Adolescence
L'envie de faire un projet photographique dans un collège vient très certainement de mes propres souvenirs de cette période qui fut très importante et marquante.
Par ce projet photographique j'ai cherché à ma rapprocher de la période de l'adolescence au travers du lieu de l'institution qu'est l'école. Dans son ouvrage, Histoire de L'Adolescence, l'historienne française Agnès Thiercé a démontré que la notion d'adolescence était apparue au milieu du XIXe siècle, et elle s'est appliquée à décrire son évolution jusqu'en 1914.
Dès son origine, l'adolescence est aux mains des pédagogues, moralistes, hommes d'Église, juristes et autres observateurs sociaux, puis, celles des politiques et des psychologues ; elle est perçue le plus souvent comme problématique.
Cette couleur appliquée à l'adolescence, lors de sa définition originelle, va perdurer et on peut se demander dans quelle mesure elle influence notre perception contemporaine de cet âge. Si l'on observe la littérature sur le sujet ou qui lui est destinée, comme au cinéma ou à la télévision, on constate que la perception doublement négative, au sens de dangereux et en danger est très largement dominante. On y évoque les risques qu'encourent les adolescents quant à leur alimentation, leur sexualité, leur consommation de drogues, leurs maladies psychiques, leur dépendance à la télévision, aux jeux vidéo, mais aussi les dangers qu'ils représentent pour la société, en particulier sous la forme de la violence des jeunes, ou définis sous le terme ambigu d'incivilités. Les adolescents sont représentés comme un groupe, une masse dangereuse, incontrôlable, en rupture, et que l'on ne comprend pas.
La mission première des établissements scolaires est alors de soustraire l'adolescent au vide qui le guette, dans cette période qui suit l'école primaire et précède le régiment. Les différents spécialistes de la question semblent s'accorder sur les dangers de l'inaction et du désoeuvrement .
On peut constater que ce type d'arguments est aujourd'hui encore fréquemment avancé pour expliquer la délinquance adolescente, y compris par les jeunes eux-mêmes (comme une excuse dans leur cas). Mais l'école est là pour y remédier.
C'est donc avant tout le bâtiment et l'institution qu'il reflète sur laquelle il m'importe de me pencher.
J'aimerais évoquer la période de l'adolescence au travers du lieu qui a justement été pensé pour la contenir. Comment le bâtiment et son organisation reflètent le rapport entre l'adolescence et l'âge adulte.
Entre l'apprentissage pur et l'apprentissage de la vie (les premières amitiés et premiers amours) beaucoup de choses se jouent entre ces murs.
Adolescence
The desire to do a photographic project in a secondary school certainly comes from my own memories of this period which was very important and striking.
Through this photographic project I sought to get closer to the period of adolescence through the institution of school. In her book, Histoire de L'Adolescence, the French historian Agnès Thiercé demonstrated that the notion of adolescence appeared in the middle of the 19th century, and she described its evolution until 1914.
From the outset, adolescence was in the hands of pedagogues, moralists, churchmen, jurists and other social observers, and later in the hands of politicians and psychologists; it was most often perceived as problematic.
This colour applied to adolescence, in its original definition, will endure and one wonders to what extent it influences our contemporary perception of this age. If we look at the literature on the subject or aimed at it, such as in the cinema or on television, we see that the doubly negative perception, in the sense of dangerous and in danger, is very largely dominant. The risks that adolescents run in terms of their diet, sexuality, drug use, mental illness, addiction to television, video games, etc. are mentioned but also the dangers they represent for society, particularly in the form of youth violence, or defined under the ambiguous term incivilities. Adolescents are represented as a group, a dangerous mass, uncontrollable, at odds with each other, and not understood.
The primary mission of schools is therefore to protect adolescents from the emptiness that threatens them in the period after primary school and before the regiment. The various specialists seem to agree on the dangers of inaction and idleness.
It can be seen that this type of argument is still frequently put forward today to explain adolescent delinquency, including by the young people themselves (as an excuse in their case). But the school is there to remedy this.
It is therefore above all the building and the institution it reflects that I want to focus on.
I would like to evoke the period of adolescence through the very place that was designed to contain it. How the building and its organisation reflect the relationship between adolescence and adulthood.
Between pure learning and learning about life (first friendships and first loves) many things are played out within these walls.