Le système de santé syrien en ruines
Dans la Ghouta orientale, l'ancien hôpital souterrain The Cave a rouvert ses portes début 2025. Privé de ressources, il fonctionne grâce à une poignée de bénévoles, dans un système de santé affaibli après plus d'une décennie de guerre civile.
Ahmed al-Namer montre les mots écrits sur le mur de l'hôpital : « L'adieu, avril 2018 ». L'infirmier de 27 ans pensait ne jamais y revenir.
Après la chute du régime d'Assad le 8 décembre 2024, une douzaine d'autres anciens membres du personnel sont revenus dans cet hôpital souterrain de fortune dirigé par autrefois par la célèbre docteure Amani Ballour.
« Quand j'ai appris que l'hôpital rouvrait, je suis immédiatement revenue, avec tous les souvenirs qu'il renferme », raconte l'infirmière Fadia Msalam, tout en tenant le petit bras d'un enfant en bas âge qui hurle, victime d'une intoxication alimentaire.
Les souvenirs de Mme Msalam, du reste du personnel hospitalier et des habitants de la Ghouta orientale sont marqués par l'attaque chimique d'août 2013 et le siège brutal qui a duré jusqu'en 2018.
Cet hôpital a également été bombardé ; les centres de santé à travers la Syrie ont été délibérément pris pour cible. « Nous manquons de tout : électricité, équipement médical, ventilateurs. Nous n'avons même pas d'ambulance », explique Ahmed al-Tahon, l'actuel directeur.
Il y a également une pénurie de médicaments et de financement dans le secteur de la santé mentale, explique la psychiatre Masa al-Mari. « Nous voyons de nombreux cas de stress post-traumatique, de dépression, d'anxiété, tous liés à des années de traumatismes et de guerre. »
Grâce à l'initiative Sela, elle et ses collègues viennent en aide aux anciens détenus des prisons d'Assad. Mais tous ces soins dépendent des dons de proches. « La plupart des patients n'ont même pas assez d'argent pour consulter un médecin. Je ne parle même pas de la consultation, le coût des transports publics est déjà trop élevé. Nous devons donc également trouver de l'argent pour couvrir leurs frais de déplacement. »
Syrian health care left in ruins
In eastern Ghouta, the former underground hospital The Cave reopened its doors in early 2025. Deprived of resources, it operates thanks to a handful of volunteers, in a weakened healthcare system after more than a decade of civil war.
Ahmed al-Namer points to the words written on the hospital wall: “The Farewell, April 2018.” The 27-year-old nurse thought he would never see them again.
After the fall of the Assad regime on 8 December 2024, a dozen other former staff members returned to what became known as The Cave, a makeshift underground hospital led by Dr. Amani Ballour.
“When I heard the hospital was reopening, I immediately came back, along with all the memories it holds,” said nurse Fadia Msalam, as she held the tiny arm of a screaming toddler suffering from food poisoning.
The memories of Msalam, the rest of the hospital staff, and the residents of Eastern Ghouta are marked by the chemical attack of August 2013 and the brutal siege that lasted until 2018.
This hospital was also bombed; health centers across Syria were deliberately targeted. “We have a shortage of everything—electricity, medical equipment, ventilators. We don’t even have an ambulance,” says current director Ahmed al-Tahon.
There is also a shortage of medicines and funding in the mental health sector, says psychiatrist Masa al-Mari. “We’re seeing many cases of PTSD, depression, anxiety—all related to years of trauma and war.”
With Sela initiative, she and her colleagues support former detainees from Assad's prisons. But all this care depends on donations from family and friends. “Most patients don’t even have enough money to see a doctor. I’m not even talking about a consultation—the cost of public transport alone is too much. So we also have to find money to cover their travel costs.”