La chorale de femmes syriennes, Gardenia, chante la liberté
Dans le sous-sol d'un immeuble à Damas, vingt femmes sont assises en cercle sous une lampe fluorescente. Le reste de la pièce est plongé dans l'obscurité, car il n'y a pas d'électricité, et tout le monde garde son manteau. « Nous ne voulons pas du régime d'Assad, nous voulons la liberté », chante la chorale Gardenia, d'une voix parfaitement juste.
« Tout le monde avait un peu peur quand nous avons commencé à répéter ces chansons. Nous n'arrivions pas à croire que nous les chantions vraiment », raconte Natalie Zayat, soprano de 22 ans. Les pensées se bousculaient dans sa tête : Est-ce que c'est autorisé de chanter ça ? Est-ce qu'il va nous arriver quelque chose ? Est-ce qu'on va se faire arrêter ?
Sa sœur, Carla Zayat, soprano de 19 ans, ajoute que chanter ces paroles à voix haute est très émouvant : « Il n'y a plus rien à craindre. C'est un sentiment complètement nouveau pour nous. Pour une fois, nous pouvons exprimer nous ressentons au lieu d'en avoir peur. »
La chorale expérimente actuellement la liberté d'expression, explique la chef de chœur Safana Bakleh. Le nouveau répertoire comprend des chansons liées à la révolution, telles que « Ya Yuma » de l'activiste et opposant Abdel Baset Al-Sarout, ainsi que des chansons qui transmettent des messages de paix, de liberté et de dignité.
Safana a décidé de ne pas attendre la réouverture des centres artistiques officiels, estimant qu'il est temps pour les musiciens et les artistes de revendiquer leur propre espace. « Nous voulons saisir cette opportunité maintenant. C'est maintenant ou jamais. »
Nathalie et Carla ont toutes deux du mal à envisager l'avenir. Elles sont encore traumatisées par leur enfance à Damas pendant la guerre. En même temps, avec le reste de la chorale, elles veulent symboliser la résilience et la force des femmes syriennes : « C'est un message que nous adressons aux femmes et aux filles du monde entier : « Vous n'avez besoin de personne d'autre, pas d'homme, vous pouvez y arriver toutes seules. » Ici en Syrie, nous avons traversé la guerre et tant d'épreuves, mais nous sommes capables de nous débrouiller seules et d'accomplir un tas de choses. »
Gardenia Choir, songs for freedom
In the basement of an apartment building in Damascus, twenty women sit in a circle under a fluorescent lamp. The rest of the room is dark, as there’s no electricity, so everyone keeps their coats on. “We don’t want the Assad regime; we want freedom,” the Gardenia choir sings, their voices in perfect pitch.
“Everyone was a little scared when we first started practicing these songs. We couldn’t believe we were actually singing them,” says 22-year-old soprano Natalie Zayat. Thoughts raced through her mind: Is it okay to sing this? Will something happen to us? Won’t we be arrested?
Her sister, 19-year-old soprano Carla Zayat, adds that it was emotional to sing these words out loud: "There is nothing to be afraid of anymore. That’s a completely new feeling for us. For once, we’re able to express our feelings instead of being scared of them.”
The choir is currently experimenting with freedom of expression, explains conductor Safana Bakleh. The new repertoire includes songs related to the revolution, such as “Ya Yuma" from the opposition activist Abdel Baset Al-Sarout, along with songs that convey messages of peace, freedom and dignity.
She decided not to wait for official art centers to reopen, believing it’s time for musicians and artists to claim their own space. “We want to seize this opportunity now. It’s now or never.”
Both Nathalie and Carla find it difficult to look ahead. They are still traumatized by growing up in a Damascus at war. At the same time, together with the rest of the choir, they want to symbolize the resilience and strength of Syrian women, says Nathalie. “This is a message from us to women and girls in the entire world: ‘You don’t need anyone else, no man, you can do it yourself.’ Especially here in Syria, we have been through war and so many hardships, but we are able to stand on our own feet and get things done.”