrir une famille. Ces espoirs sont balayés aussi par des drames comme l'incendie mortel qui a couté la vie à une régugiée en septembre dernier. La vie est fragile à Moria.
SURVIVING IN MORIA
Strolling through the jungle of Moria, on the island of Lesbos in Greece, is a bit like walking through an open-air prison. More than 19,000 refugees are now crowded between the olive trees that surround the former military base, transformed since 2015 into a control and registration center for refugees. The camp was originally planned for 3,000 people, there are now 6 times more refugees. Men, women and children, mainly from Afghanistan and Syria, have difficulty surviving there for months or even years while awaiting the decisive interview that should authorize them or not to enter the European continent. At 10 hours by ferry from Athens, the Moria camp offers refugees no escape. It's the mousetrap.
In the alleys of the jungle, we meet men with dim eyes, as if they had lost control of their destiny. Women, for their part, are busy all day with laundry, meals, and caring for children. More than 40% of the refugees in Moria are minors, among them many young children. According to MSF, the suffering of the children would be such that some would self-mutilate while others would attempt to kill themselves. Adults are no better off. There is an MSF clinic for children near the camp, but there would be only one doctor for all adults. Violence is also very present there, the women do not even go out at night to reach the camp toilets. Newly settled families are harassed and threatened with death by groups of individuals who seek to rob them.
In this chaotic atmosphere, the exiles try as best they can to regain control of their destiny. In the heart of the jungle, a school called Wave of Hope was created by an Afghan journalist. Today, it welcomes nearly 1,700 children and adults students in about thirty classes and provides lessons from 8 a.m. to 10 p.m. You learn English there, but also drawing and music. The school does not have the means to buy books as a teaching aid, so the teachers, all refugees, share their own knowledge. Recently we have also seen the emergence of Afghan bakeries that produce bread from sunrise to sunset. For 20 cents, refugees can buy a large pancake that can feed a family. These hopes are also swept away by tragedies such as the fatal fire that claimed the life of a refugee woman last September. Life is fragile in Moria.